Droits de douane américains : comment l'Union européenne va-t-elle réagir ?
Hier à 04:15 AM
Face aux projets de droits de douane de Donald Trump, l’UE anticipe des mesures de rétorsion ciblées. Les exportations automobiles pourraient être durement touchées. Bruxelles mise sur des contre-attaques économiques tout en laissant la porte ouverte à des négociations. Le spectre d’un conflit commercial prolongé plane sur les relations transatlantiques.
Une menace douanière qui pèse sur l’industrie automobile européenne
Les déclarations de Donald Trump sur de possibles nouveaux droits de douane américains agitent les milieux économiques européens, et l’industrie automobile est en première ligne. Le président américain, qui devrait préciser ses intentions ce mercredi, semble décidé à rééquilibrer la balance commerciale avec l’Europe. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les entreprises européennes exportent bien plus de marchandises vers les États-Unis que l’inverse. En 2024, par exemple, les exportations allemandes vers les USA ont atteint 161,4 milliards d’euros, contre 91,4 milliards dans l’autre sens. Pour Trump, cette asymétrie justifie des mesures fortes, potentiellement sous la forme de taxes allant de 20 à 25 % sur tous les produits importés d’Europe !
Pour les constructeurs automobiles allemands, piliers de l’économie européenne, l’impact serait immédiat. BMW, Mercedes-Benz ou Volkswagen, qui réalisent une part importante de leurs ventes outre-Atlantique, verraient leurs coûts grimper en flèche. Une taxe de 25 % rendrait ces véhicules bien moins compétitifs face aux modèles américains. Une hausse des droits de douane ne ferait qu’augmenter la pression sur ces constructeurs, les obligeant à repenser leurs chaînes d’approvisionnement ou à absorber des pertes importantes. Mais l’automobile n’est pas seule dans le viseur. D’autres secteurs, comme la pharmacie, où l’Allemagne exporte près d’un quart de sa production vers les États-Unis, ou encore les semi-conducteurs, pourraient aussi être ciblés. Si Trump opte pour des taxes sélectives plutôt qu’une mesure générale, ces industries deviendraient des pions dans un jeu commercial à haute tension.
Quelle riposte ?
Face à cette offensive américaine, l’Union européenne ne compte pas rester les bras croisés. La Commission européenne peaufine des contre-mesures destinées à frapper là où ça fait mal. Dès la mi-avril, des taxes sur des produits américains, comme le bourbon, les jeans ou les motos, seront réactivées. Cette décision est une première étape. Mais Bruxelles garde d’autres cartes en main, promettant des réponses à "effet maximal"sans dévoiler les détails pour brouiller les calculs de Washington. Des voix s’élèvent aussi au Parlement européen pour viser les entreprises de la tech’ américaine. Bernd Lange, président de la commission du commerce, évoque des taxes sur les services numériques, qui toucheraient des entreprises comme Google, Amazon ou Netflix.
Le président américain, qui devrait préciser ses intentions ce mercredi, semble décidé à rééquilibrer la balance commerciale avec l’Europe.
En parallèle, l’Europe prépare le terrain pour des pourparlers. Parmi les options sur la table : des réductions de taxes sur les voitures américaines ou des accords pour importer davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) et de produits agricoles en provenance des États-Unis. Ces concessions pourraient apaiser Trump et éviter une escalade. Pourtant, même en cas de négociations, personne ne s’attend à un retour au statu quo. Le scénario le plus sombre – un conflit commercial durable – reste dans tous les esprits, avec des conséquences lourdes pour les deux économies. Pour l’industrie automobile européenne, déjà sous tension avec la transition vers l’électrique et la concurrence chinoise, ces incertitudes s’ajoutent à un tableau déjà très complexe. Les constructeurs devront peut-être accélérer leur diversification ou renforcer leur présence sur d’autres marchés pour amortir le choc.
