Pour Carlos Ghosn, la potentielle fusion entre Nissan et Honda est un acte "désespéré"
Aujourd'hui à 05:00 AM
La semaine dernière, la presse japonaise relatait une possible fusion entre Nissan et Honda. Bien qu'aucune confirmation officielle n'ait encore été faite, l'ancien PDG de Nissan, Carlos Ghosn, n'a pas hésité à partager son avis tranché sur cette éventuelle alliance lors d'une interview accordée à Bloomberg.
Sans surprise, il s'est montré extrêmement critique vis-à-vis de cette fusion, qu'il juge non pragmatique et motivée par des raisons économiques plutôt qu'industrielles.
Une fusion "désespérée" selon Carlos Ghosn
Pour Carlos Ghosn, l'idée d'une alliance entre Nissan et Honda manque de logique industrielle. "À mon avis, c'est un mouvement désespéré", a-t-il déclaré. Selon lui, les synergies potentielles entre les deux entreprises sont presque inexistantes. "Elles opèrent sur les mêmes marchés, avec les mêmes produits, et leurs marques sont très, très similaires", a-t-il ajouté.
L'ancien dirigeant estime que cette fusion serait davantage poussée par le ministère japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (METI) pour soutenir l'économie nationale, plutôt que par une réelle volonté des deux constructeurs. "Le METI a une influence considérable au Japon", a expliqué Carlos Ghosn. "À mon avis, il n'y a aucune logique industrielle derrière cette initiative. Mais dans certains cas, il faut choisir entre performance et contrôle. Et sans aucun doute, le METI préfère le contrôle."
Carlos Ghosn va même plus loin, affirmant que Honda aurait été contraint de rejoindre ce projet sous la pression du METI.
Des critiques acerbes sur la gestion actuelle de Nissan
Carlos Ghosn, qui a dirigé Nissan pendant 16 ans et en a fait l'un des constructeurs les plus prospères au monde, n'a pas caché son mécontentement envers la gestion actuelle de l'entreprise. "On peut juger une équipe par les résultats qu'elle obtient", a-t-il affirmé. "Quand on regarde les cinq dernières années de Nissan, les résultats ne témoignent pas de la force de l'équipe en place."
Ces propos s'inscrivent dans un contexte de relations tendues entre Carlos Ghosn et Nissan, notamment depuis son arrestation au Japon pour des accusations de crimes financiers, accusations qu'il continue de nier. Après une évasion spectaculaire digne d'un film hollywoodien, il réside désormais au Liban, loin de la scène automobile japonaise mais toujours prêt à donner son avis.
Une fusion ambitieuse mais risquée
Si la fusion entre Nissan et Honda venait à se concrétiser, elle donnerait naissance à l'un des plus grands groupes automobiles au monde. Cependant, Carlos Ghosn met en garde contre les défis d'une telle opération. "Honda est une organisation fortement axée sur l'ingénierie, et Nissan est également très fier de ses compétences techniques. La véritable bataille sera de décider quelles technologies seront adoptées par la nouvelle entité ou alliance. Et je peux vous dire que ce sera très difficile."
Pour l'instant, ni Nissan ni Honda n'ont commenté cette rumeur de fusion. Cependant, les deux constructeurs collaborent depuis plusieurs mois, avec un protocole d'accord signé en août pour explorer des projets communs. Une fusion, toutefois, représente bien plus qu'un simple partage d'idées.