Retromobile : Un monde vraiment fou !
Aujourd'hui à 07:10 PM
On vous parle souvent d'Eric de Seynes, aujourd'hui président du conseil de surveillance de Yamaha, poste énorme, il est plus discret sur ses fonctions chez Hermès, dont il est également le président du conseil de surveillance ! Plus discret mais Hermès a créé des modèles phares des deux marques, qui sont sur le stand. Et l'effet est d'une rare élégance... Etonnant une auto trône sur le stand ! C'est que dans la famille d'Eric, un ancêtre lyonnais a créé la marque Cognet De Seynes, il en reste deux exemplaires, la fabrication artisanale a cessé en 1956, dévastée par l'apparition de la production de masse. A côté de cette belle histoire familiale, figurent les motos du père d'Eric, une BMW R 69 S et une Laverda 750 F, on comprend que dès son jeune âge, Eric a été drogué à la moto ! Par thèmes, il présente ses motos préférées. Bon, visiter ce stand en compagnie du propriétaire pourrait être une horreur, il connaît tout le monde mais... il reste avec nous ! On rencontre d'ailleurs Claude Michy, promoteur du GP de France qui nous annonce durant l'épreuve 2025 au Mans une expo des motos de GP françaises et des motos qui ont permis aux pilotes français de gagner des GP ! Donc dans la série compétition de la collec d'Eric, on trouve évidemment une des motos de Sarron, la Kawasaki de Christian Ravel, la Yamaha avec laquelle Jarno Saarinen gagne les 200 miles de Daytona, la Yamaha qui donne à Agostini son dernier titre, le quinzième, en 500... On démarre avec du très lourd...
Après avoir probablement profité de la position de passager sur les motos de son père, Eric achète des petits cubes, certes chez Hermès il y a des sous mais les jeunes de la famille doivent gagner leur argent. Drôle d'ailleurs, un jour, beaucoup plus tard, Eric sera le patron de l'usine Motobécane dans le nord de la France, qui monte de très beaux modèles de la marque Yamaha, pourtant sa mob de jeune est une Peugeot ! Plus chic il est vrai que les bleues de Motobec, Eric a déjà le goût de l'élégance ! On voit aussi sa Kawasaki 100 qui est un petit bijou.... Ensuite on passe à une autre partie de sa vie. Une robe de cuir comme un fuseau...
Est exposée une Virago gantée de cuir qui qui me fait penser à une chanson sublime de Leo Ferré, l'immense « C'est extra »... Hermès a évidemment habillé la moto de son cuir connu dans le monde entier, sans les battages outranciers d'autres firmes de luxe tapageuses... Cuir clair sur cette Virago, cuir plus sombre sur une V Max, moto qui déjà toute seule était une oeuvre d'art, son cuir brun rouge est ... extra ! Eric m'explique que c'est un cuir de buffle skipper, de la vallée de l'Indus, qui passe sa vie dans l'eau, sa peau ne craint pas la pluie... Il doit avoir des cousins au Vietnam, j'ai des souvenirs émus de bubuffle qui sort à peine les naseaux de l'eau et un bout de corne, peinard et pacifique quand la barque en forme d'immense panier glisse au fond de la baie d'Halong terrestre, un des plus beaux coins vus durant mes mille et une vies... En fait la moto ici c'est comme un gigantesque plongeon dans l'âge d'or...
Deux parties d'émotion absolue dans l'expo, avec la fabuleuse histoire de Yamaha en rallye raid, les obsessions de puissance de son PDG français Jean Claude Olivier, les réussites de Stéphane Peterhansel dont la moto est évidemment sur le stand. Pas loin se trouve la Moto du team GMT 94 (trois fois champion du monde d'endurance avec Yamaha) Eric s'est beaucoup impliqué dans ces épreuves, impliqué perso, vraiment, en 2014, pour le premier titre, il est pratiquement coach sportif du team... Ils n'avaient aucune chance alors comme c'était impossible ils l'ont fait, les grandes histoires d'hommes sont comme ça. On voit aussi une moto phénomène, celle du Français Romain Febvre qui apportera à la France son unique titre en cross 500/MXGP. C'est en 2015, même remarque que ci-dessus, c'était impossible un Français champion du monde dans cette cylindrée, ils l'ont fait. Et l'histoire se répète avec Quartararo, seul champion du monde français en 500/MotoGP en 2021, impossible mais ils l'ont fait. Toujours en 2021, Razgatlioglu est titré en WSBK, un domaine dans lequel Eric de Seynes est très décisionnaire pour la marque Yamaha dans le monde. A part ça, dès lundi prochain il sera à son bureau pour vendre des scooters, il sait faire aussi d'ailleurs, c'est quand même génial de se dire que dans la moto française il y a un mec, un vrai mec, comme lui...
Je suis resté au Hall 2, avec les motards et les motos. J'ai évidemment regardé de somptueuses automobiles mais surtout pas les prix... Déjà les motos parfois c'est limite mais bon, j'avais qu'à faire banquier ! Vu un truc étonnant chez le préparateur Godet, une Vincent Café Racer totalement neuve, fabriquée à la main, sur le modèle historique, moteur 1330 cc, 100 cv, qui coûte 104 000 euros. Me revient le souvenir de Marcel Seurat, pape de l'enduro français (c'est lui qui a mis le pied à l'étrier de Peterhansel) détaillant séquence par séquence sous peine de ne pas partir, comment pousser et démarrer sa 1000 Vincent en compète, la moto alors la plus rapide du monde vendue dans le commerce... Chez Triumph, la vraie Bonneville, d'une élégance très angliche, la T100, celle des années seventies, ainsi nommée car elle passait 100mph, 160 km/h... Sur le stand Gold Wing, la première superbe, de 1976, pas loin de cinquante berges, quatre cylindres à plat, 1999 cc, 180 cv et un poids de 290 kg, on avait osé et on imagine qu'elle est devenue culte... Et pour finir sur le stand Charlot, des Quat' pattes Honda 750, mon petit cœur a encore fait un bond... Entièrement restaurée elle coûte 20 500 euros. Sensations de pilotage jamais retrouvées ailleurs... Quelle époque !