WSBK Supersport Interview Valentin Debise après l'Australie : « ce n'est pas une plainte, c'est juste une constatation » (3/3)

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Fin 2024, nous avions laissé le Français Valentin Debise, 4e du championnat du monde WorldSBK Supersport, dresser le bilan d’une année positive et dessiner les contours de la saison à venir, aussi après la première manche 2025 en Australie est-il temps de faire un premier point sur la nouvelle aventure de l’Albigeois au guidon d’une Ducati Panigale V2.

Pilote très expérimenté, VD53 n’a jamais eu la langue de bois, donc ses débriefings sont toujours très intéressants pour tous les pistards francophones, et celui-ci ne fait pas exception…

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Alors ce qu'on a noté quand même, et en particulier dans la 2e course, c'est que toutes les motos étaient compétitives cette année. Même la nouvelle Yamaha qui n'a pas fait beaucoup d'essais. Toutes les motos semblent compétitives à peu près à égalité. On a vu qu'en Superbike, c'était une histoire de consommation à partir de cette année, ils limitent la consommation d'essence, le débit d'essence. En Supersport, comment ils jouent sur les différentes marques ? 
Valentin Debise" La Yam c’est normal, c’est une Superbike (rires). C'est la seule moto 900 cc où ils ont le droit de changer toutes les pièces-moteur, la culasse, et qui ne sont pas bridées. Donc à un moment donné, si ça ne marche pas, le mieux c’est qu’ils arrêtent (rires). Mais sinon, ils ont des loggers qu'ils mettent sur les motos. Sur la mienne, j’ai eu un logger pendant tous les essais et toutes les courses. Mais bon, il est mort, paix à son âme, le pauvre logger (rires). Et du coup ils comparent les vitesses de pointe et les accélérations, et ils jugent comme ça. " 

Et après, comment ils font ? Ils limitent le régime, comme en Superbike ? Ils limitent la consommation, ils font quoi ?
"Non, nous la consommation, non, mais par contre ils peuvent jouer sur l’ouverture papillon, ou sur les régimes. Nous, les Ducati, on a une bride aussi à l’entrée d’air. Voilà, il y a plusieurs manières de de brider les motos. Après, là, je t’avouerai qu'il faudrait parler aux mecs de la technique qui sont plus précis que moi, mais oui, ils ont différentes manières de le faire. Après, quand ils brident, ils y vont toujours petit à petit,  ils n'y vont jamais drastiquement. " 

Bon, on leur demandera. Donc la Balance de Performance est établie au cas par cas, marque par marque… 
"Ouais, marque par marque, mais tu vois, par exemple, pour prendre le cas des Ducati, c’est ce que je te disais, c’est qu’il y a quand même de gros écarts entre les motos (rires). Et ça, c’est de la folie quoi ! Celles de Masia par exemple, et d’Oettl, ça marche un truc de fou. Nous, ils ont quand même bien travaillé cet hiver et on perd moins qu’avant, mais il y a quand même un gros écart. Et là maintenant, par exemple avec la Yam, c’est vrai qu’en vitesse de pointe elle n’est pas ouf, mais par contre comme elle accélère, c’est un truc de malade ! C’est impressionnant. Mais on arrive à un point que de faire la Balance de Performance, ça va devenir de plus en plus complexe avec toutes ces motos. En fait, pour faire bien, il faudrait faire moto par moto, enfin, team par team, mais bon quand on arrive là, c'est impossible à gérer. " 

En tout cas, pour le moment, nous on leur dit "Bravo !" car ils ont réussi à faire des courses très disputées, et on a quasiment toutes les marques dans des top 5 très serrés. 
"Oui. Ce qui s’est passé, au final, c'est que l’année dernière, les deux motos qui étaient vraiment devant étaient les deux Ducati officielles. Là, Oettl était blessé donc il n'était pas là, et Barni ne sont plus là. Donc si tu veux, de suite en fait tu enlèves les deux motos qui étaient problématiques. Parce que toutes les autres Ducati, elles n’étaient pas comme ça, et c’est pour ça qu’ils ont mis les datas sur les Ducati, pour arriver à rééquilibrer. Mais là, pour l’instant, l’idée que j’ai entendue, qui circule dans le paddock, c’était que pour mettre la Yamaha au niveau, ils voulaient baisser la puissance toutes les motos. Parce que ce qui s’est passé, c’est que les Yam, pendant les essais, elles se traînaient la bite. Et d’un coup, on arrive à la FP1 et qu'il faut aller sceller les moteurs, elles ont toutes pris 5 km/h dans la ligne droite (rires). Donc c’est comme ça qu’ils ont réussi à ne pas se faire brider. " 

Bon, écoute, pour le moment en tout cas, ça donne des courses intéressantes et ouvertes, contrairement aux années précédentes, et c'est ce que veulent les spectateurs. 
"Ouais, et il ne faut pas oublier non-plus qu'il y a beaucoup plus de bons pilotes que les années précédentes, et que les teams sont de plus en plus compétents. Le niveau global augmente d’année en année. " 

D’accord. Bon, Portimao, tu y vas dans quel état d'esprit ?
"Rien de particulier. Après, c’est une piste différente et là-bas, la chance qu’on aura c’est que normalement il n'y aura pas les X, il n'y aura que les 0, donc je risque d’être un peu moins emmerdé. Après, je ne sais pas trop comment le prendre, dans le sens où c'est une piste où tout le monde aura roulé, sauf nous. Donc voilà, c’est difficile de dire si ça va marcher, pas marcher. Donc j’y vais sans attente, comme en Australie, et on verra rapidement si ça marche ou pas. " 

Tu dis « tout le monde aura roulé sauf nous". Pourquoi ? 
« Parce que tout le monde a fait des tests déjà, et il y a encore des tests cette semaine. Nous, on n’y va pas, déjà parce que je suis blessé, et de toute façon ce n’était pas prévu." 

 Au niveau financier, tu termines 4e du championnat l'an passé, mais cette année tu es encore un pilote payant. Tu as pu au moins trouver de nouveaux sponsors ? 
« Ça m'a amené des sponsors liés à la marque de la moto. Donc par exemple Ducati France et Ducati Bayonne. Après, bien sûr, les sponsors que j’avais l’année dernière, je pense à la Fédération, Surplus Motos, les partenaires comme ça, ils  ont continué sans grosse hésitation, entre guillemets. Parce que sans parler des performances, j'organise quand même des événements au cours de l’année, je fais les vidéos, et parfois je fais des trucs un peu spécifiques pour les partenaires. Donc on va dire le tout global. Ça c’est intéressant pour autant pour que pour moi. Après, par contre, pour de nouveaux partenaires, je n’ai pas vraiment réussi à passer le cap, mis à part la marque de combinaison. Mais c’est tout, et il faut payer le team, dans mon cas le caméraman, les essais hivernaux, etc. Bon voilà, ce n’est pas une plainte, c’est juste une constatation, mais pour faire ce métier là, il faut aussi savoir générer de l’argent via les partenaires." 

Ce n'est quand même pas tout à fait normal à ce niveau-là. On est quand même dans un championnat du monde… 
« C’est comme ça (rires). Il faut vivre avec son temps. Le Supersport c’est une catégorie qui n’intéresse personne, et d’autant plus en France, le plus gros concurrent du Supersport, c’est l’endurance. Les mecs sont plus intéressés pour sponsoriser l'endurance que pour sponsoriser du Supersport, alors qu’en endurance ils font quatre courses à l’année alors que nous on en fait douze. Donc ça j’ai toujours du mal à comprendre, en plus qu’ils sont 4 sur une moto, alors que nous on est tout seul (rires). " 

L'endurance est une tradition française… 
« C’est une tradition française que je ne comprends pas, mais c’est comme ça." 

Tu parlais de Ducati Bayonne, qui avait entièrement brûlé et où on avait fait un reportage. Ils ont pu surmonter cette catastrophe ? 
"Oui, oui. La chance qu’il ont eue, c’est qu’ils ont retrouvé un autre local qui est vraiment splendide, et qu’ils ont mis beaucoup de pognon pour l’aménager. Et maintenant leur emplacement, c’est top, c'est beau, ça donne envie d’acheter des motos. Et c’est pareil, c’est un magasin qui est très actif sur la communication, sur les événementiels, donc c’est pour ça qu’on s’est bien entendu." 

 A propos, quelles sont les nouvelles dans ce domaine ? 
« Je vais organiser un événement pour mes partenaires en juin sur le circuit de Pau, où il y aura des baptêmes motos, il y aura des démonstrations, une course de karting, etc. Et par exemple, Ducati, ils vont mettre des motos à disposition pour les faire essayer. Donc voilà, c’est comme ça qu’on rend le partenariat viable. D’un autre côté, je vais recommencer les vidéos Youtube à partir de Portimao, donc pour ceux qui veulent les suivre, c’est sur DebiseTV. «  

Merci Valentin, et bonne saison à toi !

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