MotoGP 2024 Australie : Le c…, le bon, l'abrupt et le truand

Bien sûr, Marquez apparaît dans deux rubriques dont la première n'existe pas officiellement, car il est d'abord le c... de l'histoire en début de GP avant d'en devenir le héros. Les visières des casques sont recouvertes de tear off, des films de plastique souple que l'on arrache en cas de besoin, quand la vision est gênée. Une création du Motocross d'ailleurs, où si tu n'es pas en tête d'un GP pluvieux, tu es vite une statue de boue et on ne voit alors plus que les yeux des pilotes, qui viennent d'arracher un de leurs tear off. La règle en MotoGP est simple, on ne jette pas de tear off usagé sur la ligne de départ, évident, c'est du plastique et ça glisse comme du verglas. Marquez s'est pris un énorme insecte lors du tour de chauffe, ou peut-être même une merde d'oiseau sauvage, sur la ligne de départ il doit arracher une visière et avec le vent (Bagnaia l'a repéré et flairé le bon coup) elle se place sous sa roue arrière, il se retrouve treize au départ ! Damned ! Encore foutu, comme la veille ? Là on passe à la deuxième rubrique, le bon...

Puis, le grand, l'immense Marquez, celui de la légende des très grands prend la place du couillon qu'il a été, remonte tout le monde, perd un peu de temps pour passer Bagnaia dont il sait qu'il est capable de refuser un block pass (au prix d'un accrochage !) mais ledit Bagnaia a d'autres chats à fouetter, lui joue le titre, Marquez joue la victoire, même histoire avec Martin qui est alors encore devant eux. On a vu le reste, Marquez gigantesque de maîtrise, qui suit Martin pour économiser ses pneus, qui sait où il passera, un loupé puis un deuxième dépassement qui cette fois lui donne le statut de héros de la course. Sur le plus beau circuit de l'année. Devant beaucoup de spectateurs, il a fait beau et il est une vraie vedette au pays des Wallabies... Donc prix d'honneur. Un autre pour Martin qui a claqué une pole phénoménale, qui a touché le bitume de l'épaule à plusieurs reprises, qui a été magnifique en sprint (conne d'hab' en fait c'est génial) et a dû penser assez vite qu'il jouait le titre, pas à contrer un Marquez impérial. Autre prix d'honneur pour Quartararo qui finit dans le Top Ten, cette place est un signe de début de reconquista. Mais c'est long le retour au tout devant. Bel accessit pour Zarco qui termine dans les points depuis quatre ou cinq GP, là aussi la lumière apparaît au bout du tunnel. Prix d'honneur pour Alonso qui a fait un week end discret avant de gagner avec la superbe d'un Alexandre le Grand (bataille de Gaugameles) un GP dont il prend les rênes bien avant l'arrivée ! Et il égale le record de Rossi de onze victoires en 125 en 1997. Il peut le battre ce record, il lui reste trois GP ! Et encore un prix d'honneur pour Aldeguer, avec qui je n'ai pas été tendre en cours d'année car il y a eu des GP où on ne comprenait pas ce qu'il va faire en MotoGP chez Gresini en 2025... En Australie, duel gigantesque avec Canet, baston tellement rare en Moto2, catégorie bâtarde s'il en est, qu'Aldeguer gagne à la Marquez ou à la Rossi dans le dernier tour, en n'hésitant pas à user son carénage contre celui de son adversaire ; et la jambe de sa combarde d'ailleurs, un peu mangée par le pneu avant de Canet. Bravo mec... Au fait, Ducati n'avait encore jamais placé six motos aux six premières places, c'est fait...

J'ai un confrère, connu sur les GP, qui a tout fait dans sa vie, agent de pilotes bien sûr, conseiller commercial, il a même fait du journalisme. Ses prédictions sont souvent vaseuses, mais il a une bonne connaissance du paddock et il pose cette question. Acosta est une nouvelle star en vue mais s'il a commencé la sai son sur des chapeaux de roue (expression d'ailleurs idiote en deux roues, sur un ancien fiacre, en virage, les roues s'inclinaient vers l'extérieur et on touchait la partie de la roue qui se trouve sous les cercles de fer) en ce moment il passe sa vie par terre au point d'avoir plus chuté que Marc Marquez ! Alors c'est dans sa tête ou la meule est complètement dépassée ? Chute en sprint, blessé et donc ne pouvant courir le GP le lendemain. Elément de réponse, Binder et lui, qui ne sont pas des tanches (expression d'aviateurs) sont six et sept au général, avec moins de la moitié des points des deux Ducati de tête. En Australie, Binder a terminé le GP quinze secondes derrière Marquez ! Bref chez KTM « Achtung ! ». Et puis il y a l'affaire Bezzecchi/Vinales. L'Aprilia est en baston avec la Ducati, Vinales finit par passer en trombe mais son aéro avale littéralement la Ducati de Bezz'. Qui est incapable de freiner et heurte l'arrière de l'Aprilia de façon très violente, chance incroyable pas de blessés. Immédiatement Stoner (et ma pomme mais je pèse moins qu'une feuille morte à côté d'une légende comme lui) dénonce l'aéro et il a raison. Voilà où on va avec ces ailerons laids comme des poux et dont les ingés, qui ne sortent pas de chez Dassault, on du mal à calculer les effets secondaires de leurs trouvailles soi-disant géantes mais qui mettent une pression avant tellement importante que les ingés Michelin, qui eux non plus ne sont pas des tanches, loin de là, ne peuvent contrer. On va arrêter quand ces conneries ? En 2027, d'ici là, il faut juste espérer qu'un pilote ne va pas perdre la vie...

On se souvient peut-être de cette chanson de Guy Marchand « Destinée » dans le film « Les sous doués en vacances ». Ecrite pour être ringarde (par Vladimir Cosma quand même, auteur musicien de Rabbi Jacob, l'As des as, La boum, Le grand blond etc...) et donc composée sur les notes inversées de l'Eté indien de Dassin. Chanson ringarde qui est finalement devenue un énorme hit (repris dans « Le père Noël est une ordure »). En fait le destin peut être incroyablement cruel (il devient alors la destinée) ou joueur, merci à lui de mon milliard d'instants précieux. En Australie, il a été incroyablement joueur. D'abord le tear off sous la roue AR de Marquez au départ (ça, quel scénariste de génie aurait pu l'inventer ?) Ensuite une remontée à peine croyable (même dans la série Looney Tunes et son héros Bip Bip) un dépassement très propre raté et un second genre joute médiévale, un Marquez géant sur un circuit géant. Mais au passage le destin a encore joué. Il nous donne un GP à couper le souffle mais il pique cinq points à Martin au général. Si le titre se joue à moins que ça, le destin aura vraiment été un truand, mais beau gosse avec smoking, qui connaît les rouages des roulettes des casinos du monde entier...

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