Sans subventions, la voiture électrique a sombré en 2024 dans ce pays
Hier à 04:30 AM
En 2024, le marché automobile allemand a traversé une année difficile, marquée par une chute spectaculaire des immatriculations de voitures électriques.
Selon l'agence fédérale de l'automobile KBA, seulement 381 000 véhicules électriques ont été immatriculés, soit une baisse de 27,4 % par rapport à 2023, après cinq années de croissance soutenue.
Un recul alimenté par l'inflation et l'arrêt des subventions
Plusieurs facteurs expliquent ce déclin. La persistance de l'inflation a pesé sur la demande, tandis que la suppression brutale des aides publiques à l'achat de voitures électriques fin 2023 a créé une incertitude durable parmi les clients. La part de marché des voitures électriques est ainsi tombée à 13,5 %, bien loin des 19 % atteints en 2023. À titre de comparaison, en France, la part de marché des électriques était de 17 % sur la même période.
Dans un contexte global de ralentissement, le marché automobile allemand a enregistré 2,81 millions d'immatriculations en 2024, soit une baisse de 1,0 % après deux années de reprise. Cette tendance s'inscrit dans un mouvement européen : les ventes de voitures électriques ont reculé dans 14 des 27 pays de l'UE en novembre.
Alors que les ventes de voitures électriques déclinaient, les moteurs thermiques essence ont légèrement rebondi, avec 992 000 immatriculations, en hausse de 1,4 %. Malgré les objectifs climatiques de l'UE, les véhicules thermiques continuent de regagner du terrain. Le segment des véhicules hybrides s'est révélé être le seul point positif : leurs immatriculations ont progressé de 12,7 % sur l'année, représentant désormais un tiers des ventes totales.
Les constructeurs en pleine tourmente
Volkswagen reste le leader incontesté du marché allemand, avec 537 000 unités immatriculées. Cependant, l'année a été compliquées pour les constructeurs allemands, mais aussi ceux pour qui l'Allemagne est le principal marché en Europe. Volkswagen a annoncé la suppression de 35 000 emplois d'ici 2030 dans un effort de réduction des coûts, tandis que Tesla, malgré son statut de leader mondial des véhicules électriques, a vu sa part de marché en Allemagne chuter à 1,3 % avec 38 000 immatriculations.
Les constructeurs chinois, bien que de plus en plus présents en Europe, restent encore marginaux en Allemagne, avec seulement 25 000 immatriculations en 2024.
Une épée de Damoclès au-dessus du marché auto allemand
Le marché automobile allemand fait aussi face à une réglementation de plus en plus contraignante. Les sanctions européennes sur les seuils de pollution des moteurs thermiques, entrées en vigueur début 2024 sont une contrainte supplémentaire pour les constructeurs. Ces mesures pourraient coûter jusqu'à 16 milliards d'euros en capacité d'investissement, selon l'Association des Constructeurs Européens d'Automobiles (ACEA).
Le chancelier Olaf Scholz a plaidé pour une révision des sanctions lors d'un sommet européen en décembre, soulignant leur impact potentiel sur les investissements nécessaires à la transition électrique. Parallèlement, les tensions commerciales avec les États-Unis et la Chine ajoutent une couche d'incertitude, notamment après l'imposition de surtaxes européennes sur les voitures électriques chinoises.
L'avenir du segment électrique reste incertain. Si une légère reprise est attendue en 2025, elle pourrait être soutenue par une baisse des prix des véhicules électriques, mais au détriment de la rentabilité des constructeurs.
Pour tenter de relancer le marché, Olaf Scholz propose l'instauration d'une prime européenne à l'achat de voitures électriques, une mesure qui pourrait inciter les acheteurs à se tourner à nouveau vers ce segment en difficulté.