L'industrie automobile européenne au bord de la crise ?

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Ces derniers temps, il ne se passe pas un moment sans qu'une mauvaise nouvelle ne tombe concernant l'industrie automobile européenne. Dernière annonce en date, une immense campagne de rappel de la part de BMW. Regardons ensemble ce que cette campagne a engendré depuis mardi et plus globalement, nous reviendrons sur les différentes affaires qui secouent l'industrie auto sur le vieux continent.

Une campagne de rappel de 1.5 million de véhicules !

Voici une nouvelle qui en a surpris plus d'un. En effet, BMW organise une immense campagne de rappel en raison d'un problème de freinage. Au total, 1.5 million de véhicules seraient concernés. En cause, le système de freinage régénératif d'un fournisseur allemand, à savoir Continental. Seulement, ce problème de freinage implique également l'arrêt d'une partie de la production pour ne pas livrer au futur client des autos problématiques. Pour se rendre compte de l'ampleur du problème devant lequel est confronté la firme bavaroise, sachez que le nombre de véhicules rappelé représente, à quelque chose près, la moitié de la production annuelle de la marque.
Un composant électronique serait à l'origine de la défaillance. Cependant, BMW et Continental souhaitent rassurer les propriétaires concernés en leur précisant qu'ils peuvent toujours utiliser leur voiture en toute sécurité. Avant bien sûr de faire réparer leur voiture. Continental l'assure :

"Les performances de freinage sont bien supérieures aux normes légales requises et le freinage peut toujours être effectué"

BMW abaisse ses prévisions pour 2024

Dans un communiqué de presse publié par BMW mardi 10 septembre, on apprenait aussi que le groupe a revu à la baisse ses prévisions de résultats pour l'année 2024.
En effet, la firme bavaroise annonce que ses bénéfices sur l'année 2024 seront moins élevés que ceux de 2023. Ils seraient même nettement en diminution par rapport aux 18.5 milliards d'euros réalisés en 2023.
Malheureusement pour BMW, les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pas là. En effet, la production de véhicule en 2024 devrait diminuer, alors qu'elle devait augmenter cette année.
Enfin, dernier point négatif pour BMW, et pas des moindres, la marque nous informe également que sa marge opérationnelle serait en dessous de ses prévisions pour cette année. Elle devrait être aux alentours des 6 à 7 % tandis qu'elle devait être comprise entre 8 à 10 %.
Afin de bien comprendre, sachez que la marge opérationnelle, c'est le ratio entre le résultat d'exploitation d'une entreprise et son chiffre d'affaires. Elle permet de mesurer, en autres, les performances économiques d'une entreprise.

Évidemment, toutes ces mauvaises nouvelles ont eu une incidence directe sur le cours de bourse de BMW. Ce dernier a chuté de près de 8.5 % mardi, quant à celui de Continental, il a baissé de 8.7 %.

Une situation inquiétante plus globalement en Europe

Pour ne rien arranger, BMW annonce que la faible demande des modèles de la marque en Chine affecte son volume des ventes au global. En cause, la concurrence féroce à laquelle les constructeurs européens sont confrontés. Bien que BMW bénéficie d'une bonne image de marque dans le pays du milieu, il est important de rappeler que la marque a dû organiser une première campagne de rappel de 1.36 million de véhicules. En cause, les airbags défectueux de l'équipementier japonais Takata qui a touché également Stellantis et Citroën.
Malheureusement, la firme bavaroise n'est pas le seul constructeur à être en difficulté en cette rentrée. Il semblerait bien que tout le secteur européen soit dans la panade.
Mardi 10 septembre, il suffisait de voir l'évolution du cours en bourse des géants du secteur. Prenons l'un des principaux concurrents, Mercedes-Benz qui a vu son action diminuée de 4 %. Idem pour Volkswagen qui voit son cours baissé de 2.4 %. En France, la situation n'est guère mieux. En effet, Renault enregistre une baisse de 4.4 % quand Stellantis recule de 2.9 %.

Volkswagen également en crise !

Si BMW connait une période assez compliquée, comment ne pas évoquer la situation de Volkswagen. On apprenait il y a peu que l'entreprise de Wolfsburg avait rompu une série d'accords de travail. Dans ces derniers, on retrouvait par exemple une garantie d'emploi jusqu'en 2029 dans six usines de la marque en Allemagne. Des garanties qui devraient arriver à terme d'ici au milieu de l'année prochaine. On peut donc légitimement s'attendre à une vague de licenciements dans certaines usines du groupe allemand.
C'est aussi dans un communiqué de presse publié le mardi 10 septembre que Gunnar Kilian, directeur des ressources humaines de Volkswagen, déclarait que ces mesures prises par la marque visent à réduire les coûts en Allemagne à un niveau compétitif.
Ce n'est un secret pour personne, la firme de Wolfsburg connait de grandes difficultés à exécuter au mieux sa transition vers les voitures zéro émission. Tout comme BMW, les ventes des voitures électriques de Volkswagen ne décollent pas. La concurrence du géant Tesla et des constructeurs Chinois comme BYD est très féroce, au grand dam de nos constructeurs européens.

Dans la liste des mauvaises nouvelles pour la marque allemande, on peut citer également l'ouverture du procès, la semaine dernière, de l'ancien patron de Volkswagen dans l'affaire dite du "Dieselgate". Un procès qui devrait durer un an.

Bientôt une amende de 15 milliards d'euros pour les constructeurs européens ?

En cause, des seuils de CO2 non respectés ! 

Comme si cela ne suffisait pas, les constructeurs européens pourraient bien devoir à payer 15 milliards d'euros d'amende en 2025. C'est en tout cas ce qu'avance Luca de Meo, PDG du groupe Renault, dans une interview sur la radio France Inter samedi 7 septembre.
Selon ce dernier : "si l'électrique reste au niveau d'aujourd'hui, l'industrie européenne va peut-être devoir payer 15 milliards d'euros d'amende ou renoncer à la production de plus de 2,5 millions d'exemplaires".
En effet, si tout le monde à en tête la date de 2035 où les véhicules thermiques seront interdits à la vente, sachez que les constructeurs ont des seuils d'émissions de CO2 à respecter chaque année ! Des seuils qui sont propres à chaque constructeur. Si ces derniers ne respectent pas ces seuils, ils s'exposent à de fortes amendes.
Sachez qu'à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, l'UE prévoit une nouvelle réduction des émissions de CO2 à 81 g/km. Un abaissement qui semblerait être insurmontable pour nos constructeurs européens qui font face à des ventes de voitures électriques qui stagnent et une concurrence chinoise toujours plus féroce.

Davantage de flexibilité et de stabilité !

Luca de Meo qui est également le président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), demande à l'Europe d'offrir plus de flexibilité. En effet, Luca de Meo explique qu'en mettant simplement des échéances et des amendes sans pouvoir les rendre flexibles est très dangereux.
En plus de davantage de flexibilité, le PDG demande plus de stabilité. Pour que les constructeurs puissent faire baisser leur moyenne d'émission et éviter de payer de lourdes amendes, il faut que les ventes de voitures électriques (VE) repartent à la hausse. Selon De Meo, cela passe par la baisse des prix de vente des VE et par l'installation de toujours plus d'infrastructures de recharge. Il pointe du doigt aussi le manque de stabilité et de visibilité dans les subventions gouvernementales. Pour rappel, l'Allemagne avait supprimé ces aides en décembre 2023, ce qui avait eu pour conséquence de faire chuter considérablement les ventes. Il faut dire que le PDG de Renault a raison de s'inquiéter puisqu'une nouvelle baisse du bonus écologique serait envisagée dans le budget 2025 en France.

Pour finir, nous pouvons dire que l'industrie automobile européenne n'est pas en très grande forme. Depuis quelques mois, le secteur est dans la tourmente et enchaine les déconvenues. Et encore, nous n'avons pas évoqué le sujet des équipementiers automobile. Entre les fermetures d'usine, les faillites (BBS, Recaro) et les vagues de licenciements, les équipementiers sont également en crise.

À voir maintenant comme tout cela va évoluer dans les prochaines semaines.

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