
MotoGP : dans le discours sur le départ annoncé de Michelin, il faut aussi mentionner ça

Hier à 08:00 AM
Après des mois de rumeurs et de spéculations, l'annonce est enfin officielle : Pirelli sera le fournisseur exclusif de pneus pour le MotoGP à partir de la saison 2027 en lieu et place de Michelin. Cette décision marque un tournant majeur dans l'histoire de la catégorie reine, coïncidant avec l'introduction d'une nouvelle réglementation technique qui réduira la cylindrée des motos et limitera certains éléments aérodynamiques. Pirelli, déjà fournisseur des catégories Moto2 et Moto3 et aussi accessoirement du WSBK et de la Formule 1, étend ainsi son influence à l'ensemble des catégories mondiales.
L'arrivée de Pirelli en 2027 s'inscrit dans une volonté de Dorna Sports, l'organisateur du championnat, d'unifier l'approvisionnement en pneus à travers toutes les catégories. Cette stratégie vise à offrir une cohérence technique aux jeunes pilotes, leur permettant de se familiariser avec les mêmes pneus tout au long de leur ascension, de Moto3 au MotoGP.
Pirelli, déjà bien implanté dans les catégories inférieures, apportera son expertise et son savoir-faire à la catégorie reine. Les détails concernant les spécifications et les allocations de pneus seront dévoilés ultérieurement, mais cette transition promet de redéfinir les dynamiques de course et les stratégies d'équipe.
Michelin, le fournisseur actuel de pneus pour le MotoGP, continuera à équiper la catégorie jusqu'à la fin de la saison 2026. Cependant, la marque française a fait face à de nombreuses critiques ces dernières années, notamment concernant la consistance des performances de ses pneus dans des conditions variables.
L'un des incidents les plus marquants a été la chute de Jorge Martin lors des essais d'intersaison à Sepang, où le pilote espagnol a subi un violent highside qui lui a valu plusieurs fractures. Aprilia, l'équipe de Martin, a pointé du doigt Michelin comme responsable de l'accident, accusant les pneus de ne pas avoir offert une adhérence suffisante dans des conditions fraiches et venteuses.
Piero Taramasso, directeur général de Michelin, a défendu la marque en expliquant que les conditions à Sepang étaient particulièrement difficiles : « le départ à Sepang a été compliqué : il y avait du vent, la piste était sale et la température de l'asphalte n'était que de 30°C, alors qu'elle est normalement d'environ 50°C. Les spécifications que nous avons utilisées étaient conçues pour des températures plus élevées. De nombreux pilotes sont partis en pneus médium, ce qui n'était pas la meilleure option dans ces conditions, d'où les nombreuses plaintes. »
Michelin : une fin de règne mouvementée
Des déclarations de l’homme de Michelin qu’Aprilia via son patron de la compétition Massimo Rivola s’est empressée de réfuter. « Concernant la chute de Martin, je tiens à préciser que nos données ne confirment en aucun cas les déclarations de Piero Taramasso. Je crois que la sécurité des coureurs doit être la priorité, et j’ai déjà proposé d’organiser une réunion avec toutes les équipes pour aborder cette situation critique, comme le démontre le nombre de blessés », a déclaré le responsable de l’équipe de Noale, Massimo Rivola. « Nous avons une logistique parfaitement maîtrisée : dès la fabrication des pneus, ils sont codés et surveillés à tout moment. Nous savons où ils se trouvent dans les camions, sur le circuit, quand ils sont en chauffe… Tout est sous contrôle, nous en sommes sûrs », a-t-il ajouté.
Plusieurs pilotes et représentants tels qu’Uccio Salucci, ami proche de Valentino Rossi et directeur de l’équipe Pertamina VR46 Racing, se sont également joints à la plainte. « Nous ne pouvons pas continuer comme ça avec les pneus (…) nous en avons parlé entre les équipes et nous aimerions trouver un moyen de résoudre cette situation. A mon avis, le problème des pneus est préjudiciable à notre sport. » Pedro Acosta, lui aussi, a déclaré : « il est difficile de pointer du doigt quelqu’un. Il est difficile de comprendre pourquoi certains vont bien et d’autres pas bien, c’est un peu comme la loterie. Peut-être qu’il faut repenser un peu tout ça. Il ne s’agit plus de savoir si les choses vont bien ou mal, mais de savoir si quelqu’un se fait du mal. »
Avec Pirelli, le MotoGP espère retrouver une stabilité et une cohérence dans les performances des pneus. La marque italienne, déjà impliquée dans des championnats prestigieux comme la Formule 1 et le WorldSBK, apportera une expertise technique et une approche innovante à la catégorie reine. Le blason italien devra aussi assumer une lourde responsabilité avec ce monopole dans les sports mécaniques majeurs. Dernièrement, la compétition du Superbike à Phillip Island n'a pu se faire qu'avec un aménagement des courses en arrêts au stand pour changer des gommes qui n'auraient pas tenu la distance d'une traite jusqu'au drapeau à damier.
Cette transition intervient à un moment clé pour le MotoGP, alors que la nouvelle réglementation technique de 2027 vise à réduire les coûts et à rendre les courses plus compétitives. En alignant les pneus sur cette nouvelle ère, Pirelli jouera un rôle central dans la redéfinition des dynamiques de course.
Avec une nouvelle réglementation technique et un fournisseur de pneus unique, le MotoGP s'apprête à vivre une transformation profonde. Les prochaines années seront cruciales pour déterminer si cette transition permettra de renforcer la compétitivité et l'excitation des courses.
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