Interview, Alexis Masbou à Carthagène (1/2) : « Le prochain Français en Grand Prix ? Il est peut-être ici »
01/04/2025 06:30 AM
Que seraient les jeunes de l’Équipe de France sans leur coach ? Le mois dernier à Carthagène, l’ancien pilote des Grands Prix, Alexis Masbou, encadrait les trois jeunes représentants français en ETC (David Da Costa, Gabriel Pio et Enzo Bellon), dans le cadre de sa reconversion en tant que coach pour la Fédération Française de Moto (FFM). Nous en avons profité pour l’interroger sur son rôle au sein de la structure, ainsi que sur les projets qu’il mène à titre personnel depuis son retrait du Moto3, après plus de dix années de carrière.
Coach de toutes les générations, et toujours un peu pilote, Alexis Masbou alterne entre différentes casquettes depuis son retrait de la compétition à haut niveau en Moto3, à la fin de la saison 2016. Le Français apprécie désormais transmettre son savoir aux plus jeunes, dans le but de former les champions de demain.
À Carthagène, nous avons essayé de mieux cerner son job au sein de la Fédération, mais aussi ses ambitions. Sans oublier de poser des questions quant aux échéances concernant les futurs Tricolores en championnat du monde.
Bonjour Alexis Masbou, pour ceux qui ne savent pas que tu travailles pour la Fédération, décris nous ce que tu y fais depuis maintenant quatre ans ?
Depuis 2021, je suis un des entraîneurs de la filière vitesse. Je m’occupe principalement du collectif OGP (Objectif Grand Prix. Ndlr), avec les pilotes Pré-Moto3 et NSF. Je suis aussi l’entraîneur de l’équipe de France, avec trois pilotes qui sont soit en European Talent Cup, ou en Moto3 Junior. J’ai souvent été dans cette recherche de la perfection. C’est un peu la continuité grâce à la fédération. On se rapproche du professionnalisme d’aunes sports, avec la préparation psychologique et neurologique notamment. On n’en est qu’au début chez les jeunes en moto.
C’est important pour toi d’encadrer la nouvelle génération ?
Encadrer, mais surtout transmettre mon expérience, c’est quelque chose que j’apprécie depuis très jeune. J’aimais déjà le faire quand j’étais pilote : parler technique, échanger, et essayer de trouver les meilleures solutions pour aller vite. Donc j’ai créé mon école pour transmettre, et puis la Fédération m’a contacté en 2021 pour aider la jeune génération. Forcément, avec mon expérience des petites cylindrées, je m’y retrouve bien. J’arrive souvent à les guider, que ce soit en technique sur la piste, ou avec les techniciens. L’idée, c’est de les mettre dans les meilleures conditions possibles, pour qu’ils emmènent le meilleur bagage technique pour la suite.
L’initiative de Johann Zarco, c’est une super opportunité pour eux…
Je n’ai pas la date exacte, mais je pense que depuis que je suis arrivé, Johann parraine, ou veut en tout cas aider le projet que la Fédération a mis en place. Comme on le disait tout à l’heure, c’est quelqu’un qui aime beaucoup partager aussi. Donc dès qu’il le peut, comme ici à Carthagène, il partage la piste avec les jeunes. Il essaie de venir au moins une fois par an avec les collectifs pour partager son expérience. Forcément, c’est important pour de jeunes pilotes, d’avoir des pilotes comme Johann Zarco comme référence. Il leur montre que ce n’est pas si simple. Quand on est au début de sa carrière, on se dit souvent qu’une fois arrivé en MotoGP, c’est bon. Le boulot est fait, on a le niveau. Mais Johann, c’est le genre de pilote qui montre que ce n’est pas du tout le cas. Quand on est en MotoGP, il faut continuer à travailler. Les autres n’arrêteront pas de vous pousser dans vos retranchements.
Ses conseils ne se limitent pas à la science du pilotage…
Non, et c’est le genre de message que je trouve important de passer aux jeunes. Et c’est plus impactant quand ça vient d’un pilote qui est encore au meilleur de sa carrière, au plus haut niveau du mondial moto. Ça a d’autant plus de valeur. C’est presque plus important que de le voir rouler sur la piste. Leur rappeler que dans deux ou trois ans, ils seront peut-être au top niveau, mais ce ne sera que le début de leur nouvelle carrière. Il faut toujours garder en tête que ça ne s’arrête jamais.
Ça les galvanise de se sentir soutenus par un pilote de MotoGP ?
Ça les galvanise, ça les stresse. On peut voir ici, que dès qu’il y a Johann, ils ont une attente d’eux-mêmes un peu plus importante. Ils sont peut-être plus durs avec eux, ou en tout cas, ils veulent donner la meilleure impression possible.
Quand Johann parle tout le monde se tait…
Exactement, et puis Johann aime beaucoup parler (rires). Il prend le temps avec eux, et ils écoutent. Mais c’est le genre de discours que je leur rabâche toute l’année, donc ils y sont préparés ! Je pense qu’on a un discours assez similaire avec Johann par rapport à tout ça. Ils ont cette chance que beaucoup de pilotes s’impliquent dans leur carrière. Il y a beaucoup de gens qui veulent aider à former cette nouvelle génération. Et je peux le dire, en quatre ans, j’ai vu beaucoup de choses se mettre en place, et la nouvelle génération de vitesse est en train de se forger. Même si on ne le voit pas encore au très haut niveau, il y a des pilotes qui arrivent.
Il n’y a pas que les jeunes qui en profitent, Johann Zarco aussi ?
C’est bien pour les jeunes, mais je pense que c’est aussi bien pour Johann. Il peut discuter avec les jeunes autour de lui, et ça apporte de la fraîcheur. Valentino [Rossi] avait fait la même chose, en mettant plus de jeunesse autour de lui. C’est important, parce que je vois qu’avec eux, on travaille des choses que je ne travaillais pas du tout à mon époque, au niveau du pilotage. On est déjà en train de modeler le futur pilotage du Moto3, et du MotoGP. Je pense que ça inspire aussi Johann, de voir ce que les jeunes sont en train d’inventer pour les surclasser. On le voit avec Acosta en MotoGP, il invente plein de nouvelles choses.
Tu te vois faire ça encore longtemps ?
Ça me plairait bien. Mais le plus intéressant pour moi, après avoir fait ça pour les jeunes, ce serait de former d’autres coachs. Que d’autres puissent prendre le relais. C’est un cycle, comme quand j’étais en Grand Prix. Il faut préparer la suite, et c’est toujours bien qu’il y ait de la jeunesse. Mais bon, après ça tourne.
L’an dernier, tu avais promis un pilote en Grand Prix au bout de trois ans…
Ça va, je suis encore dans les temps (rires). Je ne suis pas le seul à décider. Mais je pense que d’ici deux ou trois ans, on pourrait voir les premiers faire la transition vers les Grands Prix. Ils sont même peut-être là (À Carthagène. Ndlr). Chaque année, on essaie de les emmener de plus en plus loin.
Rendez-vous demain à 12h30 pour découvrir la deuxième partie de notre entretien avec Alexis Masbou, consacré à la suite de son parcours en Endurance…
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