MotoGP 2024 : Marc Marquez, l'arme secrète de Dall'Igna

10/29/2024 01:22 PM

L'idée est que si Pecco est largement en tête du mondial, Marquez fera ce qu'il voudra. Mais si c'est le contraire, Marc devient forcément l'arme secrète. Il n'y a évidemment pas eu de menaces de Ducati, juste des accords signés il y a des mois au moment de la négo entre l'agent de Marquez et Ducati factory. Donc même pas de consignes d'écurie (qui existent, on se souvient d'un P2 OK signifié à Bastianini alors devant Bagnai en 2023). Juste l'application d'un accord. Parce que pour payer Marquez un prix raisonnable en 2025, pour que la prépa des meules reste un coup de maître à chaque GP, il faut des sous. Des sous Ducati en gagne, en 2023, 58 000 motos vendues, plus d'un milliard de chiffre d'affaires et 112 millions de bénef. Mais justement, Ducati est un bijou de la famille VW, Audi, membre prestigieux de cette famille est le proprio de la marque italienne, et on y attend que l'argent rentre. Hors, un budget de MotoGP en team usine c'est pour une marque comme Ducati, entre 50 et cent millions ! Du coup ils diminuent la voilure, il y aura seulement trois motos d'usine en 2025, les autres rapportent de l'argent au lieu d'en coûter. Pour le détail d'un budget MotoGP, voir notre reportage en juillet 2023, à découvrir ou à relire ici : L'idée est que si Pecco est largement en tête du mondial, Marquez fera ce qu'il voudra. Mais si c'est le contraire, Marc devient forcément l'arme secrète. Il n'y a évidemment pas eu de menaces de Ducati, juste des accords signés il y a des mois au moment de la négo entre l'agent de Marquez et Ducati factory. Donc même pas de consignes d'écurie (qui existent, on se souvient d'un P2 OK signifié à Bastianini alors devant Bagnaia...). Juste l'application d'un accord. Parce que pour payer Marquez un prix raisonnable en 2025, pour que la prépa des meules reste un coup de maître à chaque GP, il faut des sous. Des sous Ducati en gagne, en 2023, 58 000 motos vendues, plus d'un milliard de chiffre d'affaires et 112 millions de bénef. Mais justement, Ducati est un bijou de la famille VW, Audi, membre prestigieux de cette famille est le proprio de la marque italienne, et on y attend que l'argent rentre. Hors, un budget de MotoGP en team usine c'est pour une marque comme Ducati, entre 50 et cent millions ! Du coup ils diminuent la voilure, il y aura seulement trois motos d'usine en 2025, les autres rapportent de l'argent au lieu d'en coûter. Pour le détail d'un budget MotoGP, voir notre reportage en juillet 2023, à découvrir ou à relire ici : Bref, le budget du MotoGP, si on ajoute le WSBK et le Motocross mondial, ça boufferait la totalité du bénef de la boîte ! Donc direction les sponsors. Mais les sponsors paient quand on gagne, on a vu que Repsol a fini par se barrer de chez Honda, donc pour Ducati, infiniment moins puissant sur le plan financier que des boîtes japonaises, gagner est une obligation vitale. Du coup, quand les sponsors voient qu'un pilote qui n'est pas italien et qui roule pour un team qui va quitter le giron rouge pourrait être titré, ils voient tout en noir ! Le dilemme est simple : Ducati reçoit un max de pognon de Lenovo et de Monster. Ni l'un ni l'autre n'accepteront d'être battus par Prima et Red Bull, sponsors de Pramac. Alors quand on signe un accord avec Marquez, il est logique de lui demander un coup de main pour trouver de quoi le payer en 2025 ! Mais alors l'aide on fait comment ? La Thaïlande a été un exemple (d'une aide ratée d'ailleurs).

C'est simple, on sait que si Bagnaia gagne tout ce qui reste et que Martin finit deux, Martin est champion du monde quand même. Et on a vu quoi en Thaïlande ? Personne ne peut s'entendre sur un départ, mais ça Pecco sait faire. Ensuite, Martin est deux ! Donc le boulot de Marquez est de passer devant Martin pour lui faire perdre de tous petits points mais qui valent de l'or. Le titre peut se faire à un point près ! Ce que fait Marquez, il fait le job, il se glisse entre Bagnaia et Martin. Ensuite, le reste de l'affaire foire, Marquez se met au tas et Martin finit deux. Je sais que certains lecteurs ne partagent pas cette analyse, faite au téléphone et dans une partie de l'Europe avec mes vieux camarades du banc de touche. Sans entrer dans le détail, une évidence, le boulot de Marquez n'est sûrement pas de piquer cinq points à Bagnaia en ce moment. Donc il reste derrière. Mais un pilote de GP en mode attaque qui n'est plus dans son rythme effrayant de GP, c'est perte de concentration et on finit au tas. L'histoire retiendra une lutte et tant mieux, mais pas forcément comme on l'imagine... J'ai le souvenir que le cas est arrivé à Senna, à Monaco en plus, son jardin, c'est une des très belles histoires de la F1 que j'ai pu vivre en direct, je la raconte ci-dessous à ceux que ça intéresse, car c'est un grand moment de racing. J'y ai pensé quand j'ai vu Marquez se mettre par terre, ce qu'il n'a évidemment pas fait exprès. Et ce qui a bien arrangé Martin qui était trois mais loin, qui termine deux et donc mission accomplie. Il reste quatre courses. On verra bien si je me fiche dedans avec ma bande de potes dopés à la compète.

Monaco c'est le jardin de Senna, il habite la ville. C'est aussi son jardin sportif, il a gagné six fois et Prost quatre, dix à eux deux ! Lors du GP 1988, le paulista (de São Paulo) Senna est dans une forme éblouissante, il colle carrément plus de quarante secondes à Prost ! On est à quelques tours de la fin, c'est joué. Sauf qu'il y a dans la montée de Beau rivage, après Sainte-Dévote, un grand écran, on sait que Senna (et les autres d'ailleurs) le regardent, on voit ce qui se passe devant ou derrière... Le stand de Senna lui a bien signalé l'avance énorme dont il dispose, il constate alors que Prost claque un tour record, pas compliqué, les réservoirs sont vides. Mais ça sert à quoi ? En plus le stand McLaren a demandé à Senna de lever un peu le pied, bref dans son cockpit, à un rythme d'enfer d'un GP où ça passe au centimètre entre les rails, Senna est perplexe et n'est plus en rythme de course. Et ça ne loupe pas, quand un pilote n'est plus dans son rythme de GP et en plus se demande ce qui se passe derrière, on perd un milliardième de concentration et on tape. Senna s'écrase au Portier (photo ci-dessus, Reddit) juste avant le tunnel... Vexé, il monte directement chez lui et quand je vais au stand demander où il est, personne ne le sait ! Bien plus tard, sur un autre GP, Senna m'a raconté cette histoire comme ça.