Arrêt Renault F1 : Bernard Dudot en remet une couche !

Pionnier de la révolution du moteur suralimenté chez Renault Sport au milieu des années 70 après un stage aux Etats-Unis chez le spécialiste du turbo Garrett, le jeune ingénieur avait pris la tête des motoristes à Viry-Châtillon dans les années 80.

Bernard Dudot était aux manettes quand la Régie se retira des Grands Prix en 1986 mais il avait convaincu ses patrons de maintenir une "cellule de veille" qui déboucha sur le fameux V10 3,5 litres atmosphérique qui allait dominer la F1 dans la décennie suivante avec Williams et Benetton (photo ci-dessus).

L'ingénieur quitta Renault Sport en 2005 après le premier titre d'un châssis Renault propulsé par un de ses moteurs aux mains de Fernando Alonso pour ensuite exercer son art en tant que consultant, notamment auprès de Mecachrome et des GP2 Series.

Avenir incertain

Sa réaction après l'arrêt de l'activité moteur F1 à Viry est donc très attendue, notamment à propos de la notion de "cellule de veille" qui lui est chère, et il s'est longuement confié dans le dernier numéro d'AUTOhebdo.

"Le projet en cours était très prometteur, assure-t-il. Les premières projections montrent qu’il est extrêmement dans le coup. Tout cela est très décevant. Le problème, c’est que la F1 entre les mains d’un grand groupe comme Renault est toujours une aventure dont l’issue est des plus incertaines."

"Quand on se lance dans ce genre de métier, il faut s’attendre à des chocs de ce type qui sont épisodiques, qui quelquefois ne durent pas, qui révèlent d’autres choses, qui permettent de changer de direction ou au contraire de revenir d’où l’on est parti, explique-t-il. Les gens qui bossent en F1 le savent, mais ça reste une perte énorme, car il y à Viry-Châtillon un potentiel, un savoir-faire, un équipement uniquement dédié à la Formule 1 qui sont peu exploitables pour d’autres projets."

La F1 est une vitrine

"C’est aussi un coup porté au sport automobile français, mais comme on l’a déjà vu dans ce milieu de la F1, il y a des rebondissements inattendus, prévient-il. Des opportunités se présenteront de nouveau. Chez les constructeurs, après avoir balancé le bébé et l’eau du bain, il n’est pas rare qu’ils souhaitent se donner de nouveaux objectifs. Il ne faut pas oublier que la F1 n’est pas qu’une vitrine pour un grand groupe comme Renault, c’est aussi un moyen d’animer l’intérieur de l’entreprise."

"Louis Schweitzer, patron à mon époque, avait bien insisté qu’il faisait de la F1 pour l’animation interne de son entreprise, des concessions, des industriels, des bureaux d’études, etc, précise-t-il. Le lendemain d’un beau Grand Prix, il y avait toujours un enthousiasme dans l’établissement. C’était un moyen de faire avancer les choses en termes de cohésion de l’entreprise."

Des moyens pour la cellule de veille

"Je me félicite de voir qu’une cellule de veille soit mise en place, car c’est ce qui permettra de revenir dans les meilleures conditions le jour où le Président aura changé d’avis, poursuit l'ingénieur. Il sera alors possible de remettre la machine en route assez vite. De Meo a tout intérêt à mettre Viry en position de pouvoir revenir dès que cela sera possible."

"Il faut que cette cellule de veille puisse faire son travail dans les meilleures conditions possibles et ça demande un minimum de moyens humains, techniques et financiers. Sans ces moyens, c’est de la poudre aux yeux !" conclut Dudot.

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