Le ministre de l'Économie italien : « Nous sommes devenus le pays leader automobile en termes de licenciements »
Hier à 04:34 AM
La relation entre Stellantis et le gouvernement italien s’apparente de plus en plus à celle d'un chien et d'un chat. Depuis des mois, les tensions montent autour des arrêts de production et des retards accumulés, notamment concernant la Gigafactory de batteries de Termoli. La déclaration du ministre de l'Économie, Adolfo Urso, résume bien l'état actuel de l'industrie automobile italienne : « Nous sommes devenus le pays leader automobile… en termes de licenciements. »
Une industrie en crise : arrêts de production et incertitudes
Les arrêts répétés dans des usines emblématiques comme Pomigliano, Cassino, Turin, et désormais Termoli, illustrent une crise profonde. Le projet de reconversion de l'usine de Termoli, future Gigafactory de batteries pour véhicules électriques gérée par la joint-venture ACC (Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies), cristallise les frustrations. Malgré son importance stratégique pour la transition énergétique européenne, le projet accumule retards et promesses non tenues.
Le 17 septembre dernier, une réunion sous haute tension s'était tenue à Palazzo Piacentini, siège du ministère des Entreprises et du Made in Italy (MIMIT). Les représentants de Stellantis, Mercedes-Benz, TotalEnergies, la région Molise, et les syndicats avaient été convoqués pour obtenir des réponses sur les délais de reconversion de Termoli et sur le maintien des emplois promis. Cette réunion a laissé un goût amer : beaucoup de paroles, mais peu de garanties.
Une impatience croissante au sein du gouvernement
Le ministre Urso ne cache plus son exaspération. Lors de récents débats parlementaires, il a vivement critiqué Stellantis pour son absence de vision stratégique. Carlos Tavares, PDG du groupe, a été accusé de pratiquer un silence radio, évitant de présenter un plan industriel clair. Quant à John Elkann, président de Stellantis, son refus de répondre directement aux convocations a choqué l'hémicycle italien.
« Stellantis doit respecter ses engagements ou faire face à des conséquences drastiques », a averti le ministre. Le gouvernement italien, après avoir augmenté le Fonds automotive à 640 millions d'euros pour soutenir la transition énergétique, exige un retour sur investissement clair : des modèles produits en Italie, des emplois préservés, et des plans industriels convaincants.
Giorgia Meloni entre en scène
Face à l'enlisement des discussions, les syndicats de métallurgie (Fim, Fiom et Uilm) ont récemment sollicité une intervention directe de la Première ministre, Giorgia Meloni. Ils réclament une réunion d'urgence à Palazzo Chigi, soulignant que le statu quo n'est plus acceptable. La pression monte, et les organisations confédérales menacent de prendre des actions directes si leur demande reste sans réponse.
Un secteur stratégique à la croisée des chemins
Au-delà de la Gigafactory de Termoli, c'est tout le secteur automobile italien qui se trouve à un tournant. La transition vers les véhicules électriques exige des investissements massifs, mais aussi une coordination étroite entre l'État et les industriels. Pour l'Italie, berceau de marques prestigieuses comme Fiat, Alfa Romeo, et Maserati, l'échec n'est pas une option. Pourtant, les tensions actuelles montrent que le chemin sera semé d'embûches.
Les enjeux dépassent les simples considérations économiques. Le gouvernement Meloni a fait de la souveraineté industrielle une priorité. À plusieurs reprises, le ministre Urso a insisté sur l'importance de relocaliser les productions en Italie, notamment des modèles Fiat actuellement fabriqués en Serbie, en Pologne et au Maroc. Ce reshoring est perçu comme vital pour préserver l'emploi et maintenir un tissu industriel compétitif.
Quel avenir pour l'automobile italienne ?
Alors que Stellantis se prépare à dévoiler un « plan Italie » d'ici décembre, les attentes sont élevées. Ce plan devra convaincre le gouvernement et les syndicats en garantissant des investissements clairs, une montée en puissance des usines italiennes, et une réelle prise en compte des enjeux sociaux.
En attendant, les travailleurs et les dirigeants italiens restent dans l'incertitude. Les mois à venir seront décisifs pour l'avenir de l'automobile italienne, un secteur qui porte non seulement l'histoire, mais aussi l'identité industrielle du pays. Si Stellantis veut éviter une rupture totale avec Rome, il devra prouver qu'il peut être un partenaire fiable pour l'Italie.
Malgré cette situation alarmante, des perspectives se dessinent pour l'industrie automobile italienne. Stellantis a confirmé l'arrivée prochaine de plusieurs modèles stratégiques, tous produits en Italie :
- Fin 2025 : une Fiat hybride thermique, une alternative pour les segments plus accessibles ;
- 2025 : une nouvelle Alfa Romeo Stelvio, modèle clé pour la marque premium d'Alfa Romeo ;
- 2026 : une Alfa Romeo Giulia de nouvelle génération ;
- 2027 : une Lancia Gamma, incarnant le renouveau de cette marque historique italienne ;
- 2027 : un nouveau SUV Maserati Levante, conçu pour renforcer la gamme SUV du trident ;
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