Parlons MotoGP : Les carottes sont-elles cuites pour Pecco Bagnaia ?

https://www.paddock-gp.com/wp-content/uploads/2024/11/54108691111_475ceb2498_c.jpg

Plus qu'une manche à disputer. En solidarité à la Communauté Valencienne, le MotoGP se déplacera à Barcelone pour la finale. Certes, le titre n'est pas encore joué, mais si vous prêtez attention au classement, les carottes ne sont pas loin d'être cuites pour Bagnaia, qui accuse un retard de 24 points au classement général. Justement, peut-il le faire ? Peut-il déjouer l'histoire et remporter un troisième titre mondial consécutif à l'issue de ce week-end si singulier ? C'est ce que nous allons étudier aujourd'hui.

Je vais donner mon avis sur ses chances à quelques heures du dénouement final. Il s'agit, encore une fois, d'une analyse subjective argumentée, ce qui signifie que ce n'est que mon avis. Libre à vous d'en avoir un différent.

 

Seul face à l'histoire

 

Je vais être parfaitement clair. Selon moi, il n'y a aucune chance pour que Pecco Bagnaia remporte le titre mondial MotoGP 2024. C'est presque impossible d'après tout ce que nous avons pu voir ces derniers mois, et, bien sûr, à cause de l'écart stratosphérique qui sépare les deux protagonistes. Personne ne peut battre les mathématiques, c'est là tout le problème. Ces 24 points représentent bien plus une enclume à traîner qu'un simple « challenge » à surmonter. Je rappelle qu'il est possible de scorer 37 points sur une manche depuis le début de la saison 2023.

 

Pecco Bagnaia n’a même plus les cartes en main, en vérité. Photo : Michelin Motorpsort

 

En clair, cela signifie que si Martin gagne le Sprint, c'est plié dès le samedi, peu importe la position de Bagnaia. Si Bagnaia termine troisième ou quatrième, Martin n'aurait qu'à finir deuxième sur le format court pour s'imposer. On imagine mal l'un ou l'autre finir à ces positions, mais plutôt, en tête ou par terre – nous y reviendrons.

De ce fait, si Bagnaia chute lors du Sprint, Martin n'aurait qu'à terminer huitième pour empocher le titre samedi après-midi. Nous n'avons pas encore parlé du dimanche, mais pour faire simple, Bagnaia n'a pas le choix : il doit gagner le Sprint et la course.

Au vu des dernières prestations des deux, on peut facilement imaginer Martin finir deuxième derrière Bagnaia à cause de l'écart faramineux qu'il y a entre les deux animateurs de cette année et le reste du plateau. Dès lors, l'Italien reprendrait ainsi trois points à Martin, ce qui le ferait démarrer la course principale avec 21 points de retard. Ceci signifie qu'en cas de nouvelle victoire le dimanche, Pecco aurait besoin que Martin termine 12e ou plus loin ! Rappelons simplement qu'en cas d'égalité, l'officiel Ducati serait titré en raison de son plus grand nombre de victoires le dimanche.

 

 

Autre scénario que je juge plus probable que des cinquièmes ou septièmes positions de l'un ou de l'autre, c'est la chute de Martin en Sprint. Si le pilote Pramac fait une erreur sur le format court et que Bagnaia s'impose, l'Italien aurait toujours 12 points de retard au départ du Grand Prix. Martin devrait donc terminer sur le podium de la course dominicale pour être titré, tout en assumant que Bagnaia l'emporte encore !

N'oubliez pas que je pars du postulat selon lequel Bagnaia gagnerait les deux manches, ce qui n'est arrivé qu'à quatre reprises en dix-neuf GP. En clair, c'est loin d'être fait, surtout que l'on a pas encore évoqué la dynamique actuelle.

 

Martin n'a aucune raison de craquer

 

D'après moi, si titre de Bagnaia il y a, c'est parce que Martin aura abandonné les deux courses. Je ne le vois pas finir hors du top 3 des deux manches, et ce pour plusieurs raisons.

Premièrement, il ne semble plus aussi sensible à la pression qu'avant. Il est devant Bagnaia, confiant, intelligent et ne risquerait pas l'impossible ; après tout, c'est à Pecco de prendre des risques. À Sepang, il a montré une maturité exceptionnelle, sans pour autant oublier sa vitesse qui lui a permis de se mettre en condition. Il est le seul à pouvoir perdre le titre, le sort de Bagnaia dépend d'une erreur du « Martinator »… et ce dernier n'en a pas fait beaucoup.

 

Bagnaia a finalement beaucoup plus de chances de chuter que Martin ! Photo : Michelin Motorsport

 

Si l'on se penche sur cette campagne, ses bourdes se comptent sur les doigts d'une main. Alors, oui, il chute souvent depuis la tête, mais comme je le disais pour Bagnaia il y a plus d'un an, on le remarque car il est tout le temps en tête. Martin joue constamment la victoire, ou presque. Si l'on excepte sa bourde de Misano – où il est rentré au stand en pensant qu'il allait pleuvoir alors qu'il n'avait qu'à suivre Bagnaia, il n'a terminé hors du top 3 qu'à trois occasions à chaque fois qu'il est resté sur ses roues (deux fois en Sprint en Catalogne et au Japon, et une fois en Grand Prix aux États-Unis). Sur 38 courses, c'est (très) peu.

Puis, après tout, il ne compte que deux abandons le dimanche (Espagne et Allemagne, trois en comptant la débâcle de Misano 1), et deux le samedi (Italie et Indonésie). C'est beaucoup moins que Bagnaia, qui, lui, compte déjà trois chutes le dimanche et cinq abandons en Sprint.

Comme si cela ne suffisait pas, l'écart entre les Ducati Desmosedici GP24 et le reste du plateau n'a fait qu'augmenter au fil de l'année. Bagnaia peut toujours espérer qu'un Pedro Acosta s'intercale, mais sans l'aide de Bastianini et de Marc Marquez – et encore, il accuse du retard très récemment –, il y a peu de chances pour que Martin ne finisse pas deuxième. Pour rappel, l'Espagnol a terminé dix fois deuxième en 2024. Son dernier finish hors du top 2 remonte… au Grand Prix d'Italie, où il avait terminé troisième, battu dans les derniers instants par Enea Bastianini. Depuis, soit il chute, soit il gagne, soit il s'arrête au stand alors qu'il n'en a pas besoin, ou soit il fait deuxième le dimanche.

Vous l'aurez compris, la tâche semble impossible pour Bagnaia. Certes, le circuit de Barcelone lui est assez favorable sur le papier car il a dominé cette année. Mais Jorge Martin est loin d'être ridicule à Montmelo, ce n'est certainement pas aussi déséquilibré que Pecco le souhaiterait.

 

Le petit prono

 

Ce qui est sûr, c’est que Bagnaia ne va rien lâcher. Photo : Michelin Motorsport

 

Allez, pour la dernière fois de la saison, petite prédiction. J'imagine bien Martin entrer très fort dans son week-end et montrer les dents au début du Sprint exactement comme il l'a fait à Sepang sur les deux manches. Cela lui permettra de ne pas partir sur un faux rythme. Il va être un poison en qualifications, mais je vois quand même Bagnaia s'imposer le samedi après-midi, car il n'a plus rien à perdre. D'ailleurs, je ne vois pas Pecco ailleurs que dans un bac à graviers ou sur la plus haute marche du podium. L'autre restera sur ses roues. Un effort calculé signé Martin lui permettra, d'après moi, de décrocher le titre MotoGPdimanche après-midi, sans forcer, avec de la marge depuis la deuxième ou troisième place.

Bien sûr, il est presque impossible de prédire un résultat de la sorte, mais je voulais tout de même tenter. À vous de me dire ce que vous voyez en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l'entièreté de la rédaction.

Photo de couverture : Michelin Motorsport

Cet article Parlons MotoGP : Les carottes sont-elles cuites pour Pecco Bagnaia ? est apparu en premier sur Paddock GP.

×