Essai Renault Rafale E-Tech 200 : le losange sort ses griffes !

Présenté en juin 2023 lors du salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget, le Renault Rafale se positionne à la fois en déclinaison fastback de l’Austral, mais également en tant que fer de lance de la gamme SUV du constructeur au losange. Il est aussi, excusez du peu, le premier modèle Renault à bénéficier de la patte du designer Gilles Vidal, alors encore tout récemment débauché du groupe Stellantis. De quoi enterrer Peugeot et ses SUV à succès pour de bon ? Le ton est donné.

Renault la joue full SUV

Depuis la récente présentation du Symbioz, Renault dispose de pas moins de 8 SUV au sein de sa gamme composée quant à elle de 14 véhicules (incluant la future 4 E-Tech 100% électrique). Captur, Mégane E-Tech, Symbioz, Arkana, Scenic E-Tech, Austral, Espace, et désormais Rafale, qui semble désormais constituer le haut de gamme du constructeur français. Dévoilé tout d’abord en version full hybrid E-tech 200 (notre version d’essai), une version hybride rechargeable de 300 ch vient l’épauler depuis cet automne 2024. Les deux motorisations font appel à la même base thermique, un 3 cylindres essence 1.2 L turbocompressé (nom de code HR12) accouplé à une boîte de vitesses automatique à crabots 7 rapports. La version E-Tech 200 associe cet ensemble à deux moteurs électriques et une batterie lithium-ion 400V de 2kWh. Un petit moteur électrique secondaire (façon micro-hybridation) est intégré au bloc thermique pour faciliter les redémarrages et optimiser les changements de rapport. Malgré l’avalanche de technologie, cette version promet un 0 à 100 km/h en seulement 8,9 secondes et une vitesse maximale de 180 km/h, pas trop en phase avec un tarif haut de gamme. La version hybride rechargeable à transmission intégrale promet quant à elle 300 ch et un 0 à 100 km/h en 6,4 secondes, plus en phase avec ses ambitions. 

3 finitions sont disponibles : Techno (uniquement en E-Tech 200), Esprit Alpine et Atelier Alpine (uniquement en E-Tech 4×4 300). Les prix démarrent à 45 000 € pour un E-Tech 200 Techno et grimpent jusqu’à 59 000 € pour un E-Tech 4×4 300 Atelier Alpine, hors options bien évidemment. Une fois quelques équipement choisis, on tutoie les 65 000 €.  Notre version d’essai, exempte de malus CO2 pour 2024, s’affichait quant à elle à 57 200 €.

Le coup de griffe

Impossible de passer à côté, le Renault Rafale fait au premier coup d’oeil penser à le fruit d’une production de la marque au lion. L’arrivée de Gilles Vidal en 2020 n’y est évidemment pas étrangère, le Rafale étant ainsi le premier modèle Renault issu de son travail ainsi que celui de ses équipes. Une fois que l’on fait fi de la filiation stylistique, on peut s’attarder sur les lignes tranchantes de ce SUV Coupé. Les phares sont positionnés à la limite supérieure du bouclier et du capot et sont secondés de deux optiques secondaires verticales, en forme de chevrons. Au revoir la fameuse signature lumineuse en C adoptée par la marque depuis 2015. Le losange principal se détache de la calandre qui arbore d’innombrables formes éponymes en noir piano, sur fond bleu Alpine, spécifique à notre finition. 

Le profil est particulièrement musclé avec un flanc très marqué sur les zones inférieures des portières. Les jupes et contours d’ailes noir brillant tranchent avec l’aspect mat de la couleur optionnelle Blanc Satin de notre modèle d’essai (facturée 1600 € en option quelle que soit la finition). Les jantes de 20 pouces sont agréables à l’oeil et on remarque sur l’aile avant le fameux A fléché. Quant à la silhouette, peu d’originalité, on reste du SUV coupé typique avec une lunette arrière plongeante et une surface vitrée réduite sur l’ensemble du véhicule pour accentuer la robustesse visuelle de l’engin.

À l’arrière, le Renault Rafale ne cache pas son nom bien au contraire, il l’affiche très fièrement en plein centre du hayon, à ouverture/fermeture électrique évidemment. Les feux arrières translucides une fois éteints sont assez fins et leur design travaillé permet d’échapper à la mode du bandeau lumineux, c’est assez rare en 2024 pour le souligner. 

À l’intérieur, c’est la Renaulution !

Dévoilé en janvier 2021, la fameux plan stratégique du PDG Luca de Meo avait pour ambition de restaurer durablement la rentabilité du groupe Renault via le premier pan “Résurrection” du plan. Après la “Rénovation”, lee troisième volet “Révolution” est désormais entamé avec parmi ses piliers, une nette montée en gamme, passant notamment par une amélioration sensible de la qualité perçue. Avec la marque “Cupra” comme benchmark récent, le dirigeant italien avait forcément d’excellentes références en tête, et cela se voit à l’intérieur du Renault Rafale. 

Le tableau de bord et l’écran d’info-divertissement forment un seul ensemble, appelé “L-shape”, inauguré sur la Mégane E-Tech. Le volant 3 branches au style aérien arbore deux méplats façon Peugeot (ou Audi) et mêle admirablement le mélange des matières, cuir et cuir retourné. On notera que la commande de boîte a migré sur le moyeu du volant, au dessus du commodo droit, pour un total de 3 commodos de ce côté, en comptant celui permettant d’accéder aux commandes du système audio. Les inspirations de l’aéronautique ne s’arrêtent pas là : les boutons sous l’écran central parfaitement alignés et la poignée massive coulissante recouvrant l’espace de rangement situé au niveau du tunnel de servitude reprennent également les codes aériens. On observe un plaquage en bois, un peu seul au milieu de toute cette modernité, face au passager entre les deux étages de la planche de bord. Les sièges à la finition cuir/alcantara arborent un logo Alpine qui change de couleur selon l’ambiance lumineuse sélectionnée. Quelques rappels bleus prennent place sur les surpiqures, sur les tapis de sol ainsi que dans les moquettes disposées dans les bacs de portière, un détail pour certain, une marque de produit premium pour d’autres. 

L’info-divertissement repose sur l’OS Google Automotive, comme le reste de la gamme. Il est évidemment compatible Apple CarPlay et Androïd Auto et s’avère plutôt fluide dans la navigation et changements d’affichages, avec des rappels menus sur une barre fixe en haut. De même que sur le Dacia Duster essayé au début de l’été, un bouton spécifique situé à gauche du volant permet via deux pressions à la suite de sélectionner votre profil conducteur pré-enregistré, que les employés du parc presse avaient configuré en désactivant l’alerte survitesse et l’assistance au maintien dans la voie, une attention généralement bien accueillie par l’ensemble des essayeurs. 

À bord du Renault Rafale, la qualité “perçue” n’est pas un mot vain. En s’attardant sur les finitions et les ajustements, peu de critiques peuvent surgir. Les matières ont été soigneusement sélectionnées et l’assemblage parfaitement réalité. Me rendant à un événement familial à bord du dit Rafale, nombre ont été les commentaires élogieux à son égard à la découverte de tels progrès. Chapeau Renault.

“Les voitures à vivre”, un slogan que Renault remet sur le devant de la scène depuis quelques mois maintenant, et qui s’applique parfaitement à l’habitabilité du Rafale, exemplaire. 4 adultes de plus d’1m80 prenant place à bord sans soucis, et ce pour voyager longtemps (testé et approuvé après plus de 900 km réalisés ainsi). Si la banquette arrière ne dispose pas de 3 sièges indépendants (véritable rareté sur le marché auto en 2024), la place centrale malgré une certaine fermeté d’assise reste d’une largeur étonnante et surtout, n’est pas dérangée par un quelconque tunnel de transmission, le plancher étant quasiment plat aux places arrières. Enfin, le coffre de 530 L dispose d’un volume généreux compte-tenu de la silhouette de l’engin. Un Mercedes GLC Coupé aux dimensions similaires lui rend 30 litres à titre d’exemple.

Esprit Alpine, es-tu là ?

Au volant, la maitrise presque parfaite des transitions thermique/électrique saute aux yeux et démontre une nouvelle fois les efforts du losange pour proposer des produits aboutis. Avec la batterie chargée au moins de moitié (vérifiable via une icône dédiée en bas à droite du tableau de bord), le Rafale peut rouler en 100% électrique durant quelques instants, même bien au delà de 100 km/h et ce malgré une pression moyenne sur la pédale de droite, chose rare sur un produit du groupe Toyota, pourtant expert en la matière. Les résultats parlent d’eux-même avec une consommation moyenne sur plus de 1200 km d’essai à hauteur de 5,7 L / 100 km, dont pourtant 900 km réalisés sur voie rapide avec 4 personnes à bord. Les 4,7 à 5.0 L annoncés par Renault semblent donc tout à fait envisageables en cycle mixte, même sur notre modèle d’essai qui avoisine les 1,7 T à vide. Le Rafale permet ainsi une fois le plein fait, d’afficher une autonomie de plus de 1000 km (constatés en réel), un petit plaisir que je ne m’étais pas offert depuis des années !

Le comportement routier est lui aussi exemplaire, notamment grâce aux 4 roues directrices dont dispose notre modèle “Esprit Alpine”. Cette technologie éprouvée depuis de nombreuses années par le constructeur français prend ici tout son sens pour permettre à ce SUV d’un gabarit et poids certains de disposer d’une gestion châssis en roulage dynamique tout à fait exemplaire. De même, cet équipement bénéficie également à la maniabilité en centre urbain avec un diamètre de braquage réduit (10,4 m, comparable à celui d’une Clio). D’autre part, la largeur des pneumatiques (en 245 à l’avant et à l’arrière) confère au Rafale une stabilité étonnante à haute vitesse, sur voie rapide et autoroute. 

Là où le bas blesse, c’est du côté de la motorisation, largement sous-dimensionnée au regard des capacités châssis du Rafale, et c’est assez frustrant. Si l’ensemble reste plutôt silencieux et doux en usage standard, les fortes accélérations en sortie de péage, ou lors de dépassements sur route départementale, ou encore lors de parcours de montagne laissent apparaitre un certain caractère poussif de l’ensemble. Pire encore, la gestion de la boîte est complètement à la ramasse avec des temps de passage longs comme un jour sans pain, y compris avec le pied au plancher, et même avec le mode sport enclenché. Une sacrée déception sur ce plan qui sera je l’espère, corrigée sur la version E-Tech 4×4 300. Le doute reste de mise car si les performances semblent sur la papier bien meilleur, le moteur thermique et la boîte de vitesses sont quant à eux, identiques entre les deux motorisations. 

Presque emballé 

Si le Renault Rafale marque selon moi une petite révolution chez le constructeur au losange sur bien des aspects, la déclinaison E-Tech 200 gâche quelque peu la copie en retombant dans les faiblesse rencontrées régulièrement sur les productions françaises haut de gamme : un look tapageur, des prestations premium, une habitabilité de mise mais un groupe motopropulseur en retrait. Toutefois, les chiffres de consommation exemplaires participent grandement à illuminer ce bilan, finalement très positif. Le Rafale est définitivement une Renault avec laquelle je me verrais bien emmener ma future petite famille. 

Quelques chiffres

Dimensions : 4710x1866x1613
Poids à vide : 1660 kg
Volume coffre :  530 L
Volume réservoir : 55 L 
Consommation mixte annoncée (WLTP) :   4,7 – 5,0 L/100 kms 
Rejet CO2 moyen annoncé (WLTP) : 105-113 gCO2/km
Cylindrée : 1199 cc
Puissance max : 200 ch au régime de 4500 trs/min
Couple max : 205 Nm à 1750 trs/min
Vitesse max : 180 km/h
0 à 100 km/h : 8.9 sec

Crédits Photos : Maurice Cernay

L'article Essai Renault Rafale E-Tech 200 : le losange sort ses griffes ! est apparu en premier sur BlogAutomobile.

×