MotoGP 2025 : Yamaha à Suzuka, Marquez craint par les héros

L'affaire remonte à loin, en 2019, la direction de course s'est comportée de façon erratique en fin de l'événement probablement le plus illustre (avec le TT de l'île de Man) du sport moto. Acte 1 du désastre, il fait un temps exécrable sur la fin de course, la Kawasaki de Rea, Haslam et Razgatlioglu (ce dernier d'ailleurs, va estimer avoir été grugé, il a très peu piloté, il quitte Kawasaki) est donc en tête. Rea chute à deux minutes de la fin. Drapeau rouge. Comme le pilote Kawa ne parvient pas à ramener sa moto dans les cinq minutes suivant le rouge, la Kawa est déclassée. La Yamaha est montée en haut du podium avec presse et tout le tralala. Acte 2. Des heures de discussion mais la direction de course a oublié une règle fondamentale du drapeau rouge. Le résultat est celui du tour précédent... Et la Kawasaki est réintégrée, il est très tard dans la nuit, il n'y a plus tripette sur le circuit, on rappelle le team Kawasaki à son hôtel pour photographier un autre podium avec évidemment zéro public et zéro journaliste. Difficile de faire plus nul. Le vainqueur est donc une Kawasaki qui n'a pas passé la ligne d'arrivée ! Chez Yamaha, on l'a très mauvaise, Suzuka est la course la plus célèbre au Japon, quand on touche à l'honneur chez les descendants des Samouraï, c'est grave! Et donc Yamaha décide qu'on ne les y reprendra plus. En plus la marque bleue sortait d'une série phénoménale de quatre victoires d'affilée... A part Honda, personne n'a réussi ce tour de force depuis la création de la course en 1978. Plusieurs années plus tard, Yamaha considère que le circuit a été puni et réintègre la course avec une moto officielle. On connaît l'un des pilotes, Nakasuga, un vétéran qui a gagné l'épreuve quatre fois, il est probable que pour les autres, on cherche en WSBK et en MotoGP qui a envie de gloire absolue... Alors, Zarco a gagné en 2024 et a envie de remettre ça, ça a d'ailleurs été une sorte de déclic libérateur pour lui, un Quartararo ? Un Miller ? Rea est encore blessé, pas facile d'imaginer l'envoyer dans cette épreuve dingue.

La quatre-vingt-dixième victoire de Marc Marquez, décrochée en Argentine, le fait entrer au Gotha des GP de vitesses. Il est troisième ex-aequo avec Angel Nieto au nombre de victoires toutes cylindrées confondues. Devant eux il y a Rossi (115) et Agostini (122). Au nombre de titres, Marquez en a huit et il lui en manque un pour égaler Rossi. Les deux autres sont quasi intouchables, Nieto treize titres, Agostini quinze... Il n'empêche, arriver au niveau de Nieto est une entrée dans un club très fermé (et pour longtemps, pour trouver un concurrent encore en activité, il faut remonter à la quatorzième place avec Bagnaia, trente-huit victoires dont vingt-huit en 500/MotoGP... ). Et il se passe un truc étonnant chez les deux autres héros de ce Gotha (Nieto est mort) qui ont une peur bleue de se voir reprendre ! Surtout chez Rossi avec en plus une haine noire pour Marquez, haine reprise par Uccio, copain d'avant de Rossi et accessoirement porte-parole (parfois même un poil perroquet) qui dit avec détestation que Marquez ne doit pas rejoindre les chiffres du dieu de Tavullia. C'est terriblement enfantin, un record est fait pour être battu ! C'est le principe d'un record d'ailleurs. Il comptait sur Bagnaia pour faire barrage mais en début de saison, le barrage est fissuré ! Pour sa part, Ago regrette la haine qui ruisselle sur un héros qui a juste retrouvé sa forme et sa faim de victoires. Une dope que connaît bien Ago, qui admet quand même du bout des lèvres qu'il n'aimerait pas que... Mais en précisant que si cela arrive, il le félicitera. Bon il manque aujourd'hui vingt-cinq victoires à Marquez pour égaliser Rossi, ce qui est encore énorme, il lui en manque trente-deux pour aller chercher Ago, c'était sans doute imaginable s'il n'avait pas passé trois ans sur le billard, ça devient un objectif moins probable aujourd'hui... A part les neuf titres de Rossi où en effet, on voit se dessiner une sorte de pointillés. Dur d'être un héros !

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