L'électrique dépasse déjà l'essence sur les routes dans ce pays

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La Norvège, grand producteur d'hydrocarbures, réalise une première mondiale via l'électrification massive de son parc automobile. Pour la première fois, les voitures électriques dépassent en nombre les véhicules à essence sur les routes du royaume scandinave. On parle bien de voiture en circulation et non de chiffres de ventes sur un mois, un semestre ou même une année.

Sur les 2,8 millions de voitures immatriculées en Norvège, 754 303 sont entièrement électriques, soit 26 % du parc automobile. À peine quelques voitures de plus que les essence qui comptent 753 905 véhicules, selon le Conseil d'information sur le trafic routier (OFV). Les voitures diesel restent dominantes avec près d'un million d'exemplaires (35 % du parc), mais leur part de marché continue de baisser. Preuve en est, en août dernier, 94,3 % des voitures neuves vendues en Norvège étaient 100 % électriques.

Une électrification rapide et inédite

« C'est historique », a déclaré Øyvind Solberg Thorsen, directeur de l'OFV, dans un communiqué. Il a souligné la vitesse à laquelle la Norvège se rapproche de son objectif : devenir le premier pays au monde où les voitures électriques dominent totalement le parc automobile. Selon Øyvind Solberg Thorsen, aucun autre pays n'a atteint ce niveau d'électrification, même les plus avancés en la matière.
À l'échelle mondiale, les véhicules électriques représentent encore une petite fraction du parc automobile. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les voitures électriques ne constituaient que 3,2 % des véhicules en circulation en 2023. En comparaison, la France atteignait 4,1 %, la Chine 7,6 %, et l'Islande 18 %. En Norvège, cette proportion est encore plus impressionnante, d'autant que les données incluent exclusivement les véhicules entièrement électriques, contrairement aux chiffres mondiaux qui comptabilisent aussi les hybrides rechargeables.

La stratégie norvégienne a payé

Cette transformation est le fruit d'une politique incitative pour le moins "agressive". Le gouvernement norvégien s'est fixé un objectif : ne vendre que des véhicules neufs zéro émission à partir de 2025, soit dix ans avant l'Union européenne. Ce choix repose presque exclusivement sur les voitures électriques, l'hydrogène jouant un rôle marginal dans cette transition.
En août 2023, les voitures tout électriques, en tête desquelles le Tesla Model Y, représentaient 94,3 % des nouvelles immatriculations.
Depuis des décennies, la Norvège a mis en place des avantages fiscaux importants pour encourager l'achat de voitures électriques, les rendant plus compétitives face aux véhicules thermiques lourdement taxés. En plus de cette fiscalité avantageuse, d'autres mesures incitatives ont été proposées, telles que la gratuité des péages et du stationnement dans certaines zones, ainsi que l'accès aux voies réservées aux bus. Toutefois, ces avantages ont été progressivement réduits à mesure que l'électrification se généralisait, comme ce qui se passe actuellement en France avec la baisse des subventions chaque année.

Un contraste marqué avec le reste de l'Europe

En septembre 2004, le parc automobile norvégien comptait 1,6 million de voitures essence, environ 230 000 diesel et à peine un millier de voitures électriques. En 2026, il est possible que les véhicules électriques surpassent également les modèles diesel, selon Øyvind Solberg Thorsen.
Le pays vise une réduction d'au moins 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990. En 2023, ses émissions ont baissé de 4,7 % par rapport à l'année précédente, mais la baisse totale depuis 1990 n'atteint encore que 9,1 %. Autrement dit, même la Norvège qui est particulièrement en avance dans ce domaine, devrait avoir du mal à atteindre ses objectifs.
Toutefois, rappelons que le pays est particulièrement bien placée pour faire de la voiture électrique une solution écologique, grâce à une production d'électricité presque exclusivement issue de l'hydroélectricité. Cette particularité rend les véhicules électriques plus vertueux dans ce pays que dans d'autres régions où l'électricité provient encore majoritairement des énergies fossiles.
La situation en Norvège contraste fortement avec celle du reste de l'Europe, où les véhicules hybrides gagnent encore du terrain au détriment du tout électrique. Sur le Vieux Continent, les ventes de voitures électriques ont commencé à fléchir depuis fin 2023, représentant seulement 12,5 % des ventes de voitures neuves en 2024, selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). Toutefois, une étude du groupe Transport & Environment (T&E) prévoit une augmentation de cette part de marché entre 20 % et 24 % d'ici 2025.

En Suède, voisin de la Norvège, les ventes de véhicules électriques neufs ont même reculé pour la première fois en 2024, suite à la suppression du bonus à l'achat.

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