MotoGP USA 2025: Le bon, l'abrupt et le truand

Jake Dixon n'est pas un perdreau de l'année, il a 29 ans, il est en Moto2 depuis 2017, il n'a que six victoires dont celle des USA, de la première à la quarante-cinquième place il a fait tous les résultats de cette fausse cylindrée juste avaleuse d'espoir. Mais c'est un garçon charmant, il est enfin en tête de ce championnat après deux victoires consécutives, la valeur, contrairement à ce que dit le Cid à Chimène, attend parfois le nombre des années. Ce qui m'a ému c'est bien sûr sa performance, sur une piste mouillée il a pulvérisé le monde entier (comme Marquez après lui mais Jake est resté en selle) mais surtout, je regarde les GP sur MotoGP TV, c'est en anglais mais on ne fait pas mieux, avec de très savoureuses expressions. Au moment du « God Save » les deux commentateurs étaient émus et ont évoqué Mike Hailwood, qui, on le rappelle, a un palmarès de neuf titres, comme Rossi et Ubbiali. L'Angleterre est, derrière l'Italie et l'Espagne, le pays qui détient le plus de victoires en GP. Honnêtement, cette victoire était un moment ...« delicious »!

Bien sûr, c'était ma terreur depuis mardi, j'appréhendais cette chute en tête de GP, spécialité de Marquez aux USA ! Parce que j'adore les victoires en baston, pas celles où un pilote ramasse une gamelle et l'autre ramasse la victoire. Avec raison, Gigi dall'Igna, on connaît sa fierté de voir Marquez revenu en tête du monde, dit « Chi cade paga » celui qui tombe paie, c'est cruel mais totalement vrai. Marquez est nerveux, on racontera ci-après son coup de poker raté au départ, la veille il s'est fait couillonner au départ par un Bagnaia parti six, il a manqué de s'en mettre une (mais magnifique figure de rodéo !) pour reprendre la tête tout de suite, on dit de lui qu'il est le roi d'Austin c'est vrai, mais on sait ce que c'est la royauté, il l'a d'ailleurs dit durant tout le week end, en un millième de seconde tu n'es plus rien. Cette fois il part devant, on l'a vu freiner très fort sur sa position de départ, activer l'abaissement de suspension de façon un peu fébrile, il est énervé. Il castagne Bagnaia, lui collant jusqu'à deux secondes six. Bagnaia qui a intégré que s'il est normal que Marc Marquez le tape, il est insupportable de voir Alex devant lui avec une meule pas aussi performante. Il passe Alex, il est enfin en mode combat. Mais il est archi battu en pilotage. Marc attrape un vibreur ! Hors, quand il vient de pleuvoir, la piste peur être sèche mais le vibreur, lui, est toujours plein d'eau. Bref, faute de pilotage, quasi insupportable mais bien réelle. « Chi cade paga» son frère est leader au mondial d'un point, Bagnaia a ramassé 25 pojnts d'un coup, le chuteur paie mais paie fort ! Autre truc improbable en Moto2, Manu Gonzales (photo ci-dessus, Gold & Goose) alors en tête du mondial devant Dixon, part en slicks avec quelques autres pilotes alors qu'une sorte de brouillard électrique (film génial de Tavernier tourné dans le sud des USA) envahit la piste, un truc gluant au possible, décision incompréhensible et en cours de GP, il se prendra, avec les autres, un tour dans la tronche, la honte ! Il n'est plus du tout leader au général bien sûr.

Une caméra a filmé l'intégralité de la scène sur la grille de départ, le lien est ici et ci-dessous. C'est en italo/espagnol traduit en anglais mais c'est un grand moment... Marc demande à son mécano si Bagnaia est en pneus pluie, réponse affirmative. Il lui parle tout doucement, à l'oreille. Bref il prépare son coup. Mais il doit mettre son ingé piste au courant qui par intercom dit au stand de préparer la deuxième moto en pneus slicks. Il lui dit qu'il va courir changer de moto avant le tour de chauffe, que donc il partira des stands (en prétextant évidemment une panne sur la grille) mais qu'étant en slicks, il va mettre tout le monde fanny. Même avec une pénalité parce que les autres devront changer de pneus pendant le GP ! Il lui dit aussi de ne rien dire... sauf que l'ingé a ordonné par intercom le changement de pneus au stand, et tout le monde peut entendre l'intercom. Et ça marche ! Mais Bagnaia, qui est probablement au courant, se met à courir aussi en laissant sa moto sur béquille, du coup course générale, tout le monde a pigé, en retard pour ceux qui ne sont pas du team Ducati, quand Marquez se met en ligne en bout de stand, ils sont trois puis cinq puis innombrables. C'est raté. Pour tout arranger, une voiture d'ouverture se met dans les rails ! (Euh, mauvaise pub pour la tenue de route de la très chère voiture officielle !). Mais du coup on part en slicks avec une vraie course. Et un vrai tour de chauffe. Cela dit Marc est énervé, tenter un coup comme ça, il y en a peu dans l'histoire (sauf chez les militaires, un Alexandre à Gaugamelès, un Napoléon à Austerlitz, dans le rugby et le basket il y a aussi des histoires comme ça mais plus courtes). Marc Marquez perd son pari puis perd la course, le destin a été cruel. Mais on a assisté à un coup de maître, même raté, c'était superbe.

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