Essai Porsche Macan Turbo 2024 électrique : force tranquille

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Lourde tâche que de renouveler un best-seller. Même chez Porsche : lancé en 2014, le Macan s’est écoulé, en presque dix ans, à 844 236 exemplaires. Sept années sur dix, il a été la meilleure vente du constructeur allemand au niveau mondial. Un succès aussi perçu en France, puisque le Porsche Macan représentait jusqu’à 2 500 ventes annuelles, soit près de la moitié des immatriculations totales de Porsche sur le territoire.

Sauf que les choses se sont envenimées, du moins dans notre pays. En 2023, le Macan ne s’est vendu, chez nous, qu’à 250 unités (en comptant Monaco). La raison : un malus écologique équivalent au prix de la voiture ; le Macan ne disposant d’aucune hybridation. L’arrivée du nouveau Macan, 100 % électrique, ravira donc probablement les concessionnaires français.

Bien qu’il arrive dans un contexte moins favorable aux véhicules électriques qu’il y a encore quelques mois, le Porsche Macan 2024 semble, en tout cas, disposer de pas mal d’arguments.

Notre essai du Porsche Macan Turbo 2024 en vidéo

Essai Porsche Macan Turbo 2024 : faire Porsche, à tout prix

Imaginez-vous à la place des hommes et des femmes du marketing Porsche : si cela fait plus de 20 ans que la firme de Stuttgart fabrique des SUV, son image demeure associée à celle de la 911. Ainsi, travailler la communication autour d’un SUV, de surcroît électrique, n’a sûrement rien de naturel.

Apparaît donc la nécessité de le raccrocher à l’histoire de la marque. Le narratif de Porsche est alors tout prêt : capot plat et ailes galbées à l’avant, bandeau lumineux à l’arrière… oui, le Porsche Macan 2024 cultive un certain nombre de gimmicks propres au constructeur. Néanmoins, il n’a rien à voir esthétiquement (mais aussi techniquement, nous le verrons) avec le modèle qu’il remplace.

« Notre » Porsche Macan 2024 arborait un Vert Aventurine. Une teinte qui n’a pourtant rien d’osée, même si elle lui va bien ! Treize couleurs standards, en tout, sont proposées, auxquelles s’ajoutent 59 coloris spéciaux. Huit couleurs d’intérieur et huit types de jantes sont disponibles.

Des airs de Taycan, version SUV

Alors que le premier Macan possédait une ressemblance, même relative, avec la 911, le second s’inspire de la Taycan. Un choix qui paraît cohérent, puisque la Taycan, comme ce nouveau Macan, est électrique. Ses optiques, plutôt carrées, évoquent en effet la berline, avec une signature lumineuse en quatre « points ». Le Porsche Macan 2024 ajoute toutefois une spécificité, vu chez d’autres marques mais jamais chez Porsche : ses phares se dédoublent. C’est que nous appelons, dans le jargon, des « phares à double étage ».

Les premiers phares sont ceux visibles de jour. Ils intègrent la signature lumineuse annoncée précédemment. Les seconds, plus bas, correspondent aux feux de croisement et de route (un éclairage « Matrix LED » est d'ailleurs disponible en option).

Selon ses versions (propulsion, 4, 4S et Turbo), le Porsche Macan 2024 ajoute d’autres subtilités stylistiques. Les trois premières, indépendamment des monogrammes qu’elles arborent, sont identiques. La Turbo en revanche, que nous avons testée, donc, muscle son jeu. Cela se remarque – entre autres – au niveau du bouclier avant, qui intègre des espèces d’ailettes. A l’arrière, nous constaterons les fausses ouïes d’aération qui tentent de camoufler un bouclier, lui, réellement élargi par rapport aux autres versions.

Si le Porsche Macan 2024 est plus profilé que par le passé, ce n’est pas (que) pour se la jouer : cela profite aussi à l’aérodynamisme. D’une génération à l’autre, le Cx passe de 0,33 à 0,25. Joli !

Nous sommes restés très factuels, jusqu’à présent, mais reconnaissons que le Macan a fière allure. Il apparaît élancé (aidé par un hayon très incliné) et cache ainsi très bien sa longueur en hausse : + 6 centimètres (soit 4,78 mètres). Sa hauteur (1,63 mètre) et sa largeur (1,93 mètre) restent sensiblement les mêmes. Il ressemble davantage à une berline qu’auparavant. Peut-être que d’avoir vu « notre » Porsche Macan 2024 en version Turbo, avec ses jupes avant et arrière et sa suspension rabaissée, aide aussi !

L’empattement du Porsche Macan 2024 gagne 9 centimètres, pour ainsi s’établir à 2,89 mètres. Un bon point pour l’habitabilité.

Un intérieur ? Mieux : un cockpit

Un tour dans l’habitacle permet de constater, là encore, que l’ADN Porsche est disséminé un peu partout. A gauche du volant, tout d’abord, avec le bouton de démarrage toujours au même endroit. A droite, ensuite, avec une planche de bord toute en longueur.

La planche de bord du Porsche Macan Turbo 2024.

L’ère du digitale a quoi qu’il en soit fait son œuvre : l’instrumentation devant le conducteur est numérique, même si elle évoque les compteurs ronds d’antan. Un écran tactile trône – évidemment – au centre de la planche de bord. Surprise : un troisième écran rejoint même à la fête, côté passager. Il est payant, cependant. Et pas qu’un peu : 1 440 euros. Il permet notamment à la personne devant de visionner un film, sans que le conducteur ne puisse le voir (pour des raisons réglementaires et de sécurité).

Foncièrement, on s’y sent bien, dans ce Macan. Et nous ne disons pas cela simplement parce que c’est une Porsche ! Bien engoncés dans les sièges au très bon maintien, nous remarquons effectivement que toutes les commandes tombent sous la main et qu’il est par ailleurs facile de trouver « sa » position de conduite.

« Noir c’est noir », comme chantait le célèbre Jean-Philippe Smet (vous ne l’avez pas ?). Heureusement que le Porsche Macan Turbo 2024 propose d’autres ambiances intérieures… seule fantaisie de notre version d’essai, les touches de couleur cuivre, visibles notamment sur les contreportes / au niveau des poignées.

A l’intérieur toujours, la qualité des assemblages ne souffre aucunement la critique… à l’exception du panneau noir laqué (forcément, salissant) sous les aérateurs, qui regroupe des touches à retour « haptique » (fonctions de climatisation et de chauffage des sièges). Sur notre modèle d’essai du moins, dès que nous appuyions sur une touche, l’ensemble du panneau bougeait.

Un mot, enfin, sur le volume du coffre : 540 litres. Une donnée honnête, pour un SUV profilé coupé du segment D, sans être exceptionnelle. En revanche, elle est inférieure sur la version Turbo : 480 litres, car le caisson Bose (de série sur le Macan Turbo) empiète sur la contenance. Un coffre additionnel de 84 litres se trouve à l’avant.

Porsche Macan 2024 : une petite gamme, vouée à devenir grande

Avant de rentrer dans le vif du sujet, à savoir, nos impressions de conduite, marquons un arrêt sur la gamme du Porsche Macan 2024.

La marque allemande a l’habitude de faire vivre les gammes de ses voitures au fil des années. Toutes les versions ne sont ainsi pas disponibles d’un coup. C’est le cas aussi sur ce nouveau Macan, qui a d’abord été commercialisé en version 4 (pour quatre roues motrices) et Turbo avant de débarquer dans ses déclinaisons « normale » (propulsion) et 4S. Les deux premières mentionnées viennent tout juste d’arriver dans les showrooms Porsche, tandis que les secondes rejoindront les rangs en décembre.

Le Porsche Macan Turbo 2024 a un bouclier différent des autres versions.

Suivra, probablement, une déclinaison S. Et pourquoi pas, aussi, une version GTS… et peut-être plus encore ! Le Porsche Macan 2024 se conformera – sans doute – aux autres modèles Porsche. Auquel cas, il disposerait donc d’une gamme fournie. A noter, cela étant, que ces appellations (4, 4S, Turbo…) ne sont pas des finitions mais plutôt des indicateurs de puissance. Tous les Macan ont effectivement le même niveau d’équipement initial, à quelques exceptions marginales.

Les options portent sur certaines aides à la conduite et technologies comme l’affichage tête haute ou les quatre roues directrices. Notre version Turbo (en haut de la hiérarchie) profite de certaines coquetteries qui lui sont propres, pour affirmer son caractère sportif, comme un logo Porsche en noir et blanc, appelé « Turbonite ». Sans compter les jupes avant et arrière évoquées plus haut.

A quel(s) modèle(s) comparer le nouveau Porsche Macan 2024 ?

Parlons prix, à présent. Comptez :

  • 82 959 euros pour le Porsche Macan 2024 « normal » (340 ch) ;
  • 86 439 euros pour le Macan 4 (387 ch) ;
  • 93 091 euros pour le Macan 4S (448 ch) ;
  • 118 910 euros pour le Macan Turbo (584 ch). Le configurateur est par ICI.

Des tarifs élitistes, vous vous en doutiez, qu’il convient de mettre en perspective par rapport à la concurrence. Le nouveau Macan a tout d’abord un rival « quasi interne » : l’Audi Q6 e-Tron Sportback, avec lequel il partage ses soubassements. Nous pouvons comparer sa version de milieu de gamme, « Quattro », de 387 ch, au Macan 4. Quand le Porsche réclame un peu plus de 86 000 euros, le Q6 e-Tron Sportback demande… 85 850 euros. Autrement dit, le même prix ! Le SQ6, plus puissant (489 ch), se place sans surprise entre le Porsche Macan 4S et le Porsche Macan Turbo 2024 tant en termes de puissance que de tarifs (102 270 euros).

En face, un Tesla Model Y, la « star » des SUV électriques, coûte nettement moins cher, même dans sa version Performance de 450 ch (environ 62 000 euros actuellement). Mais il n’offre pas le même « pedigree ». En fait, aussi étonnant que cela puisse paraître, le Porsche Macan 2024 n’a pas vraiment de concurrent frontal (chez BMW et Mercedes, par exemple, les rivaux potentiels (X3, EQC) vont être renouvelés prochainement).

Nous pouvons toutefois trouver des concurrents « atypiques » au modèle Porsche : le Maserati Grecale Folgore (550 ch), à partir de 122 900 euros (soit peu ou prou le même prix que le Macan Turbo) ou… la Ioniq 5 N et ses 609 ch affichés au tarif presque « cadeau » (tout est relatif, hein !) de 78 000 euros.

Un Macan bon élève

En dépit des velléités sportives des modèles précités, l’un des arguments au moment de choisir peut aussi être l’autonomie (même si nous le répéterons, l’aspect recharge importe plus que l’autonomie en soi). Sur ce point, le Porsche Macan 2024 est bon. 641 km d’autonomie (cycle mixte, WLTP) pour le Macan propulsion, 613 km pour le Macan 4, 606 km pour le Macan 4S et 590 pour le Macan Turbo.

Grâce à sa plateforme inédite (partagée, donc, avec l’Audi Q6 e-Tron), dédiée à l’électrique et couplée à une architecture 800V, il se recharge vite (10 à 80 % d’autonomie récupérés en 21 minutes) et peut endosser jusqu'à 270 kW de puissance. Bien-sûr, le Porsche Macan 2024 peut aussi se recharger en courant alternatif (AC), en 11 kW (bientôt, aussi, en 22 kW).

Porsche affirme avoir réussi, sur ce véhicule, à maintenir un « plateau » de puissance de recharge le plus longtemps possible. Malheureusement, nous n’avons pas pu le vérifier ; notre essai ayant été relativement court et n’ayant pas nécessité de nous recharger.

Si ces données, bonnes, ne sont pas pour autant exceptionnelles, elles confirment que le nouveau Macan est bien à la page, malgré un développement qui a connu quelques chamboulements et décalé son lancement de plusieurs (longs) mois. C’est déjà pas mal, dans un monde de l’électrique où tout va très vite et où certains modèles, pourtant nouveaux, peuvent décevoir par leurs caractéristiques techniques.

Essai Porsche Macan Turbo 2024 : gentleman driver

Le Porsche Macan Turbo 2024 développe 584 ch, et même 639 ch avec la fonction overboost (un surplus de puissance, disponible au démarrage, si vous activez le launch control). Beaucoup d’anglicismes pour dire que le Macan Turbo est très, très puissant et qu’il délivre, en plus, un couple camionesque (1 150 Nm).

Le 0 à 100 km/h est expédié en 3,3 secondes (quand un « vulgaire » Porsche Macan électrique propulsion nécessite 5,7 secondes). Pour avoir conduit ce Macan Turbo, nous voulons bien croire Porsche ! Évidemment, le véhicule est capable de reprises et d’accélérations tonitruantes. Évidemment, sa puissance ne fait aucun doute quand vous êtes à son volant, malgré son poids (2 405 kg à vide). Néanmoins… cette débauche de chevaux n’est pas difficile à maîtriser, en conditions normales s’entend.

Contrairement à certaines voitures électriques, où une simple pression sur la pédale d’accélérateur vous colle au siège (grisant au début, fatiguant à la longue : cela donne l’impression d’une conduite par à-coups), le Porsche Macan Turbo 2024 délivre sa puissance de manière plus linéaire. L’excellente insonorisation (c’est simple : les bruits de roulement ne sont quasiment pas perceptibles, même sur autoroute) contribue à cette sensation.

Un A-GNEAU… mais le loup n’est pas loin

N’allez toutefois pas croire que le Porsche Macan Turbo 2024 manque d’énergie. Tournez la molette en bas à droite du volant, et vous verrez. Les modes « Sport » et « Sport Plus » le rendent bien moins fréquentable. Si vous « appuyez à fond » sur la pédale de droite, il y a de fortes chances pour que vous soyez collé au siège. Et auquel cas, il est recommandé de bien garder les deux mains sur le volant. Non pas que « notre » Porsche Macan Turbo 2024 manque de motricité, mais il n’empêche que 600 ch… restent 600 ch, d’autant plus sur route humide comme dans notre cas.

En mode « Sport Plus » toujours, la réponse de l’accélérateur se fait aussi plus franche, tandis qu’un son artificiel, diffusé dans l’habitacle, vit au rythme de vos accélérations. Histoire de vous donner envie… Étonnamment, si nous trouvons généralement ce genre de sons marrant deux minutes, mais vite agaçant, ici, il est bien fait, car justement, il n’en fait pas trop.

Finalement, le nouveau Macan Turbo démontre une réelle sportivité (bien qu’en dépit des éléments évoqués dans notre précédent paragraphe, les modes « Sport » et « Sport Plus » n’offrent pas de différences majeures) tout en faisant preuve, en conduite normale, d’une docilité étonnante. Mais attention, conduite normale ou pas, il est ferme !

La sensation d’être dans une berline

Pour sûr, on « sent la route », au volant du Porsche Macan Turbo 2024. Car s’il mesure – quand même – 1,63 mètre de haut, son centre de gravité, quant à lui, est placé assez bas (véhicule électrique oblige). De fait, les sensations de conduite sont renforcées, de surcroît lorsqu’on constate que la position de conduite est également plutôt basse (plus haute que dans une berline traditionnelle – ou même, bien-sûr, que dans une 911, mais quand même plus basse que dans un SUV « classique »).

Le Porsche Macan Turbo 2024 dispose de deux moteurs. L’un à l’avant, l’autre à l’arrière.

La direction est ferme et ultra-précise, tandis que la voiture est évidemment collée à la route. Parmi les autres bons points, nous noterons l’efficacité des quatre roues directrices, qui donneraient presque l’impression de conduire une Renault Clio. Dommage, en revanche, que celles-ci soient en option.

Dommage également, le Porsche Macan se passe de freinage régénératif. Les ingénieurs Porsche ont effectivement estimé que le gain en énergie obtenu par cette solution n’était pas suffisamment probant pour l’installer dans le véhicule. Pas de conduite « à une seule pédale », donc, comme dans beaucoup de voitures électriques… une manière de faire qui a toutefois ses adeptes comme ses détracteurs.

Nous noterons, enfin, que le sélecteur de vitesses (ou plutôt, de marche avant ou arrière) est à droite du volant, sur la planche de bord. Un emplacement pas si habituel encore (du moins en Europe). Ce sélecteur a surtout la particularité d’être… assez dur, si bien qu’il faut « vraiment » appuyer dessus pour engager le rapport, alors qu’habituellement, une petite « pichenette » suffit ! Un ressenti anecdotique puisque nous finissons – naturellement – par nous y faire.

Notre léger sourire était presque perceptible, au début de l’article, lorsque nous soulignions que le Porsche Macan 2024 faisait tout pour « faire Porsche ». Mais force est de reconnaître que… c’est réussi. Indépendamment du style, il offre un feeling de conduite que vous ne retrouverez dans aucun autre SUV.

Ce qui est d’autant plus appréciable, c’est que le Porsche Macan Turbo 2024, le plus sportif, sait se montrer civilisé et polyvalent au quotidien. Même les prix, évidemment inabordables pour la plupart d’entre nous, ne sont pasnon plus « hors sol » pour un tel modèle.

En définitive, il est probable que le nouveau Macan, 100 % électrique, rencontre un joli succès. De là à faire aussi bien que la génération précédente, nous émettons toutefois des doutes, liés notamment au contexte actuel un brin moins favorable aux véhicules électriques.Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que Porsche maintienne plus longtemps que prévu le Macan thermique… en le faisant évoluer techniquement pour accueillir une hybridation ? Mystère, encore.

Photos : Adrien A

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