Comment cette concession BMW exportait ses véhicules vers la Russie dans l'illégalité ?
Hier à 09:00 AM
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a transformé le marché automobile en terrain miné. Alors que les sanctions internationales freinent officiellement l'accès aux véhicules en Russie, des réseaux parallèles s'organisent pour contourner les interdictions, impliquant parfois des concessionnaires occidentaux. Un cas récent met en cause un concessionnaire allemand, pris dans un scandale d'exportations illégales vers la Russie.
Une affaire qui éclabousse jusqu'à Munich
Hanovre, une ville paisible du nord de l'Allemagne, loin des tumultes des grandes capitales. C'est ici, dans un concessionnaire BMW, que l'histoire commence. Rien ne laissait présager que ce showroom impeccable, où brillent des véhicules aux courbes sculptées, deviendrait le théâtre d'une affaire internationale. Pourtant, sous l'éclat des projecteurs, des transactions discrètes s'organisaient, loin des regards indiscrets. Depuis l'invasion de l'Ukraine, le monde entier a mis en place des sanctions économiques pour isoler la Russie. Parmi les biens touchés : les voitures de luxe, symboles de richesse et de pouvoir. Mais l'interdiction n'a pas freiné les envies de V8 ronronnant sur les boulevards de Moscou. Une demande toujours aussi forte a donné naissance à des filières clandestines.
C'est dans ce contexte tendu que Business Insider révèle une opération d'exportation illégale orchestrée depuis Hanovre. Selon les informations recueillies, plus de 100 véhicules du groupe BMW auraient traversé les frontières, malgré les restrictions. Les détails de cette contrebande sont encore flous, mais BMW a confirmé la gravité de la situation. Le constructeur a pris des mesures immédiates : licenciements des employés impliqués et renforcement des mécanismes de contrôle.
Un combat ancien dans un contexte nouveau
Ce n'est pas la première fois que BMW, ou d'autres marques, doivent affronter de telles situations. Mercedes-Benz, également interrogée par Business Insider, explique avoir déployé des protocoles stricts pour surveiller les commandes suspectes. La surveillance s'intensifie surtout pour les modèles haut de gamme, comme la Classe G ou la Classe S, prisés dans les cercles influents. Malgré ces efforts, les failles restent nombreuses. Une fois qu'un véhicule est revendu sur le marché de l'occasion, il devient presque impossible pour les constructeurs de contrôler son parcours. Ces voitures peuvent changer de main plusieurs fois avant de franchir une frontière, souvent à travers des circuits opaques.
La contrebande de véhicules n'est pas un phénomène récent. Elle a pris des formes variées à travers les décennies, allant des pickups Toyota en zone de conflit jusqu'aux berlines allemandes aperçues en Corée du Nord. Les constructeurs se trouvent régulièrement confrontés à des accusations, mais la réalité est plus complexe qu'elle n'y paraît. Depuis 2022, plusieurs constructeurs – dont Ford, Toyota, Hyundai – ont tiré un trait sur leurs activités dans le pays. Usines fermées, réseaux de distribution démantelés, livraisons stoppées : sur le papier, tout est clair. Mais sur le terrain, d'anciennes usines sont réactivées et des voitures continuent d'arriver, via des chemins détournés. Pour les marques premium, la problématique est encore plus sensible. Leur image est en jeu, et le moindre faux pas peut ternir leur réputation. BMW, par exemple, a insisté sur sa vigilance accrue. Mais peut-on réellement endiguer un marché parallèle aussi lucratif ?