MotoGP 2025 : KTM/MotoGP est une entité financière à part !
Hier à 04:08 PM
Il faut remonter un peu en arrière, à une phénomène étonnant. Durant la période COVID où tout était interdit, impossible de se faire plaisir finalement sauf à acheter des motos et à faire des balades ; et KTM a fait un chiffre de ventes considérable ! la crise passée on a cru que la flambée des ventes continuerait (on sait qu'en particulier les compagnies d'aviation on alors fait des bénéfices considérables mais elles n'avaient vu personne pendant la crise). Et là erreur, les ventes diminuent, ce qui est logique, les achats ont déjà été faits l'année précédente. Mais KTM surfe sur la vague positive (en 2024 on réduit quand même la fabrication de 30% mais c'est loin d'être suffisant) et continue de produire, le tas d'invendus commence à se former... Jusqu'à représenter près de 130 000 motos représentant plus d'un milliard et demi d'euros. Là est la faute initiale du management, ne pas réduire la fabrication suffisamment alors que manifestement les beaux jours sont finis. Plus généralement, aujourd'hui, les grandes marques automobiles entrent en mode panade, Volkswagen, l'un des dix plus grands groupes automobiles au monde (120 000 salariés en Allemagne) va fermer au moins trois usines, diminuer la surface de ses ateliers de fabrications, réduire les salaires de ses ouvriers, en cause la baisse des ventes, la faiblesse du marché chinois et le ratage de l'électrique. Cette décision de gens qui ne connaissent rien à l'auto ou la moto et qui veulent que l'on n'ait plus de moteurs thermiques en 2035 est une crétinerie sans nom. On a vu aussi que Carlos Tavares, considéré il y a quelques mois comme un dieu chez Stellantis au point d'imposer des augmentations de salaires démentielles (35 millions sur une année !) à ses actionnaires s'est fait jeter par le conseil d'administration séance tenante ces jours-ci... Bien des marques sont en difficulté à cause de ce manque de clairvoyance total dans l'avenir. KTM a un peu le même problème, pas de production prévue en janvier et février, baisse des salaires, des milliers de licenciements. Bien sûr, on peut imaginer qu'une boite indienne comme Bajaj, qui possède déjà 51% des actions de KTM, va monter au capital, KTM deviendra à son tour une boîte extrême orientale... Les Chinois, qui se mettent à construire de grosses cylindrées, lorgnent aussi sur la proie... Et c'est là que l'on apprend que le service course n'est pas dans la tourmente...
On apprend ces jours-ci que KTM Racing AG, qui est évidemment basée en Suisse, qui s'occupe de toute la compétition chez KTM, le Cross, le MotoGP, le Supercross US, le rallye raid est en fait une entité financière indépendante de KTM, qui n'est donc impactée en rien par les problèmes de la maison mère. Cette solution exista aussi pour d'autres marques, une façon se se mettre à l'abri des courbes malveillantes de l'industrie, une façon aussi de ne pas intégrer ses budgets colossaux dans les comptes de l'entreprise. En particulier les sous des sponsors, que l'on imagine pharaoniques au niveau d'un team mais qui sont un grain de riz dans une dette qui dépasse les deux milliards... Cela dit bien sûr, en cas de disparition de la boîte (les autorités autrichiennes disent déjà que KTM est trop important pour disparaître du marché, l'histoire devient nationale) il y a aurait évidemment des conséquences sur les entités financières collatérales, la preuve est que le management d'Enea Bastianini, qui a signé en pleine effervescence en mars est aujourd'hui très inquiet, sur le contrat et surtout sur la qualité des pièces que KTM peut ajouter à ses motos de compétition). La date butoir est le 25 février, à laquelle les banques accepteront de s'asseoir sur 70% de leurs créances, mais quand c'est ça ou rien... Et puis si le business repart, on pourra se refaire... Au fait, qu'est ce qui a déclenché cette insolvabilité ? C'est semble t'il un petit fournisseur, sur une dette de quelques centaines de milliers d'euros impayée ; or, pour un petit sous-traitant, ce genre de somme peut être dramatique. D'où une procédure contentieuse qui a enclenché le reste. Depuis la tristement célèbre affaire de Law (on prononce « lass » en vieux français, l'homme est écossais) qui est la première expérience de monnaie papier en France, sa banqueroute en quelques heures, c'était il y a trois cents ans, on comprend que le capitalisme a peu changé...