Mort annoncée pour la filière du deux-roues électrique en France : Pink Mobility tire la sonnette d'alarme
Aujourd'hui à 02:43 AM
Depuis sa création en 2016, Pink Mobility a fait figure de précurseur en pariant sur la mobilité électrique, alors qu'elle n'en était qu'à ses débuts en France. À cette époque, seulement 1 800 scooters électriques étaient vendus dans un marché dominé par 250 000 modèles thermiques. L'entreprise a misé sur une stratégie ambitieuse : démocratiser une mobilité légère, verte, et adaptée aux contraintes urbaines.
Le scooter électrique, avec une empreinte surfacique 5 fois inférieure à celle d'une voiture et une consommation énergétique par kilomètre 4 fois moindre qu'un véhicule électrique à quatre roues, s'imposait comme une solution pragmatique face aux défis de la congestion urbaine et des émissions polluantes.
En 2024, Pink Mobility revendique près de 7 000 véhicules en circulation, confirmant sa place de leader sur ce marché. Mais le décret gouvernemental pourrait stopper net cette dynamique, au grand dam des acteurs de cette filière encore émergente.
Contrairement à une tendance historique de délocalisation, Pink Mobility a pris le pari de relocaliser une partie de sa production. En 2021, la marque a inauguré une ligne d'assemblage final dans les Yvelines, un territoire emblématique de l'industrie française. Ce projet a permis la création de 25 emplois directs, tout en valorisant les compétences locales.
Grâce à ces efforts, Pink Mobility a annoncé en 2024 un modèle dont 70 % des composants sont fabriqués en France, un véritable exploit dans le contexte actuel de désindustrialisation. Cependant, cette relocalisation repose sur un équilibre fragile : seule une augmentation des volumes de vente permettrait de pérenniser l'ensemble de la chaîne de production sur le sol français.
Le retrait brutal du bonus écologique vient menacer cet équilibre. « Sans un soutien législatif stable, les efforts de réindustrialisation risquent d'être anéantis », alerte Ghislain Lestienne, président de Pink Mobility.
L'arrêt du bonus écologique ne concerne pas uniquement Pink Mobility, mais toute la filière du deux-roues électrique.
Les effets risquent d'être dévastateurs :
- Perte de compétitivité face aux modèles thermiques : sans subvention, le coût d'achat des scooters électriques pourrait redevenir un frein majeur pour les particuliers et les entreprises.
- Ralentissement de la transition écologique : le remplacement progressif des véhicules thermiques par des alternatives électriques pourrait être compromis, au détriment des objectifs climatiques nationaux.
- Délocalisation accrue : la baisse des volumes de vente favorisera les importations à bas coût, augmentant l'empreinte carbone du transport maritime et affaiblissant les initiatives locales.
Selon Pink Mobility, une politique de « STOP AND GO » en matière de législation écologique décourage les investisseurs, désoriente les consommateurs et nuit aux efforts des industriels.
Pour Pink Mobility, la décision gouvernementale illustre un manque de vision à long terme. « Une véritable stratégie de verdissement des flottes doit inclure à la fois les voitures et les deux-roues », insiste Ghislain Lestienne. L'entreprise plaide pour l'élaboration d'un plan global, concerté avec les acteurs de la filière.
Les enjeux dépassent largement le cadre économique. Ils touchent à la souveraineté industrielle, à la lutte contre le réchauffement climatique et à la réduction des inégalités d'accès à des solutions de mobilité propre. Pink Mobility se tient prête à collaborer avec les décideurs pour concevoir un projet ambitieux de réindustrialisation verte.
Le clap de fin pour une ambition nationale ?
Le pari de la mobilité électrique semblait audacieux en 2016. Aujourd'hui, ce modèle commence à porter ses fruits, mais la décision gouvernementale pourrait précipiter un clap de fin dès 2025. Les acteurs de la filière, comme Pink Mobility, soulignent qu'abandonner ce secteur reviendrait à ignorer les progrès réalisés et les opportunités économiques et écologiques qu'il représente.
Face à l'urgence, il est crucial que l'État adopte une vision à long terme pour éviter que l'arrêt des subventions ne devienne le symbole d'un renoncement industriel et écologique.