MotoGP 2024 : Il y a le feu chez KTM mais pas en GP

Feu est parfois utilisé en français, de façon assez élégante d'ailleurs, pour parler d'un décès. Ce n'est évidemment pas le cas ici, mais l'alerte est chaude. Le groupe Pierer (photo ci-dessus) qui a racheté KTM en 1992 après la faillite de l'entre prise autrichienne alors ultra spécialisée mais minuscule (150 salariés et 6000 motos vendues) puis qui en a fait un must, 377 000 motos vendues en 2023, est en difficulté. On sait que souvent, un colosse qui a grandi trop vite a les pieds fragiles, KTM se retrouve cette année avec un énorme stock d'invendus, qui a forcé la maison mère à donner quelques facilités à ses concessionnaires ce qui augmente encore le chiffre de la dette. Idem dans le secteur du vélo et de l'automobile. Du coup, KTM contracte son personnel en Europe, les budgets de sa division R&D, en revanche il augmente son activité en Asie où les ventes se portent bien. On sait bien que dans les boîtes qui baissent du nez, les premières victimes du budget sont la com, la pub, mais aussi le personnel et quand c'est le cas, la compétition. Mais justement, la compète est l'ADN de la maison, toutes ses motos, TT ou routières, sont sportives, alors arrêter la compétition serait abandonner l'âme de la marque. On sait que les marques Husqvarna et GasGas ne seront plus en Moto3 (c'étaient des KTM avec des autocollants...) mais la marque KTM, elle, est bien toujours là. Herbert Trunkenpolz (le « T » de KTM) s'est fendu d'une interview avec GP One pour annoncer que si en effet les résultats commerciaux 2024 sont très décevants, les gros actionnaires de la maison (dont l'Indien Bajaj) sont d'accord pour éponger les pertes et il n'est pas question de retrait de KTM de sa cotation en bourse. Reste donc le sport.

On a vu cette saison qu'Alonso a décroché un très brillant titre en Moto3, mais sur une KTM badgée CFMoto, devant Holgado, sur une KTM badgée GasGas lui-même devant Veijer sur une KTM badgée Husqvarna ! Sur le plan marketing, KTM a évidemment intérêt à se reconcentrer sur sa marque No1 ! En Moto2, même avec moteur Triumph et cadre Kalex, il y a un team officiel KTM, bonne idée mais Vietti est huitième au général et Öncü vingtième. Pas le grand pied... En MotoGP, Binder et Acosta sont cinq et six au général, avec moins de la moitié des points de Martin ou Bagnaia. Au classement constructeurs, KTM n'a que dix-huit points d'avance sur Aprilia, les chutes de Binder et Acosta en Australie ont coûté cher, même si seul le premier pilote de la marque fait gagner des points à son constructeur, l'écart est minime, comme en classement pilotes d'ailleurs ! On sait que Guidotti, le team manager de KTM factory est viré, il sera remplacé par Aki Ajo qui a dirigé avec un énorme succès le team Moto3 de la marque et son team Moto2, il est le manager le plus titré du paddock. Sa couronne de perles royales a commencé avec Mike di Meglio en 2008, puis ... et oui, Marc Marquez en 2010, ces deux titres avec la marque Derbi. Puis il s'associe à KTM en Moto3 en 2012, leur apporte le titre Moto3 de Cortese. Il monte une structure en Moto2, gagne le titre en 2015 avec Zarco. Puis un double titre en 2016 avec Zarco en Moto2 et Binder en Moto3. Il refait un doublé en 2021 avec Acosta en Moto3 et Gardner en Moto2. Et en 2023, Acosta est titré en Moto2 avec le team Ajo. Sacré palmarès notre ami finlandais né à Toijala, un bled où se trouve la plus grosse usine de Mämmi au monde (un truc pâteux et noir à base de malt et de seigle, original mais très local!) on est à 150 km au nord d'Helsinki. Le gosse de Toijala rêve depuis longtemps de monter en MotoGP. Il est très pote avec Pedrosa, à priori ce duo là peut être celui de la renaissance. Car le team KTM de MotoGP en a besoin. Il est arrivé en 2016, première victoire en 2020 à Brno avec Binder, il y en aura sept au total dont la dernière en 2022 en Thaïlande. C'est bien mais c'est fort peu pour une maison tellement victorieuse mais surtout en Moto3 et en TT !

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