Parlons MotoGP : L'heure est grave pour Joan Mir

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C'est l'heure du bilan ! Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l'issue de la saison 2024, aujourd'hui, au tour de Joan Mir. Une bonne partie de l'hiver durant, nous allons remonter le classement à l'envers, jusqu'à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C'est parti !

Hier, nous sommes revenus sur le cas de Luca Marini ; cliquez ici pour retrouver cet épisode.

 

Du jamais vu

 

Mine de rien, j'ai assez souvent écrit sur son cas cette saison, alors, je vais tâcher de ne pas trop m'épancher à son sujet. Champion du monde MotoGP en 2020 (ça paraît difficile à croire), Joan Mir navigue dans les tréfonds du classement, ne parvenant même plus à finir les courses. Sa situation est gravissime, sur le plan comptable, mais aussi pour sa carrière.

 

 

Joan Mir n’y est plus, dans l’attitude comme dans le pilotage. Photo : HRC

 

Déjà, niveau classement, il est avant-dernier des titulaires. Il ne devance que son coéquipier Luca Marini, qui découvrait seulement la RC213V en 2024. Beaucoup maintiennent que Marini est un moins bon pilote que Mir, mais je ne suis pas du tout d'accord avec cette affirmation comme je l'avais laissé entendre hier. Mir, deux fois titré dans sa vie, ne le mène que de sept points. Il a terminé loin derrière la nouvelle recrue Johann Zarco – ça, on pouvait s'y attendre –, mais, pire encore, derrière un Takaaki Nakagami en bout de course.

Ce n'est pas que Mir est hors du coup, c'est qu'il ne fait que tomber. Son caractère a déjà été négativement commenté par les pontes de Honda et ses chutes n'aident pas sa cause. Vous n'êtes pas prêts pour les chiffres qui vont suivre.

En 2024, il est tombé 17 fois au total, ce qui est beaucoup, mais pas tant que ça. Il n'est que neuvième au classement des chutes, après tout. Ce qui est incroyable, c'est qu'une grande proportion de ces erreurs arrivaient au pire moment, c'est à dire, en course. Joan Mir compte douze résultats blancs cette année, dont dix abandons. C'est faramineux. Sur la fin de saison, il s'est surpassé : il n'a terminé qu'une seule course dominicale sur les sept dernières manches (en Thaïlande, une 15e place). C'est trop, et trop peu efficace.

 

Une philosophie injustifiée

 

Mir devant Marini, mais ça, c’était avant. Photo : HRC

 

Lui et Luca Marini incarnent deux styles différents. Contrairement à l'Italien, Mir pousse, tout le temps, essaie de grappiller la moindre position quand les feux s'éteignent. Sauf qu'évidemment, le matériel n'est pas encore prêt à supporter de telles attaques. Oui, il ramène quelques points de plus que Marini – la différence, en réalité, n'est pas si grande –, mais chute beaucoup trop pour que ceci pèse d'une quelconque manière dans la balance.

Ce n'est pas ce dont Honda a besoin. Marini, dans son approche responsable, est bien plus utile à la firme ailée, j'en suis persuadé. Car Mir, s'il roule vite et trouve souvent la limite, ne fait pas du Marc Marquez pour autant ! N'allez pas croire que comme l'octuple champion du monde, il joue la gagne quand il reste sur ses roues. Et c'est là tout le problème. Son meilleur résultat n'est autre qu'une neuvième place en Sprint, résultat égalé puis battu par Johann Zarco chez LCR plus tard dans la saison.

Enfin, sur la fin, il était fréquemment surclassé par Luca Marini qui, lui, avait passé une demi-saison à apprendre la machine au lieu de forcer sans cesse et sans but.

 

Avenir sombre

 

J'ai l'impression de me répéter, mais je suis extrêmement inquiet pour Joan Mir. Ce qu'il fait depuis deux ans est absolument indigne d'un champion du monde MotoGP, il est méconnaissable. Depuis la 21e place du classement général, ses deux couronnes mondiales sont insignifiantes. De plus, comme dit précédemment, il semblerait que son approche ne soit pas particulièrement appréciée par Honda.

Je pense sincèrement que ce pilote autrefois très régulier – à défaut d'être très rapide – court à sa perte s'il ne change pas radicalement. Comme d'habitude, j'espère me tromper et je souhaite le meilleur à Joan Mir. Mais course après course, il ne rassure pas, inquiète, même. Pour vous dire, je n'ai trouvé qu'un seul point positif à sa saison : l'absence de blessure.

À notre époque, Mir prend de très gros risques à pousser autant. Pour l'instant, il est quelque peu passé entre les mailles du filet – ses alertes de début 2023 se se sont pas répétées – mais l'exemple de son ancien coéquipier Marc Marquez devrait l'alerter. Une chute peut changer une carrière, voire une vie. Touchons du bois.

 

L’année prochaine sera décisive, surtout si Honda remonte un peu la pente. Photo : HRC

 

Conclusion

 

Pour moi, et uniquement pour moi, il s'agit de la pire campagne individuelle d'un pilote en 2024. Même Marini, derrière aux points, a fait une bien meilleure saison – j'insiste sur l'écart – quand l'on retient le contexte. J'irai même plus loin : il s'agit de la plus mauvaise campagne individuelle d'un pilote au XXIe siècle. Oui, certains ont marqué zéro points, et d'autres sont plus tombés encore. Mais pensez à ces noms, et maintenant, apposez-y celui de Mir, champion du monde MotoGP il y a moins de cinq ans. Vous comprendrez alors mon jugement.

Je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé de Joan Mir en 2024, alors, dites-le moi en commentaires !

Demain, nous reviendrons sur le cas d'Augusto Fernandez.

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l'entièreté de la rédaction.

Photo de couverture : HRC

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