Pourquoi Lamborghini a-t-il abandonné le V10 ? Voici les raisons
12/05/2024 02:30 PM
Lamborghini franchit une nouvelle étape avec la Temerario et son V8 biturbo de 4,0 litres, capable de performances vertigineuses. Rouven Mohr, directeur technique de la marque, dévoile la stratégie derrière cette motorisation hybride, qui marque un tournant dans l'histoire de Lamborghini tout en suscitant la nostalgie de l'emblématique V10.
Du rugissement du V10 à la précision du V8
Chez Lamborghini, le futur est déjà en marche. La Temerario, dernier joyau de la marque, n'a pas seulement changé les règles du jeu, elle a redéfini le terrain. Sous son capot, un tout nouveau V8 biturbo de 4,0 litres, épaulé par une motorisation hybride, fait rugir 800 chevaux – et ce n'est que le début. Pour Rouven Mohr, directeur technique de Lamborghini, cette supercar "d'entrée de gamme" est une démonstration de force. "Nous pouvons aller encore plus loin", affirme-t-il, son regard pétillant d'ambition. Avec des perspectives d'atteindre 220 ch par litre, cette mécanique pourrait dépasser les 1 000 chevaux en combinant thermique et électrique.
Mais pourquoi ce choix d'abandonner le mythique V10 ? "Les attentes ont changé", confie Mohr. Avec ses 640 chevaux, l'ancien moteur iconique n'était plus à la hauteur des demandes des clients. Et puis, il y a l'environnement : les normes antipollution à venir auraient drastiquement amputé ses performances. "Le V10 était en fin de vie", tranche Mohr, sans détours mais non sans une certaine nostalgie. Développer un tout nouveau moteur n'est pas une mince affaire, surtout chez Lamborghini. Le V8 de la Temerario a nécessité cinq ans de travail et des investissements colossaux. L'objectif ? Créer une base technologique suffisamment flexible pour équiper les prochaines générations de supercars de la marque.
V6 ou V8, Lamborghini a hésité
Le choix du V8 n'a pas été pris à la légère. Les ingénieurs ont hésité avec un V6, une solution en vogue chez d'autres constructeurs comme Ferrari ou McLaren. Mais cette option a été écartée, jugée trop éloignée de l'ADN Lamborghini. "Passer du V10 au V6 aurait été un pas trop grand", confie Mohr, avant d'ajouter avec un sourire : "Et l'émotion, où serait-elle passée ?", rapporte Top Gear. Car chez Lamborghini, la mécanique ne se résume pas aux chiffres. Il y a le son, l'âme, cette capacité à faire vibrer autant qu'à impressionner. Avec son vilebrequin à plat, le nouveau V8 a été conçu pour offrir un cri rauque et guttural, digne successeur du hurlement du V10.
Le remplacement du V10 par un V8 n'est pas qu'une affaire technique, c'est un positionnement différent. Mohr le souligne avec diplomatie mais fermeté : Lamborghini ne construit pas des Porsche 911 GT3. "La mission de nos voitures est différente", explique-t-il. Là où la GT3 est taillée pour la piste, la Temerario vise une polyvalence extrême : capable de performances hallucinantes sur circuit tout en restant utilisable au quotidien. "Nous voulons offrir une bande passante large entre le confort et la performance", résume Mohr. Ce positionnement différencie Lamborghini de ses concurrents tout en répondant aux attentes de sa clientèle. La Temerario devra également honorer l'héritage de la Huracán, écoulée à 35 000 exemplaires en une décennie. Une performance commerciale impressionnante que la nouvelle venue ambitionne de dépasser.
Malgré les promesses technologiques du V8 biturbo, le départ du V10 suscite une certaine mélancolie. Ce moteur incarnait une époque où les supercars se mesuraient davantage par leur caractère que par leurs chiffres. Mohr le reconnaît, mais insiste sur la nécessité de regarder vers l'avenir. "Je comprends les puristes qui regrettent le V10", concède-t-il. "Mais nous devons évoluer pour rester pertinents. Nos clients attendent toujours plus, et nous ne pouvons pas les décevoir."