Le cauchemar McLaren dans l'Alabama

29/04/2024 17:23

Les machines orange arrivaient dans l'Alabama avec une bonne nouvelle. Pato O'Ward se voyait remettre le trophée de la course d'ouverture de la saison, à St Petersburg, disputée six semaines auparavant. Les pénalités infligées aux pilotes du Team Penske (voir Briefing) ayant apporté au Mexicain sa cinquième victoire en carrière.

Pour McLaren, il s'agissait là de la première victoire depuis juillet 2022, et un succès d'O'Ward (déjà) sur l'Iowa Speedway. Le Mexicain continuait sur sa bonne lancée avec une 4^e place sur la grille, et tous les voyants semblaient au vert. Ses équipiers avaient à l’inverse connu une séance qualificative plus difficile.

Alexander Rossi et Théo Pourchaire s'élançaient en 16^e et 24^e positions. Si l'Américain était légitimement déçu de sa performance, le Français y trouvait du positif, ayant figuré dans le top 6 (qualificatif pour la Q2) avant son dernier run en pneus tendres. Des pneus dont il doit encore saisir les subtilités pour en extraire tout le jus sur un tour rapide. « Le plus important était de faire le plus de tours possible sur le week-end pour apprendre le circuit et la voiture, expliquait le Frenchie. Tout est différent de Long Beach, je dois assimiler le niveau d'appui et la limite de la voiture dans les virages rapides. Globalement, je suis satisfait. J'ai eu un peu de trafic sur mon tour en pneus tendres, et j'aurais pu être plus haut dans le classement. Cela devrait être un bon week-end, la voiture fonctionne bien et Pato montre que l'on peut être assez compétitif ici. »

Les ennuis commençaient dès le deuxième tour, O'Ward perdant le contrôle de sa monoplace derrière Christian Lundgaard (Rahal Letterman Lanigan). S'il n'était pas le seul à connaître cette mésaventure dans le premier relais, Scott Dixon (Ganassi) partant également à la faute, les choses allaient vite tourner au vinaigre. La première neutralisation de l'épreuve, au 6^e tour, allait être causée par… O'Ward.

Ce dernier a en effet percuté Pietro Fittipaldi (Rahal Letterman Lanigan), l'envoyant dans le mur. Reconnu coupable, le pilote McLaren écopait d'un drive-through, le reléguant en fond de peloton. Du côté de ses équipiers, les progrès étaient timides, Rossi pointant 16^e, Pourchaire 22^e.

Alexander Rossi était le deuxième pilote McLaren à connaître des soucis, juste avant la mi-course. Repartant après son 2^e arrêt, il voyait sa roue arrière gauche poursuivre sa route sans lui, et était contraint à l'abandon. La neutralisation en découlant permettait néanmoins à Théo Pourchaire de repartir devant les pilotes Penske Scott McLaughlin et Will Power, qui menaient la course et avaient dû repasser par la pitlane sous régime de Safety Car.

Économie de carburant

Une occasion d'apprendre des meilleurs pilotes de la catégorie, mais aussi de se défendre et de montrer qu'il était prêt à poursuivre l'aventure en IndyCar ! Pourchaire s'est notamment bien battu face à McLaughlin, qui a dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de dépasser le champion F2 en titre. Une ultime leçon était toutefois encore en réserve pour le Français, avec une nouvelle neutralisation au 55^e tour.

Passé par la voie des stands, Pourchaire se lançait dans une phase d'économie de carburant, un exercice qu'il a découvert à Long Beach. Dans l'Alabama, le natif de Grasse (Alpes-Maritimes) se voyait jeté dans le grand bain, avec un dernier arrêt 34 tours avant le damier, là où un relais dure plutôt une trentaine de boucles. Une stratégie partagée par son équipier O'Ward, mais aussi par les leaders, aux premiers rangs desquels on retrouvait Alex Palou (Ganassi) et Felix Rosenqvist (Meyer Shank).

Reparti 23^e, Pourchaire allait parfaitement s'accommoder de l'exercice, alors qu'il lui était demandé d'économiser du carburant de manière extrême. Non loin de l'autre McLaren encore en lice, il parvenait à remonter dans le classement, notamment en dépassant ses adversaires sur la même stratégie.

18^e à l'entame du dernier tour, il s'était même offert le luxe de dépasser O'Ward, après une relance consécutive à une sortie de Christian Rasmussen. Las, la course de Théo s'arrêtait au virage n°5, dans l'ultime boucle, après avoir été envoyé en tête-à-queue par… Pato O'Ward. Une fin en guise de calice bu jusqu'à la lie par McLaren. Le Mexicain ayant été pénalisé une nouvelle fois par l'IndyCar, la feuille de stats des Oranges se lisait comme suit : 22. Théo Pourchaire, 23. Pato O'Ward, 25. Alexander Rossi.

Un résultat « abyssal » selon le team principal de l'écurie, Gavin Ward. « Nous allons puiser dans nos ressources et aborder le mois de mai comme une équipe encore plus forte », a-t-il ajouté, en référence à la période la plus importante du calendrier IndyCar, celle des 500 Miles d'Indianapolis.

Pourchaire se voulait philosophe à l'issue de cette épreuve, qui en fut une dans tous les sens du terme : « Nous avons adopté une stratégie très agressive d'économie de carburant. Je pense que j'ai été assez bon puisque tout en économisant, je parvenais à conserver le même rythme que Marcus Ericsson (Andretti) et Alex Palou. Les choses se passaient bien, mais ça n'a pas été la meilleure journée pour l'équipe. Cela fait partie du jeu, je sais que le team va rebondir et de rester concentré sur les objectifs. »

Un autre intérim ?

Pour Théo Pourchaire, ce deu- xième galop américain pourrait ne pas être le dernier. David Malukas, le pilote habituellement titu- laire de la n°6 et qui est blessé depuis une chute survenue à VTT en février dernier, a été viré par McLaren au lendemain du Grand Prix d'Alabama. L'écurie dirigée par Gavin Ward a justifié son choix en pointant du doigt l'indisponibilité chronique de l'Américain depuis le début de la saison. Le baquet de la McLaren n°6 sera donc pleinement disponible à compter du Grand Prix d'Indianapolis (10-11 mai), disputé sur le tracé routier du mythique Speedway. Théo Pourchaire possède de bonnes chances d'y être aligné, puisque l'autre intérimaire McLaren Callum Ilott sera en effet retenu à Spa avec Jota pour la troisième manche du WEC.

Dans son communiqué, McLaren n'a absolument pas évoqué l'identité du ou des remplaçants de Malukas pour le reste de la saison. Si le Tricolore n'aurait que très peu de chances d'être au départ des 500 Miles d'In- dianapolis, l'idée de le voir pour- suivre l'aventure en papaye jusqu'à la fin de l'année n'a rien de sau- grenu, au vu de ses performances prometteuses et de la belle image qu'il a laissée en interne. Il est en tout cas assurément l'un des deux favoris avec Callum Ilott. En cas de signature à temps plein, un arrêt du programme en Super Formula devrait sans doute être décidé, puisqu'il pourrait faire face à quatre clashes de dates entre les deux championnats (Quali- fications 500 Miles-Autopolis, Sugo-Laguna Seca, Fuji-Toronto, Motegi-Portland).

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