Parlons MotoGP : Personne ne méritait plus de gagner qu'Alex Marquez

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À Jerez, Alex Marquez a remporté son premier Grand Prix en MotoGP, cinq ans après sa première apparition en catégorie reine. Je m'incline et lui rend hommage, car même je ne suis pas son plus grand fan – pour des raisons, à mon sens, légitimes –, il faut reconnaître que sur cette grille, ce week-end, personne ne méritait plus de s'imposer que lui.

 

Un modèle de résilience

 

Dès le vendredi, Alex était dans le coup, comme c'est le cas à chaque sortie cette saison. Il termina encore une fois deuxième en Sprint, dans l'incapacité de battre son frère, mais prit sa revanche le dimanche avec cette formidable victoire. Quel QI course, quelle maîtrise de son sujet. Le pilote Gresini a attaqué Fabio Quartararo au bon moment – de manière un peu sèche, certes, on ne se refait pas –, et s'est envolé en tête. En fait, Alex a l'expérience de ce genre de situations car c'est ainsi qu'il court depuis le début de l'année. Simplement, d'habitude, il y a un autre Marquez devant lui.

 

Un moment qu’il n’est pas prêt d’oublier. Photo : Michelin Motorsport

 

Bagnaia étant dans l'incapacité de dépasser Fabio Quartararo, il n'avait plus qu'à gérer cette avance sur le Français, à qui la deuxième place convenait plus que de raison. Franchement, il n'y a rien à redire sur sa prestation, du début à la fin. Il a su éviter le grabuge tôt dans la course, car depuis la quatrième place sur la grille et connaissant son style, ça aurait pu lui coûter cher.

Même si la déception de constamment finir deuxième était sans doute atténuée par le fait que son frangin gagnait, je pense qu'à ce niveau, une certaine lassitude s'installe quand la victoire ne vient pas. Dans une saison, avec un Bagnaia qui revient bien, un Quartararo qui monte, et d'autres outsiders qui peuvent exploser à tout moment, quelqu'un qui joue la gagne sur une moto de l'année précédente doit être conscient qu'il s'agit peut-être d'une occasion unique. Mais Alex Marquez, à huit reprises en neuf courses, était dans le coup, et ça ne venait toujours pas. Je voudrais féliciter cette force mentale, d'ailleurs saluée par son team manager Michele Masini, qui lui permet de se remettre en condition à chaque fois.

C'est d'autant plus fort qu'Alex Marquez avait déjà montré des difficultés psychologiques lorsqu'il pilotait pour LCR Honda, fin 2022. Je me rappelle qu'il avait comme lâché l'affaire, n'était plus motivé. Cette soif de victoire ne l'a jamais lâché malgré plusieurs années décevantes – je ne reculerai pas quant à l'utilisation de ce terme pour caractériser ses campagnes 2023 et 2024 –, alors qu'il était habitué au champagne en Moto3 comme en Moto2.

J'ai rarement été impressionné par ses exploits en MotoGP, car je les trouvais largement en-dessous de ce qu'il proposait dans les petites catégories. Cette saison, il fait honneur à son immense palmarès, il est « à la hauteur de sa légende ». Bravo à lui.

 

 

 

Alex Marquez peut-il rêver du titre MotoGP ?

 

Je vais répondre tout de suite à cette question : oui. Alex Marquez montre que ses progrès foudroyants accomplis cet hiver peuvent le porter très haut, et il le sait. Lui-même ne cesse de répéter que les rêves sont gratuits. Le seul élément qui pourrait réellement l'en éloigner serait une fulgurante progression de l'équipe officielle, et plus particulièrement de Pecco Bagnaia. En effet, je pense que son frère Marc n'est pas loin de sa forme finale, alors que l'Italien, lui, a encore une marge de progression. Si, aux tests de Jerez, la firme de Borgo Panigale répond aux demandes de Bagnaia, ça pourrait compliquer les choses pour Alex Marquez, bloqué avec le même matériel jusqu'en novembre.

 

Ceci ne fait que confirmer la qualité des effectifs Gresini Racing. Aldeguer est le seul pilote passé par l’équipe depuis 2022 qui ne s’est pas imposé. Photo : Michelin Motorsport

 

Mais hormis cela, je ne vois pas de menace directe qui pourrait stopper son élan. D'abord, il est dans une excellente équipe, qui n'arrêtera pas de pousser et qui a montré qu'elle pouvait maintenir un tel niveau d'exigence sur toute une année, ce qui n'est pas le cas de toutes. Ensuite, il y a fort à parier pour que cette victoire le galvanise, qu'elle renforce encore sa confiance. Troisièmement, Yamaha se rapproche un peu, Honda aussi, mais Aprilia et KTM stagnent : je n'imagine pas la dynastie Ducati prendre fin rapidement. Quatrièmement, les autres pilotes Ducati qui pourraient le gêner sont actuellement un cran en-dessous. Attention tout de même à Fabio Di Giannantonio et Franco Morbidelli qui peuvent également trouver de la vitesse sur certains circuits.

Jouer le titre est aussi une histoire de mathématiques. Justement, l'analyse de ses statistiques est très positive. S'il n'a pas réalisé la moindre pole position jusqu'à maintenant – ce qui, historiquement, pénalise beaucoup les prétendants –, il compte 140 points après cinq Grands Prix, soit dix courses. En 2024, Jorge Martin en comptait 129 au même stade ; Bagnaia, 94 en 2023. Avant cette date, il faut ôter les Sprints de l'équation, ce qui donnerait un total de 95 points à Alex Marquez en 2025. Pecco Bagnaia, champion en 2022, n'en comptait même pas 60. Quartararo, qui menait, pointait à 69. Pour la faire courte, il faut remonter à Marc Marquez, en 2019, pour avoir un total identique après cinq épreuves dominicales, et à Valentino Rossi, en 2015, pour trouver un meilleur bilan (109 unités). C'est exceptionnel.

Qu'avez-vous pensé du Grand Prix d'Espagne d'Alex Marquez ? Selon vous, peut-il jouer le titre mondial ? Dites-le-moi en commentaires !

 

Cette saison, je crois qu’il faudra compter sur lui. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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