Sébastien Ogier après son accident en Pologne : « Je ne prendrai aucun risque avec ma santé »

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Tout d'abord, comment allez-vous Sébastien ?

Pas trop mal. Je trouve que cela suit son cours positivement dans la mesure où les contrôles que j'ai faits pour s'assurer qu'il n'y avait pas de commotion cérébrale ont été très positifs. À ce niveau-là, je n'ai pas de symptôme et je suis assez confiant que tout va bien dans la tête, ce qui est déjà une bonne chose. La question qui se pose concerne les ligaments autour des cervicales qui ont été étirés avec le coup du lapin. Sur ce point, j'en saurai plus lundi (1er juin. Ndlr) en fin de journée. Je dois faire ce qu'on appelle des radios de mouvement. Avec cela, ils sauront me dire à quel point cela a endommagé les ligaments et auront une idée un petit peu plus précise de combien de temps cela peut prendre (le repos forcé. Ndlr)

Comment cet accrochage s'est-il produit ?

C'est vraiment la faute à pas de chance. Le timing a été hyper malheureux. Nous sommes arrivés sur un virage en crête où nous ne voyions pas du tout ce qu'il y avait derrière. Nous n'arrivions pas très vite. Aux données, nous avons pu voir que l'impact s'est produit à 62 km/h. Le véhicule en face allait moins vite que nous, mais même si il était à 40 km/h comme les vitesses s'additionnent cela fait un choc à 100 km/h dans un mur, donc cela a représenté une belle décélération et la voiture s'est arrêtée net. Elle n'a pas bougé d'un centimètre et c'est tout le cou qui a pris.

Le pire, c'est que je l'aie vu arriver, mais la route était très étroite et sur du gravier, même à 60 km/h, il était impossible de s'arrêter d'un coup. Comme il s'agissait d'un virage à gauche en crête, j'étais un peu sur le côté gauche de la route. Comme nous n'avons pas d'ouvreur, nous essayons, tout en ne roulant pas vite, d'être dans les trajectoires que nous allons prendre en course. Quand j'ai vu que la voiture était un peu vers la droite, je me suis jeté dans le fossé à gauche donc j'étais à côté de la route, mais la personne en face a eu le mauvais réflexe de me tourner dessus. S'il était resté dans sa ligne, il ne se serait rien passé ou cela aurait coûté un rétro cassé.

Cette situation arrive-t-elle souvent en reconnaissances ?

C'est un sujet qui est en discussion depuis longtemps. Du coup, il revient sur la table et cela concerne la sécurité en reconnaissances. Ce n'est pas normal que nous ayons à les faire sur routes ouvertes de nos jours. C'est finalement presque pendant les reconnaissances qu'il y a le plus d'accidents. Même si nous étions à 60 km/h, cela donne une mauvaise image du rallye avec des pilotes qui roulent trop vite. Le problème est que pour faire notre travail en deux passages, nous sommes obligés de regarder les trajectoires sinon ce n'est pas une bonne préparation. Ce serait bien d'en rediscuter et de chercher des solutions pour améliorer cet aspect. Il me semble qu'en supprimant le trafic, cela permettrait déjà de changer la donne.

Avez-vous immédiatement ressenti que le choc avait été violent ?

Avec Vincent, nous avons tout de suite senti que la nuque tirait bien. Nous sommes sortis de la voiture, mais assez rapidement il a fallu qu'on s'assoie par terre. Je ne me sentais vraiment pas bien, je transpirais comme quand on vient de recevoir un coup et j'ai même perdu connaissance pendant un court moment. Heureusement, Taka (Takamoto Katsuta. Ndlr) était déjà là et il s'est bien occupé de moi, même chose avec Ott (Tänak. Ndlr) et d'autres équipages qui sont arrivés derrière. Nous les remercions tous d'avoir été là.

Il était donc logique de ne pas vous laisser prendre le départ ?

Même si les docteurs m'ont montré qu'il n'y avait pas de commotion, et même si moi j'ai senti dès le lendemain que cela allait mieux, c'était beaucoup trop tôt pour retourner dans la voiture et faire le 2e jour de reconnaissances. De toute manière, avec les douleurs qui demeurent au niveau des cervicales avec peut-être des ligaments touchés, je n'aurais pas pu rouler dans le rallye. C'était impossible et je n'ai absolument pas insisté. Je ne voulais pas jouer avec ma santé.

Quelle chance vous donnez-vous pour être au départ de la Lettonie (18-21 juillet) ?

Le fait d'avoir manqué la Pologne, le premier rallye rapide de l'année qui te met dans le rythme, cela ne nous mettra pas dans les meilleures conditions pour aller en Lettonie. Je n'ai cependant pas peur de grand-chose et si je suis remis à 100 %, cela ne m'effraie pas d'aller découvrir un nouveau rallye. Tout dépendra de mon état physique. Je n'ai pas voulu prendre de risque en Pologne et ce sera la même histoire dans trois semaines. Je ne prendrai aucun risque avec ma santé.

Propos recueillis par Loïc Rocci

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