Parlons MotoGP : Heureusement que Marc Marquez a laissé passer son frère

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Tout était écrit. Il m'est impossible de trouver une seule âme qui pensait ce triomphe irréaliste, tant la légende de Marc Marquez rend la victoire évidente ; la deuxième place de son frère est un bonus de l'histoire, une prime de M. Spectacle pour services rendus. Tout ça mérite bien une analyse.

 

Facile

 

Un mot surligné dans mon calepin m'interpelle à la relecture de mes notes : facile. Ce n'était pas la description des conditions de course, presque cruelles, mais bien la manière dont Marc Marquez a survolé le week-end. Il l'a fait facilement, sans être inquiété une seconde. D'abord, en qualifications. En 2024, Marc Marquez eut toutes les peines du monde à faire fonctionner sa Desmosedici GP23 sur un tour, ce qui l'amenait fréquemment au tapis. Mais ceux qui suivent ce sport depuis longtemps savent que personne, à travers les âges, ne peut rivaliser avec Marc Marquez en Q2 quand il s'y colle. Rappelez-vous ses démonstrations en 2014, mais aussi, de cette pole position à Austin en 2015, après avoir abandonné sa moto sur le muret des stands. Rappelez-vous qu'en 2023, il était parvenu à se hisser en pole au Portugal, alors qu'il devait composer avec la capricieuse Honda RC213V. Ce n'est donc pas une surprise, pas plus que sa victoire en Sprint, d'ailleurs.

 

L’émotion d’un homme. Photo : Michelin Motorsport

 

Il a été meilleur sur tous les points. Au départ, d'abord, alors que je pensais que Bagnaia pouvait peut-être le faire douter dans ce domaine. Que nenni. Une fois devant, il n'a pas tardé à creuser l'écart sur son frère, encore une fois de manière assez facile, sans qu'il souffre. Puis, enfin, ce Grand Prix, presque poétique ; son Phillip Island 2003. Alors qu'il avait réalisé le même exploit que la veille, il dut laisser passer son frère pour éviter toute pénalité liée à une pression pneumatique trop faible. Dans la chaleur étouffante de l'aspiration, au cœur de la fournaise thaïlandaise – 37°C au départ –, il paraissait tout aussi facile que devant. C'était visible à l'œil nu : dans le virage n°3, il se rapprochait d'Alex, mais, volontairement, restait derrière. Dans le virage n°4, son gros point fort sur ce circuit, il se portait à hauteur, mais n'attaquait pas.

Nous étions de retour en 2019, quand Marc Marquez, sur Honda, s'amusait avec sa proie préférée, Fabio Quartararo. Comme prévu, il dépassa son frère sans que celui-ci ne puisse contre-attaquer. Oui, je maintiens que le corps-à-corps est le point faible de Marc Marquez, mais je ne peux reprocher à Alex de ne pas avoir répliqué : nul doute qu'il était déjà très content de se trouver en deuxième place, et avec des pneus aussi usés, toute tentative ratée aurait été difficilement justifiable.

 

 

En quelques tours seulement, Marqueza pris une seconde et sept dixièmes à son frangin, soit plus que ce que n'a jamais pu grappiller Bagnaia sur ce même Alex Marquez toute la course durant. C'est dire à quel point il était supérieur à la concurrence.

 

Pas de pression

 

Un jour, peut-être, je me pencherai sur cette question de pression. Qu'est-ce qui rendait le MotoGP si attractif ? Selon moi, le fait que ce soit la seule catégorie où les pilotes sont à fond de l'extinction des feux jusqu'à la présentation du damier, sans stratégie, économie de gomme ou toute autre nuisance au racing spirit. Si les pilotes sont obligés de laisser passer des adversaires pour éviter les pénalités, notre discipline perd de son intérêt, car elle tronque sa véritable identité, ce pour quoi nous en sommes tombés amoureux. C'est le sport mécanique le plus accessible tant il est limpide. Allez expliquer pourquoi Marquez a brutalement ralenti d'une seconde à l'autre sans raison à un novice qui découvre le MotoGP en 2025. J'ai conscience que cette question est délicate, car, après étude approfondie, il est difficile de « faire mieux », pour éviter toute triche et tout danger. Mais tout de même, c'est embêtant et ça n'existe nulle part ailleurs.

Ironiquement, je remercierais presque Marc Marquez d'avoir créé ce spectacle artificiel, car, sans cela, la première manche de cette saison aurait été des plus ennuyantes.

 

Comme si c’était sa première. Photo : Michelin Motorsport

 

Où était Bagnaia ?

 

Vu que je ne lui consacrerai pas d'articles lors de ces dix prochains jours, voici un chapitre sur Pecco Bagnaia. Honnêtement, j'ai été assez déçu. Oui, je sais qu'il ne faut pas s'emballer, que la saison ne fait que commencer et qu'un Grand Prix ne suffit pas pour tirer quelque conclusion sérieuse. Mais je ne l'attendais certainement pas aussi loin de Marc Marquez – que je voyais pourtant vainqueur des deux courses. Bagnaia est habituellement fort à Buriram : il s'y est illustré sous la pluie en 2022 et 2024 (troisième et premier), et n'avait pas démérité en 2023 (troisième à l'arrivée, deuxième après déclassement de Binder).

L'Italien a opté pour le damage control, et repart de Thaïlande avec de gros points. C'était particulièrement flagrant lors du Sprint : il n'a pas poussé pour rejoindre Alex Marquez sur la fin. Deux fois troisième, c'est mieux que rien, mais, comme je l'ai affirmé dans mes prédictions, il ne pourra pas battre Marc Marquez au jeu de la régularité. Il devra gagner, lui aussi, et force est de constater qu'il en était extrêmement loin à Buriram.

Je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé de ce Grand Prix, entre ennui et spectacle. Dites-le-moi en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l'entièreté de la rédaction.

 

Il pouvait le doubler à chaque virage. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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