McLaren-Red Bull : un duel plus ouvert qu'il n'y paraît ?

https://f1i.autojournal.fr/wp-content/uploads/sites/17/2025/04/f1-duel-red-bull-mclaren_0.jpg

Après avoir remporté trois Grand Prix en cinq manches, Oscar Piastri a pris la tête du classement provisoire du Championnat du monde. Un résultat qui reflète les progrès et la solidité de l’Australien, qui dispute seulement sa troisième saison de Formule 1.

Son avance, pourtant, n’est pas énorme après cinq Grands Prix : à peine 10 points sur son équipier Lando Norris et 12 sur le pugnace Max Verstappen.

Ce faible écart, qui illustre combien l’actuel début de saison est disputé, contraste avec la campagne passée. En 2024, après avoir visité les cinq même circuits, le leader Verstappen possédait en effet 25 points d’avance sur Sergio Pérez, 34 sur Charles Leclerc et 41 sur Carlos Sainz (52 sur Norris et 72 sur Piastri). À l’époque, la RB20 dominait copieusement la concurrence ‒ beaucoup plus que la McLaren MCL39 aujourd’hui.

En comparant ci-dessus les écarts en performances pures entre les cinq premières courses de 2024 et celles de 2025, on s’aperçoit que la RB20 de l’an passé avait signé toutes les pole positions et possédait trois dixièmes d’avance sur sa plus proche concurrente et presque quatre sur la deuxième.

L’actuelle MCL39 est certes la plus rapide, mais elle a manqué la pole à deux reprises et bénéficie d’une marge de deux petits dixièmes sur ses deux rivales les plus proches (la Red Bull et la Mercedes). Si Verstappen n’avait pas loupé son départ en patinant, il aurait peut-être remporté la course, preuve que la Red Bull peut être très rapide.

Une McLaren rapide mais pas aussi dominatrice que la Red Bull 2024

De l’avis général, et comme le montrent nos graphiques, la McLaren est la meilleure machine du plateau. Mais sa suprématie n’est pas absolue, comme on l’a vu en Arabie saoudite.

Selon Norris, l’apparente domination des bolides orange tient au fait qu’ils adoptent des cartographies moteur plus agressives dès les séances d’essais libres. Une analyse que nuance son voisin de garage :

“Max était plus rapide que ce à quoi je m’attendais, a confié Oscar Piastri à l’arrivée à Djeddah. Sur un tour, je n’étais pas surpris de le voir aussi bon, mais en course, honnêtement, je ne m'attendais pas à avoir autant de mal à la fin du relais en gommes médiums.”

“Notre voiture est très bonne, mais le tracé et la surface de la piste ressemblent à Suzuka ‒ et ce sont les deux circuits où Max et Red Bull ont été plus proches. On a du pain sur la planche.”

Forces et faiblesses de la McLaren et de la Red Bull

La Red Bull 2025 négocie bien les virages à haute vitesse qui sont nombreux à Suzuka et Djeddah. Elle tire également son épingle du jeu lors des freinages dans les virages lents. Ce qu'elle n'apprécie guère, ce sont les virages à moyenne vitesse :

“Elle souffre quand il faut chaud, comme tout le monde à l’exception des McLaren, analyse Verstappen. Les pistes où il faut beaucoup de rotation en milieu de virage et où il y a de longs virages nous posent de gros problèmes.” et des virages à haute et basse vitesse plutôt qu'à moyenne - ainsi qu'un circuit sur lequel Verstappen pourrait faire davantage la différence.

La McLaren, elle, est rapide quasiment partout (même si sa vitesse de pointe avec DRS ouvert n’est pas exceptionnelle), mais elle perd parfois subitement de l’adhérence sans crier gare. Selon Andrea Stella, elle ne donne pas beaucoup d'informations à ses pilotes, qui doivent deviner ses réactions : “Si le pilote freine un mètre plus tard, ou s’il est plus rapide d'un kilomètre/heure au milieu du virage, la voiture réagit d'une manière que le pilote n'a pas anticipée Il en devient le passager en quelque sorte.”

Quant aux Mercedes et Ferrari, elles sont en retrait, à des degrés divers. Depuis l'ouverture de la saison à Melbourne, Charles Leclerc a toujours été à trois ou quatre dixièmes de la pole position. La W16 de George Russell est plus proche du duo de tête, même si le dernier Grands Prix a mis en évidence une tendance de la Flèche d’argent à faire surchauffer ses gommes.

Prime à la pole position

À Djeddah, il y avait un centième entre Verstappen et son dauphin Piastri en qualifications, et à peine neuf secondes entre les quatre premiers en course. Or, le fait que les performances entre les voitures de tête soient si serrées complique les dépassements. Comme les différentiels sont faibles, les pilotes ont du mal à doubler.

D’autant que les F1 2025 produisent des turbulences particulièrement gênantes pour la voiture qui suit. Voilà pourquoi presque toutes les victoires ont été remportées depuis la pole cette saison.

L’air propre que traverse la voiture du leader donne un net avantage au pilote qui s’élance en tête. On l’a bien vu en Arabie saoudite. Après environ 12 tours, le quadruple Champion du monde a augmenté le rythme et distancé Piastri, qui avait abîmé ses pneus avant en restant à portée du DRS dans l’air sale de la RB21 :

“Cela n’a pas été la victoire la plus facile, confiait le vainqueur. Le départ a été délicat, le premier relais a été difficile derrière Max. Et puis une fois que j'ai eu de l'air propre, c'était un peu plus facile à gérer.”

On peut imaginer que Piastri n'a pas trop forcé, conscient qu'il maîtrisait la course et la concurrence. Mais il n’est pas sûr qu’il bluffe. Ses 10 points d'avance ne pèsent pas lourd alors qu'il reste 19 Grands Prix à disputer et que le durcissement des règles concernant la flexibilité des ailerons à partir du Grand Prix d’Espagne pourrait nuire à son équipe.

Bref, cette saison aux écarts infimes est plus disputée que jamais. On ne va pas s’en plaindre !

×