MXGP : Le débrief de Lombok 1

07/01/2024 12:05 PM

Le premier des deux MXGP d'Indonésie, à savoir celui de West Nusa Tenggara n'aura pas été des plus passionnants à suivre, il faut bien le reconnaître. La faute à des températures plutôt inhabituelles pour les Européens qui attendent toujours l'été, et à une piste sur laquelle personne n'a pris de plaisir ce weekend. Espérons qu'il en sera autrement le weekend prochain, quand bien même c'est le même tracé qui sera utilisé.

Pour la neuvième fois de son histoire, l'Indonésie accueille donc un Mondial cette année, et même deux de rang comme ce fut déjà le cas en 2018, 2019, 2022 et 2023. Mais c'est bien la première fois depuis les années Covid que l'on va disputer deux épreuves sur le même circuit !

Sauvé des eaux

A l'origine le calendrier prévoyait comme l'an passé un premier GP sur l'ile de Sumbawa, puis un second sur l'ile voisine de Lombok. La donne a changé voici quelques semaines, Sumbawa étant rayé du calendrier et le GP déplacé à Lombok pour des raisons qui n'ont pas été communiquées mais que l'on imagine financières. Car chaque déplacement oversea est partiellement financé par un organisme local, qu'il s'agisse d'un promoteur, d'une région ou d'un gouvernement et on s'est laissé dire que des élections ont été retardées dans cette province, bloquant du même coup la libération de crédits. Tout cela pour dire que Infront ne s'en met pas forcément « plein les fouilles » comme certains le pensent, d'autant que cette situation difficile a déjà été vécue en Argentine ou le nouveau président a coupé toute forme de subventions envers des manifestations sportives. Le MotoGP a donc annulé l'Argentine, alors que le MXGP a tenu à conserver au calendrier ces épreuves oversea et atteindre ce quota des 20 GP qui n'a été atteint qu'une fois en 2018.

Un GP qui voyage !

Au fil des années on a pas mal voyagé en Indonésie ou un GP n'a jamais eu lieu trois fois de suite au même endroit si l'on excepte Yogyakarta (sur l'île de Java) ou le 125 s'est produit à trois reprises (95-96-97) du temps ou la FIM gérait seule le mondial. Depuis on est allé une fois à Bandung (toujours sur l'ile de Java) en 97, puis quand le mondial a remis pied en Indonésie dix ans plus tard nous sommes allée deux fois à Pangkal Pinang (sur l'ile de Bangka) en 2017 et 2018, deux fois à Semarang (ile de Java) en 2018 et 2019, une fois à Palembang (ile de Sumatra) en 2019 et enfin deux fois à Sumbawa (ile de Sumbawa) en 2022 et 2023 et une fois à Lombok (ile de Lombok) l'an passé. Pourquoi tant de destinations différentes ? Tout simplement parce que ces villes, ces régions et ces îles ont besoin d'évènements de portée mondiale pour accroitre leur notoriété et espérer développer le tourisme. Et notons que de ce côté-là Lombok a fait fort en construisant une piste pour accueillir le MotoGP au sud de l'île ; depuis 2022 le circuit de Mandalika est l'une des étapes du MotoGP, l'épreuve étant programmée cette année du 27 au 29 Septembre.

L'Indonésie et le marché du deux roues

Si le motocross n'est pas vraiment développé en Indonésie, comme le confiait dans son interview Lionel Kerhoas notre Breton de Bali, l'Indonésie est un pays capital pour l'industrie du deux roues qui possède plusieurs usines dans le pays (à notre connaissance une pour Yamaha, une pour Piaggio, deux pour Suzuki et quatre pour Honda). Il s'est vendu en 2023 pas moins de 6,4 millions de deux roues sur le territoire Indonésien, le pays étant le quatrième plus peuplé au monde avec 280 millions d'habitants ! Bien sûr ce sont avant tout des scooters qui se vendent ici, la majorité des habitants n'ayant pas les moyens de s'offrir une voiture, mais ceci explique en partie le pourquoi de ces GP en Indonésie. Des GP qui chaque année ne voient qu'une vingtaine de pilotes s'aligner derrière la grille, ce n'est pas une nouveauté même si depuis l'an passé Infront a accru son aide aux teams non officiels en leur offrant 350 kilos de fret au lieu de 200. Et si cela n'a pas vraiment eu d'effet direct si l'on se fie aux chiffres seuls (en MX2 ils étaient 19 et 21 en 2019, 17 en 2022, 20 et 23 en 2023, 22 cette année et en MXGP ils étaient 22 et 21 en 2019, 19 en 2022, 19 et 18 en 2023, 18 cette année) on rappelle qu'il y a six blessés qui auraient été là en MXGP (Renaux, Febvre, Geerts, Jonass, Fernandez, Forato) et au moins deux en MX2 (Bénistant et Rossi) compte tenu de leurs statut officiel ou semi officiel.

De la boue par 32 degrés

Construit l'an passé sur le site de l'ancien aéroport, le tracé de Lombok ne tient pas la comparaison avec celui de Sumbawa qui présentait des dénivelés naturels. Non utilisé depuis l'an passé, Lombok a fait souffrir pilotes et techniciens, avec un fond très dur et bosselé sous une couche de terre poussiéreuse, sans compter les ornières. Beaucoup pour ne pas dire tous les pilotes ont eu du mal à trouver leurs marques, et histoire de pimenter un peu le truc il a fallu que les organisateurs arrosent comme des malades entre la première manche MXGP et les secondes manches, alors qu'il n'y avait pas un brin de poussière. A croire que le message de Jeffrey Herlings sur la préparation des pistes et la sécurité des pilotes n'a pas été entendu, mais il est vrai qu'on n'avait pas encore eu de boue cette année…. Tout cela reste incompréhensible et anormal, Infront payant des professionnels pour s'occuper de la préparation et de la maintenance des pistes. Ou étaient ces professionnels pendant que les employés à l'arrosage, qui pour la plupart n'avaient sans doute jamais vu un motocross de leur vie, déversaient de l'eau en veux-tu en voilà ? Du coup la manche MX2 s'est déroulée sur une piste plus que détrempée, et le MXGP a eu les restes, parlez-en donc à Herlings ou Gajser. Espérons que des leçons seront tirées de ce couac qui ne fait pas vraiment de bien à la discipline….