Comment Tesla pourrait gagner 1 milliard de dollars sans vendre la moindre voiture ?
Hier à 02:00 PM
Tesla pourrait recevoir plus d'un milliard d'euros en compensation des constructeurs automobiles européens. Cette pratique permet à des entreprises comme Toyota, Stellantis, et Ford de se conformer aux règlements stricts de l'UE sur les émissions de CO2, en s'appuyant sur la flotte de véhicules 100% électriques de Tesla.
Acheter des crédits pour avoir le droit de polluer
Tesla se trouve à une intersection en Europe, où les règlements écologiques plus stricts mettent en difficulté les constructeurs automobiles traditionnels. Cette année, Tesla pourrait encaisser plus d'un milliard de dollars de la part de ses rivaux européens, notamment Toyota, Stellantis, et Ford, grâce à un mécanisme de compensation des émissions de CO2 mis en place par l'Union européenne, rapporte Bloomberg.
Le principe est simple : les constructeurs qui peinent à respecter les normes écologiques peuvent s'associer à Tesla pour bénéficier de ses excédents de crédits carbone. En regroupant leurs flottes de véhicules avec celles de Tesla, ils parviennent à réduire leur moyenne d'émissions et évitent ainsi les amendes. Ce processus, bien que curieux et critiquable, représente une bouée de sauvetage pour de nombreux constructeurs face à des objectifs environnementaux difficiles à atteindre.
Le rapport rédigé par les analystes d'UBS Group AG, menés par Patrick Hummel, indique que la compensation de Tesla pourrait dépasser le milliard d'euros. Parallèlement, Volvo, en partenariat avec Mercedes-Benz, pourrait aussi récolter jusqu'à 300 millions d'euros cette année, selon les estimations de Hummel.
Face aux nouveaux enjeux, les constructeurs européens redoublent d'efforts pour s'aligner sur les exigences environnementales. La stagnation des ventes de voitures rechargeables, exacerbée par la suppression progressive des subventions dans certains pays comme l'Allemagne, n'a fait qu'amplifier le phénomène. Pour nombre d'entre eux, s'associer à des entreprises comme Tesla ou la chinoise BYD devient une option nécessaire, bien que controversée, afin d'éviter des sanctions financières.
Renault et Volkswagen risquent de souffrir
Cette situation suscite beaucoup de réactions tant qu'elle est absurde. Jens Gieseke, un législateur de centre-droit au Parlement européen, a exprimé des réserves sur cette pratique, estimant qu'elle oblige les marques européennes à choisir entre investir dans des solutions écologiques ou envoyer de l'argent à des concurrents étrangers. "Ce n'est pas la meilleure approche", a-t-il déclaré. L'Europe a véritablement construit un fardeau qui affaiblit considérablement la position de ses constructeurs.
Parmi les surprises de cette année, la collaboration de Stellantis avec Tesla. Sous la direction de Carlos Tavares, l'entreprise avait affirmé son intention de se conformer aux règles européennes de manière indépendante. Eh bien, force est de constater que ce n'est pas le cas, car Stellantis a frappé à la porte de Tesla pour baisser la pression.
Dernier point à noter, Volkswagen et Renault doivent combler un écart significatif entre leurs ventes de l'année dernière et les objectifs d'émissions fixés pour 2025. UBS prévoit que celà pourrait forcer ces deux marques à vendre davantage de véhicules électriques, réduisant ainsi leurs marges bénéficiaires et entraînant un risque de baisse d'environ 10 % de leurs profits avant intérêts et impôts cette année. Renault, de son côté, a critiqué les règlements européens, affirmant qu'ils forcent les fabricants à prendre des décisions "contre-productives". L'entreprise estime que ces règles affaiblissent l'industrie européenne, rendant difficile de prédire si elle choisit de s'associer à des concurrents dans ce contexte.