
Climat social tendu chez Tesla en Allemagne : les syndicats dénoncent des pratiques "inhumaines"

Aujourd'hui à 05:30 AM
Le climat social au sein de la gigafactory de Tesla, située au sud de Berlin, se détériore considérablement, selon les récentes dénonciations du syndicat IG Metall.
L'organisation syndicale accuse l'entreprise dirigée par Elon Musk d'adopter des pratiques abusives à l'encontre des salariés en arrêt maladie.
Remise en cause des certificats médicaux et pressions financières
Selon IG Metall, Tesla remettrait fréquemment en question, de manière rétroactive, les certificats médicaux fournis par les employés. L'entreprise exigerait alors de ces derniers la divulgation de diagnostics médicaux et la levée du secret médical. De telles pratiques mettent les salariés sous une pression considérable, affirme le syndicat dans un communiqué.
Par ailleurs, Tesla serait coupable de retenues sur salaire excessives, dépassant les seuils légaux de saisie. Les employés se verraient ainsi confrontés à des dettes artificielles résultant d’une prétendue "sur-rémunération". Face à cette situation, certains travailleurs seraient poussés à signer une rupture conventionnelle sans bénéficier du délai de réflexion requis par la loi.
Un recours à la protection juridique en forte hausse
La Gigafactory berlinoise emploie plus de 11 000 personnes. Selon IG Metall, les salariés y ont recours à une protection juridique environ 21 fois plus souvent que la moyenne nationale, preuve du climat de tension qui règne dans l’usine. Un porte-parole du syndicat a confirmé que les contentieux étaient "nombreux", sans toutefois en préciser le nombre exact.
Tesla, de son côté, minimise ces accusations. Citée par le tabloïd Bild, la direction évoque une "douzaine de cas par mois" et qualifie les déclarations syndicales de "déformation délibérée de la réalité". Sollicitée par l’AFP, l’entreprise n’a pas donné suite aux demandes de commentaires.
Une politique de contrôle controversée
L’absentéisme élevé à l’usine Tesla, qui a atteint jusqu’à 17 %, a conduit la direction à mettre en place des mesures de contrôle strictes. Parmi celles-ci, l’envoi d’équipes rendant visite aux salariés malades à leur domicile sans préavis. Bien que largement critiquée, cette "patrouille maladie" aurait contribué à réduire le taux d’absentéisme à 9 %, selon un responsable de Tesla en Allemagne cité par Handelsblatt en décembre dernier.
Dirk Schulze, responsable régional d’IG Metall, condamne fermement ces méthodes, les qualifiant de "peu sérieuses, inhumaines et contre-productives". "On ne lutte pas contre un absentéisme élevé en mettant la pression sur les employés, mais en améliorant les conditions de travail", souligne-t-il.
Un contexte difficile pour Tesla en Allemagne
Ce climat social délétère survient alors que Tesla connaît un recul sur le marché automobile allemand. Malgré une hausse globale des immatriculations de véhicules électriques, l’entreprise a perdu du terrain depuis janvier.
Par ailleurs, Elon Musk est sous le feu des critiques en Allemagne en raison de son soutien au parti d’extrême droite AfD lors des récentes élections législatives. Ce contexte tendu a pris une tournure inquiétante avec l’incendie volontaire de quatre voitures Tesla à Berlin dans la nuit de jeudi à vendredi. La police n’exclut pas un "motif politique" derrière cet acte de vandalisme.