
Retour aux V10 atmosphériques ? La fronde des constructeurs !

03/25/2025 01:03 PM
Depuis l’arrivée des V6 turbo hybrides en 2014, la Formule 1 a radicalement changé de sonorité. Plus silencieuses, plus complexes et plus vertes, les monoplaces modernes n’ont jamais vraiment séduit les nostalgiques des rugissements stridents des anciens moteurs atmosphériques, notamment les mythiques V10.
Onze ans plus tard, cette nostalgie ne faiblit pas. À chaque fois qu’une ancienne monoplace fait un tour de démonstration, c’est une vague d’émotion qui traverse les fans, les mécaniciens, et parfois les pilotes eux-mêmes.
La FIA lance le débat
Ce courant de pensée semble avoir trouvé un écho jusque dans les hautes sphères de la FIA. Son président, Mohammed Ben Sulayem, a récemment déclaré qu’un moteur V10 alimenté par un carburant durable pourrait représenter une voie d’avenir. Un retour en force du passé, mais teinté de modernité, qui pourrait intervenir plus vite que prévu.
Selon plusieurs sources, un groupe de travail planche déjà sur un possible retour du V10 à l’horizon 2028. En parallèle, la durée de vie des actuels V6 hybrides serait prolongée jusqu’en 2027, alors qu’ils étaient censés disparaître en 2025 pour faire place à une toute nouvelle génération de blocs hybrides renforcés.
"Souhaitons-nous adopter un autre type de moteur trois ou quatre ans plus tard ? interroge Nikolas Tombazis, le responsable monoplace de la FIA. C’est la première question. C’est une question qui s’inscrit dans la durée pour le sport. Si la réponse est oui, la deuxième question se pose : que ferons-nous dans l’intervalle ?"
Gare aux constructeurs...
Ce changement de cap soudain aurait des conséquences considérables. Les motoristes, engagés depuis des années et à grand renfort de dizaines de millions d’euros dans le développement des futurs moteurs 2026, pourraient tout simplement claquer la porte. General Motors (Cadillac), Audi (qui a déjà officiellement exprimé son opposition aux V10), Red Bull Powertrains (Ford) : autant de projets qui risqueraient d’être gelés, voire abandonnés, si l’on enterre prématurément les V6 nouvelle génération.
Sur le plan technique, relancer des V10 constituerait un bond en arrière. Certes, le bruit serait spectaculaire, mais les implications en matière d’émissions, de sécurité et de coûts iraient à l’encontre de la tendance actuelle.
D’un point de vue marketing aussi, difficile de justifier un retour aux moteurs assourdissants dans une discipline qui mise désormais sur la famille, la durabilité et l’accessibilité. Le spectacle doit séduire tous les publics, y compris les plus jeunes, et un vacarme mécanique peut vite être considéré comme de la pollution sonore.
Plongeon dans l'inconnu
Fernando Alonso, seul pilote en activité à avoir couru à l’époque des V10, le dit lui-même avec justesse : « On ne peut pas aller à l’encontre de notre époque et de l’ère hybride, estime le Matador. Il est difficile d’imaginer une innovation qui nous ferait revenir en arrière ou plonger dans l’inconnu. »
Double champion du monde avec le moteur Renault V10 (photo ci-dessus), le pilote espagnol n'est pas nostalgique pour autant même si une orientation de la réglementation dans ce sens pourrait donner des idées du côté de Viry-Châtillon...
La passion des souvenirs ne doit cependant pas occulter la nécessité d’avancer. La F1 a évolué, et ses moteurs aussi. Rêver de V10, c’est beau, mais construire l’avenir, c’est mieux. La question restera à l'étude dans les mois qui viennent, mais le calendrier impose une prise de décision relativement rapide.
Suivre le processus
"Tout changement que nous entreprenons, en fonction du type de réglementation en vigueur, doit faire l’objet d’un large consensus, assure Tombazis. Il existe un processus de gouvernance. Nous ne modifions pas les choses unilatéralement pour imposer une position, nous en discutons avec les motoristes."
"Si une telle décision était prise, il faudrait voir ce qui se passerait entre-temps, conclut-il. Mais nous ne modifierions jamais quoi que ce soit pour l’imposer sans une discussion approfondie."