Lamborghini se montre encore hésitant à l'égard de l'électrique
Aujourd'hui à 07:00 AM
Lamborghini persiste dans sa stratégie hybride avant d'embrasser l'électrique avec son concept Lanzador, prévu pour 2030. Contrairement à d'autres, Stephan Winkelmann, son PDG, défend une approche mesurée, tout en ajustant les ambitions de la marque face à une adoption plus lente des véhicules électriques, notamment dans le segment des supercars.
Un futur électrique pour Lamborghini, mais à petits pas
"Ce n'est pas une question d'innovation, c'est une question de timing", affirme Stephan Winkelmann, patron de Lamborghini, avec la conviction tranquille d'un général orchestrant une bataille, dans les colonnes d'Autocar. Alors que d'autres constructeurs de niche, comme Aston Martin ou Bentley, hésitent à s'engager pleinement sur la voie de l'électrique, Lamborghini trace son chemin avec méthode, défendant une montée en puissance hybride avant d'embrasser l'électrique. Depuis quatre ans, la marque de Sant'Agata Bolognese a canalisé ses efforts pour hybrider ses modèles phares. Résultat ? La Revuelto et le nouvel Urus SE, à moteur hybride rechargeable, affichent des carnets de commandes complets respectivement jusqu'en 2026 et fin 2025. Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes, malgré les défis techniques et la nostalgie des puristes.
L'approche progressive semble également répondre aux limites actuelles des batteries pour des supercars, où chaque gramme compte. Si la technologie évolue, Lamborghini ne bougera pas ses lignes : l'hybridation reste la clé, même si les carburants synthétiques s'imposent comme alternative viable. Winkelmann le souligne avec assurance : "Les batteries ne vont pas disparaître. Elles ne freinent pas la performance, elles l'amplifient." C'est sur cette conviction que repose la prochaine étape : la Lamborghini Lanzador, prévue pour 2030. Ce modèle électrique, pensé comme un quatrième pilier de la gamme, a pour objectif d'élargir la clientèle tout en minimisant l'impact sur les ventes des modèles existants. C'est une stratégie assez osée dans un segment où les ventes des électriques haut de gamme peinent encore à décoller.
Une tradition sonore et émotionnelle à préserver
Pour Lamborghini, la transition ne se limite pas à ajouter des batteries et des moteurs électriques. "Acheter une Lamborghini, c'est réaliser un rêve d'enfant", confie Winkelmann, rappelant l'importance de l'émotion dans l'expérience client. C'est là que le nouveau modèle d'entrée de gamme, la Temerario, joue son rôle. Malgré la perte de deux cylindres par rapport à son prédécesseur, cette supercar hybride affiche un moteur V8 rugissant, surclassant ses rivaux V6, comme la Ferrari 296 ou la McLaren Artura. Avec une ligne rouge flirtant avec les 10 000 tr/min, la Temerario promet un spectacle sonore unique, tout en revendiquant une "rentabilité durable pour l'entreprise."
Les défis restent nombreux pour les voitures à piles. La courbe d'adoption des électriques est bien plus plate que prévu, même dans des segments généralistes, et encore davantage pour les supercars. Lamborghini parie sur le bon moment pour ajuster ses calendriers, sans précipitation. "Nous avons encore du temps pour accélérer ou ralentir l'électrification," note Winkelmann, sans exclure de nouveaux ajustements à l'avenir. Ce pragmatisme s'accompagne d'une réalité commerciale difficile à ignorer. Si Lamborghini peut se vanter de carnets de commandes pleins, le marché reste ultra-concurrentiel. L'équilibre délicat entre tradition et innovation est ce qui permettra à la marque de maintenir sa position de leader, tout en séduisant une nouvelle génération de passionnés, prêts à sacrifier un peu de bruit pour plus de performance.