
,MotoGP 2025 Thaïlande : Le beau, l'abrupt et le truand
Aujourd'hui à 04:14 AM
Marc Marquez bien sûr, who else ? Il n'est pas le premier à s'offrir la totale essais libres/Pole/Sprint/GP en revanche c'est la première fois depuis 2014 qu'il est en tête du mondial dès la première épreuve de la saison. C'est loin 2014 mais ça a été un ouragan, 10 victoires d'affilée sur les dix premiers GP, plus encore trois sur le reste de la saison, sur 18 GP en tout. Le tout par une chaleur écrasante, une vraie fournaise. Bagnaia quii a roulé derrière les deux frères Marquez dit avoir eu des ampoules aux mains à cause de la sueur ! C'est un vrai tunnel de chaleur extrême qui entoure ces foutues motos à anti-effet de sol. Marquez partant devant est un peu au frais mais justement du coup son pneu avant perd la pression maximale, il essaie de la faire monter en tirant sur les freins, ça ne suffit pas. Il prend alors la décision de laisser passer son frère Alex pour pénétrer son tunnel de chaleur et refaire monter la pression de son pneu avant. Bilan souffrance obligatoire et risque de voir remonter Bagnaia, Alex est moins rapide que son frère Marc. Mais quand Bagnaia remonte à moins d'une demie seconde, Alex parvient à remettre du gaz, le duo fait un boulot de folie. Qui commence au septième tour, Marc ralentit, tourne la tête pour voir si son frolo arrive, pour vérifier aussi si un Bagnaia opportuniste n'en profite pas... Il suit Alex de près jusqu'à trois tours de l'arrivée où bien sûr il passe et prend tout de suite deux secondes d'avance. Mais il a souffert le diable, il n'a plus l'âge de la meute qui lui donne la chasse. Sur le podium, on voit saillir tous les muscles du visage et du cou, il a pris cher le héros. Puis il tombe dans les bras de son frère et de son père Julià (on prononce « roulià » avec R dur et accent tonique sur lià...). Sport inhumain, sport de héros et de mecs pas faits comme nous, les instants de pur bonheur sont rares...
C'est génial d'être le frère d'un champion du monde qui partage tous vos bons moments. Et vos passions hors de la moto. C'est encore plus génial de pouvoir rouler avec lui en GP, d'avoir quasiment la même moto que lui et surtout de faire des chronos pas loin du héros de la famille. En sprint Bagnaia a tenté de le passer au départ, ça a duré cent mètres. Un Alex en forme, qui n'a jamais gagné un GP en MotoGP qui repasse Bagnaia sans coup férir. Faut pas énerver Alex... Balaize le mec et abrupt... Jamais Bagnaia n'aura la moindre occasion d'aller lui piquer sa deuxième place durant le sprint. Forcer un mec deux fois champion du monde à baisser la garde, c'est fort, c'est abrupt. En plus il joue le garde du corps du frangin. Le lendemain rebelote ! Bagnaia part deux devant Alex et ça dure un peu plus longtemps, cette fois Alex fait un coup double, il passe deux pilotes et se retrouve derrière son frère. Qui envoie superbement, mais s'aperçoit à la lecture de son tableau de bord que la pression avant n'est plus légale. Alex met un poil de temps à le dépasser, Marc a perdu quasiment une seconde et demie sur ce coup. A l'arrivée Alex confiera avoir cru un instant que... Il s'aperçoit vite que derrière lui Marc a repris la vitesse, ce n'était donc pas un pépin. Et là, re-abrupt ! Il va faire le lièvre et le faire bien. Marc le suit de très près pour se manger un max de chaleur diffuse, quand Bagnaia remonte il remet du gaz et le duo termine comme on le sait. Le lièvre. Une figure incontournable de tous les records en athlétisme, parfois involontaire d'ailleurs mais quand on accepte de tirer un champion qui bat un record du monde, c'est un boulot magnifique. Au soir thaï, Alex est deuxième au classement général du mondial. C'est au-delà du mérité. En fin de saison, son frère lui laissera peut-être une victoire si le cas se représente. A Valence? Mon titre est prêt!
Truand dans le bon sens du terme, celui qui nous épate alors qu'on s'y attendait peu. Ogura est champion du monde Moto2 en 2024, il ne pilote en MotoGP que depuis cette saison. Et un rookie, on a plus tendance à l'encourager, parfois à être un peu indulgent lors de ses débuts. Parfois on sent le prodige arriver, ce qui a été le cas d'Acosta mais la première victoire arrive moins vite que prévu. Pour Ogura il faut imaginer qu'en plus chez Aprilia on est dévasté par l'accident très précoce de Martin, qui a du faire deux tours sur sa moto cette année. ¨Pas le cœur à rire. En plus le team Trackhouse, fût il américain, fût il aux couleurs Gulf qui font frémir les amoureux des beaux sports mécaniques, est un satellite, normalement les motos ne sont pas aussi pointues qu'en team factory. Et les bons pilotes sont en factory... Mais Ogura, lui, fait une qualif somptueuse, cinquième temps, je me répète c'est sa première qualif en MotoGP... En sprint il part super bien, derrière Bagnaia, il est quatre et... truc incroyable il copie ce que fait Bag' devant lui, les trajos, les freinages, les coups de gaz, l'Aprilia 2025 semble bien née elle supporte le rythme. Mais en fait il s'amuse Ogura, sauf qu'il sent peu à peu les pneus se transformer en pelote de laine mohair, mais il suit le rythme de Bagnaia ! Et termine quatre ! Le lendemain en GP, alors qu'on lui a dit que ce serait plus costaud, super départ encore, il est cinq aux damiers. Sept secondes derrière Marquez et sept secondes devant Bezzecchi, son pilote d'usine. Bon, il y avait un secret, qu'il donnera après l'arrivée. La chaleur ! Là où tout le monde souffre l'enfer, lui qui a beaucoup roulé en Asie se sent comme un gardon dans la rivière, aucune souffrance physique. Cela dit aux essais officiels sur ce même circuit il avait terminé avec le onzième temps mais il dit que c'est différent quand tu es tout seul ou à plusieurs. En course, c'est beaucoup plus rigolo. La dernière fois que j'ai entendu quelque chose comme ça, c'était Rossi qui parlait. Truand génial Ogura...