WSBK Supersport Interview Valentin Debise après l'hiver, les tests, l'Australie : « j'ai dépensé 10 000 € de pneus » (1/3)

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Fin 2024, nous avions laissé le Français Valentin Debise, 4e du championnat du monde WorldSBK Supersport, dresser le bilan d’une année positive et dessiner les contours de la saison à venir, aussi après la première manche 2025 en Australie est-il temps de faire un premier point sur la nouvelle aventure de l’Albigeois au guidon d’une Ducati Panigale V2.

Pilote très expérimenté, VD53 n’a jamais eu la langue de bois, donc ses débriefings sont toujours très intéressants pour tous les pistards francophones, et celui-ci ne fait pas exception…


Valentin, depuis la dernière interview et les premiers à Jerez, on a vu que tu avais une moto équivalente à celle du team pour t’entraîner un peu. Comment ça s’est passé avant d’arriver en Australie, et tu y es arrivé dans quelle optique ? 

Valentin Debise :  » Ce qui s’est passé, c’est que je n’ai essayé la moto du team qu’une seule fois à Jerez, début novembre. Et après ça, ils n’ont pas organisé de test, ou ils n’ont pas pu, je ne sais pas trop, et du coup moi, comme chaque année de toute façon, je me suis précipité assez vite pour récupérer une moto via Ducati Bayonne et Ducati France. Cela a été un gros chantier pour la monter à l’identique de ce que le team utilise, car il y a beaucoup de pièces à monter, et cetera, et vu que je ne connaissais pas la moto, ça a pris un peu de temps. Mais j’étais prêt et j’ai pu rouler le lendemain de Noël, le 26, j’ai pu rouler à Valence et faire les tests. Et heureusement, parce que déjà j’ai eu quelques problèmes avec la moto suite à un faisceau électrique défectueux que j’avais acheté neuf en Angleterre. Donc après, en voyant que les difficultés que j’avais sur la moto au début et en voyant que le team ne voulait pas forcément faire les entraînements, du coup je me suis organisé pour faire mes propres tests, et au lieu de faire du roulage comme d’habitude, là c'était vraiment des essais à proprement parler, avec un ingénieur que j’ai pris avec moi, la 2D pour la moto pour avoir des bonnes datas, et pas mal de matériel pour pouvoir faire les tests, essais de suspensions, essais d'angle de chasse, essais de biellette, sachant que sur ces motos Nouvelle Génération on peut changer beaucoup plus de paramètres. Donc d’un côté ce n’était mon travail de faire ça, mais d’un autre c’était vraiment intéressant de se pencher un peu plus sur la technique, et essayer de faire marcher la moto pour que ça me convienne. «  

Les réglages auxquels tu as abouti, ils correspondaient à ceux de la moto que tu avais essayé à Valence ou tu es parti dans une autre direction ?
 » Ce que j’ai fait, c’est que le team m’a envoyé un jeu de suspension qui était réglé à l’identique de ce avec quoi j’avais fini les tests à Jerez, pourque déjà je parte avec ça et que je retrouve les mêmes stations avec ma moto et la leur. Et tout de suite, c’était les mêmes, donc ça c’était déjà positif car ça voulait dire que le travail que je pouvais faire, ça allait m’aider pour la moto de course. Et après, j’ai quand même essayé d’insister pour comprendre si c’était moi le problème ou si c’était la moto. Je pense qu’il y avait un chemin à faire entre les deux dans tous les cas, parce que la Ducati, ben il faut la piloter quand même de façon légèrement différente, surtout notamment au niveau des phases neutres : il faut raccourcir ces dernières parce que la moto, elle n’aime pas être en phase neutre, quoi. En fait, elle veut toujours qu’on lui donne de l’action. Donc ça, il a fallu le temps que je le comprenne, et après, j'ai pris le temps de changer pas mal les réglages. Au final, j’ai changé quand même beaucoup de trucs, mais j’y suis allé vraiment petit à petit, parce que que ce soit moi ou Sébastien qui est venu avec moi, on ne connaissait pas la moto. Donc on s'y est mis petit à petit, on essayait, on faisait les contre-tests et tout, donc ça a pris du temps, mais au final, je ne sais plus le nombre de journées mais j’ai fait 2000 km en tout pendant l’hiver et j'ai dépensé 10 000 € de pneus (rires). Donc c’était un peu débile tout ce que j’ai dépensé comme argent pendant l’hiver, ça ne m’était jamais arrivé, mais bon, bref c’était comme ça, et à la fin je suis arrivé avec une moto qui me plaisait, et j’arrivais à faire des chronos corrects. Par contre, moi j’avais le moteur d’origine donc je sais qu’en moteur je perdais, et du coup c’est pour ça que même si c'était un peu mieux que ma R6 d’origine de l’année, je ne savais pas vraiment me situer, pour savoir si j’allais performer ou pas. Donc le juge de paix, ça allait être en Australie, quoi. " 

Lors du test de pré-saison en Australie, tu finis avec le 3e temps au cumulé. C’était quand même étonnant, vu de l’extérieur… 
" Ben oui, parce que même moi, franchement, je m’étais dit 'si, j’arrive à rentrer dans les 10 sur une des 2 courses, je serai content'. Et au final, dès les premiers tours de roues, j’ai fait 3 tours et j’étais à 2 secondes de mes chronos de l’année dernière avec la Yamaha. Tout de suite, je me suis bien senti et j’arrivais à appliquer de la vitesse. Et ma stratégie était claire : j’étais parti avec une moto que j’aimais bien, mais je n’étais pas parti avec la dernière moto que j’avais faite, parce que j’avais quand même changé des gros trucs, notamment sur l’angle de chasse et la longueur de biellette. Et du coup, j’ai refait pas mal de tests que j’avais déjà fait sur ma moto, pour confirmer déjà que ça allait dans la même direction et que les sensations étaient les mêmes. Et du coup, au début on s’est concentré juste à refaire les tests sans pouvoir forcément régler la moto pour le circuit. Et en fait, tout marchait bien, donc à chaque fois qu’on changeait quelque chose, je progressais, je progressais, et donc après les tests, j’avais déjà une bonne idée de la moto qu’il me fallait pour la première séance du week-end de course, et en fait tout le long on a visé assez juste. " 

Visiblement, parce que quand tu arrives en FP1, bingo, directement meilleur temps ! 
« A la FP1, ce que j’ai fait, c’est que j’ai fait une synthèse d’une moto qui me plaisait bien, avec un angle de chasse qui me plaisait. Donc une moto, on va dire un peu hybride par rapport à tous les tests que j’avais pu faire, et là on est tombé juste et ça marchait bien. J'ai fait les chronos seul, donc il n’y avait pas grand chose à dire:  assez content d’avoir trouvé un bon équilibre sur cette piste ! " 

Tu parles d’angle de chasse. On sait que l’Australie est quand même un tracé très particulier, très fluide, où n’y a pas de petits virages serrés. Tu crois qu'il va falloir modifier cet angle pour la suite ou pas ?
"Ouais, de toute façon j’ai déjà pointé des défauts sur la moto, ou du moins des choses que nous on n’arrive pas forcément à régler pour l’instant, notamment quand on a des températures chaudes. On en reparlera plus tard mais quand on a les températures chaudes, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, et je n’ai pas encore compris quoi. Parce que pendant tous les essais en Australie, il faisait moins 500° comme d’habitude (rires) et on n’a pas eu de températures chaudes. Et un des autres problèmes que j’ai cernés, c’est quand on met les pneus tendres, la moto elle a quand même tendance à mal tourner. Donc ça, ça veut dire qu’elle a un peu trop de grip sur le pneu arrière, et du coup elle ne tourne pas et donc je n’arrive plus à avoir de la vitesse de passage dans les virages. Donc ça ce sont les 2 points sur lesquels il va falloir se concentrer prochainement, sachant qu’à Phillip Island on n'avait accès qu’au pneu le plus dur de la gamme, donc on était embêté par rapport à ça. Je pense aussi que l’inconvénient que j’ai eu cet hiver quand je mettais des pneus tendres et que ça ne marchait pas super bien, mais là avec le pneu dur je pense que j’avais un petit avantage par rapport aux autres. " 

Bon alors FP1, premier, OK, mais Superpole la même journée, tu n'arrives pas à refaire ton chrono (1’32.724 vs 1’32.364) et tu te qualifies 5e. Pourquoi ? 

A suivre demain…

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