Le gros problème du Tesla Cybercab

https://sf1.autoplus.fr/wp-content/uploads/autoplus/2024/10/gzlkd3sxeai_bcp.jpg

Elon Musk adore faire des promesses difficiles à tenir, du moins dans les délais prévus. La dernière en date semble cependant vraiment être celle où il devrait le plus se casser les dents. Il s'agit de celle mettant en avant le Tesla Cybercab, un robotaxi qui sera commercialisé à l'horizon de 2026-2027 et qui, selon le PDG, "devrait conquérir les rues du monde entier dans peu de temps, à commencer par les États-Unis."

La promesse est belle, et même si nous ne doutons pas forcément du produit en tant que tel, Elon Musk devrait se heurter à un gros problème : la législation. Et le législateur ne prévoit certainement pas de changer les rois régissant l'usage de la voiture autonome d'ici deux à trois ans, d'autant plus que les dernières expérimentations sont loin d'être convaincantes.

Le législateur aura le dernier mot

Si Tesla souhaite réellement vendre une voiture sans volant, sans pédales, sans port de recharge et, surtout, sans conducteur, elle doit d'abord obtenir l'autorisation de la National Highway Traffic Safety Administration (le fameux NHTSA), le régulateur américain, le même qui a actuellement Tesla dans le viseur pour des problèmes liés au FSD... son système de conduite autonome !
La bonne nouvelle toutefois, c'est que l'agence accorde actuellement aux constructeurs une exemption temporaire pour la distribution annuelle d'un nombre limité de véhicules autonomes, égal à 2 500 unités, répondant à certaines exigences fédérales de sécurité. C'est déjà beaucoup mieux qu'en Europe, où l'avancée des lois à ce niveau est proche du néant. Preuve en est, quel constructeur mène ses tests actuellement sur les routes européennes ouvertes à la circulation ? Absolument personne puisque c'est interdit.
C'est donc aux États-Unis (et probablement aussi en Chine), que tout se jouera dans un premier temps. "À moins que le Congrès n'augmente cette limite, comme l'ont fait plusieurs projets de loi bloqués, les exemptions ne constituent pas une voie viable vers une production de masse", a déclaré Bryant Walker Smith, professeur de droit à l'Université de Caroline du Sud, dans une interview accordée à Automotive News. En effet, il y a eu des propositions pour relever le plafond, comme la loi SELF-DRIVE, qui aurait porté le seuil à 100 000 unités. Mais nous n'en sommes encore qu'aux premiers stades, et les évolutions dans ce type de secteur sont parfois lentes, très lentes, et reculs même parfois au premier incident.

Des retards sur des retards

Le législateur, ce n'est que le premier éléphant dans la pièce. Le second, ce sont les technologies de Tesla. Pendant des décennies, l'entreprise a promis qu'elle résoudrait les problèmes de conduite autonome "​​l'année prochaine", sans réel succès, car les problèmes ne sont peut-être pas toujours aussi nombreux, mais ils sont encore là. Une partie de la complication viendrait aussi peut-être du fait de la stratégie de la marque, en rejetant l'aide des Lidars au profit de caméras pour réduire les coûts. Une idée qui ne convainc pas beaucoup d'experts, ces mêmes experts qui misent davantage sur les Lidars, ces super-capteurs qui analysent tout l'environnement et permettent à la voiture de s'adapter à chaque situation en une fraction de seconde (sur le papier).
"Tout obstacle réglementaire imminent est dû au fait que Tesla ne dispose pas et ne peut pas encore démontrer qu'elle dispose d'un système de conduite automatisée raisonnablement sûr", ajoute Bryant Walker Smith.

Reste à voir ce dont est capable le Tesla Cybercab, mais les années vont sans doute passer à vitesse grand V avant de voir débarquer sur nos routes ces drôles d'engin capables d'évoluer sans pilote à son bord.

×