Hertz brade ses Tesla Model 3 à moins de 20 000 dollars
Aujourd'hui à 05:30 AM
Hertz s'était lancé dans une révolution verte en misant sur une flotte massive de véhicules électriques. Mais entre dépréciation rapide, coûts imprévus et baisse de la demande, ce pari a viré à la catastrophe. L'entreprise se retrouve contrainte de liquider ses voitures électriques, offrant des occasions à prix cassés tout en tentant de limiter les dégâts.
Quand le rêve électrique devient une impasse
C'était une idée prometteuse : des Tesla Model 3 rutilantes alignées sur les parkings de Hertz, prêtes à être louées par des clients séduits par une mobilité plus propre. En 2021, l'entreprise avait lancé une offensive, annonçant fièrement une commande historique de 100 000 véhicules électriques auprès de Tesla. Objectif : devenir le leader de la location verte tout en réduisant drastiquement ses coûts d'entretien. Avec une flotte électrique, finies les révisions coûteuses des moteurs thermiques : moins de pièces en mouvement signifiait moins de pannes. Une logique implacable… sur le papier. Pourtant, à peine trois ans plus tard, ce qui devait être un succès éclatant se transforme en une débâcle industrielle. Hertz, plombé par la dépréciation rapide de ses véhicules et des coûts d'exploitation bien plus élevés que prévu, se voit contraint de brader sa flotte électrique. Plus de 30 000 véhicules doivent être vendus avant la fin de l'année, dont des Tesla Model 3 et des Polestar. Sur le site de Hertz, des Model 3 d'occasion affichent désormais des prix défiant toute concurrence : moins de 20 000 dollars.
Cette braderie massive s'explique par un problème majeur : les valeurs résiduelles des Tesla, autrefois si élevées, se sont effondrées. En cause, les baisses de prix répétées opérées par Tesla sur ses modèles neufs. Pour Hertz, qui avait payé le prix fort lors de ses achats, ces réductions ont été une véritable catastrophe financière. Avec une dépréciation atteignant 89 % sur l'ensemble de sa flotte, l'entreprise perd en moyenne 537 dollars par voiture et par mois… Mais ce n'est pas tout. Au-delà des pertes liées à la dépréciation, Hertz a également découvert que ses véhicules électriques n'étaient pas aussi économiques qu'espéré. Les coûts de réparation, notamment sur les Tesla, ont explosé. La complexité de certaines réparations, combinée à des délais d'exécution élevés, a alourdi la facture. Et ce n'est pas la seule surprise : les Tesla de Hertz se sont retrouvées impliquées dans un nombre anormalement élevé d'accidents, augmentant encore les frais de réparation. Cette accumulation de problèmes a convaincu le nouveau PDG de Hertz de revoir drastiquement sa stratégie. Plutôt que de conserver une flotte importante de véhicules électriques, l'entreprise a décidé de n'en garder qu'un nombre restreint, suffisant pour répondre à la demande des clients souhaitant spécifiquement louer une voiture électrique.
Une leçon pour toute une industrie ?
L'échec de Hertz n'est pas qu'une histoire d'entreprise. Dans le secteur de la location, où la rentabilité dépend de la valeur résiduelle des véhicules, les fluctuations de prix représentent une menace directe. Les stratégies commerciales agressives de Tesla, qui a abaissé ses tarifs pour contrer la concurrence chinoise, en sont une parfaite illustration. Hertz a également sous-estimé les problèmes liés à l'entretien des véhicules électriques. S'ils nécessitent moins de maintenance mécanique, ils n'en sont pas pour autant exempts de frais. Les réparations après collision, par exemple, peuvent s'avérer coûteuses en raison des matériaux spécifiques et des équipements électroniques avancés qu'ils intègrent. Pour une entreprise comme Hertz, qui repose sur des marges serrées, ces coûts supplémentaires sont rapidement devenus insoutenables.
Pourtant, malgré cet échec retentissant, le secteur de la location de voitures ne peut pas ignorer la montée en puissance des véhicules électriques. À mesure que les réglementations environnementales se durcissent et que les clients deviennent plus sensibles à leur empreinte carbone, les agences de location devront inévitablement adapter leurs flottes. Mais comment éviter de répéter les erreurs de Hertz ? L'une des pistes pourrait être une meilleure gestion des cycles de renouvellement des flottes. Plutôt que d'investir massivement dans des véhicules au prix fort, les agences pourraient opter pour des partenariats plus flexibles avec les constructeurs. Une autre option serait d'explorer des modèles de location basés sur des abonnements, qui permettent de lisser les coûts et de s'adapter aux variations de la demande.