Parlons MotoGP : Brad Binder menacé ?
01/01/2025 02:30 PM
C'est l'heure du bilan, mais avant tout, bonne année et bonne santé à vous ! Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l'issue de la saison 2024, aujourd'hui, au tour de Brad Binder. Une bonne partie de l'hiver durant, nous allons remonter le classement à l'envers, jusqu'à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C'est parti !
Hier, nous sommes revenus sur le cas de Pedro Acosta ; cliquez ici pour retrouver l'article correspondant.
Pareil, mais pas tout à fait
Brad Binder est l'un des cas les plus intéressants en MotoGP. Ses saisons ne se ressemblent pas le moins du monde d'une année à l'autre. En 2022, il avait opté pour une philosophie conservatrice, en jouant sur la régularité et en chutant peu. En 2023, Brad avait décidé d'attaquer à outrance, à chaque fois sur le fil du rasoir, ce qui avait payé du point de vue comptable. En 2024, il a réalisé une saison hybride, reprenant la régularité dans la performance de 2022, mais aussi et malheureusement, les erreurs de jugement notées en 2023.
Sa campagne était plutôt réussie, et sans doute frustrante. À la cinquième place du championnat, il est dans un espèce d'entre-deux vicieux. C'est le « meilleur des autres », le pilote non Ducati le mieux classé, mais terriblement loin du quatrième, Enea Bastianini. Il termine quelques points devant Pedro Acosta, mais 186 unités derrière « Bestia ». En somme, il ne pouvait pas faire beaucoup mieux. Sur ce point, c'est une réussite.
Cependant, je ne suis pas non plus fasciné par le Sud-Africain. D'abord, il n'a pas oublié l'agressivité en 2023. À plusieurs reprises, il a tenté ses fameux blockpass dont tout le monde, je crois, se passerait bien. Il est très difficile à doubler, et c'est une bonne chose, mais personnellement, je n'apprécie pas son style. D'ailleurs, Pecco Bagnaia et Marco Bezzecchi en ont fait les frais à Jerez en Sprint, suite à une énorme erreur de jugement.
Puis, ça n'a pas vraiment payé. Hormis cette première manche au Qatar durant laquelle il compila deux deuxièmes places, il n'est jamais retourné dans le top 3, que ce soit en Sprint ou en Grand Prix. C'est assez incroyable pour un pilote du niveau de Brad Binder, et décevant, aussi. L'année dernière, il disputait des victoires à Jorge Martin et Pecco Bagnaia, alors que cette saison, il eut toutes les peines du monde à contenir Pedro Acosta qui jouissait du même matériel. Dès lors, des questions se posent.
L'homme de la situation ?
Jamais KTM n'avait opposé de pilote aussi fort que Pedro Acosta à Brad Binder en MotoGP. J'en avais fait mention au début de saison, précisant que le véritable test arriverait en 2024 pour le prodige. Et les conclusions font mal. Sur une moto réputée difficile à apprivoiser, Acosta, un crack également, a largement rivalisé avec Binder. Le pire, c'est que je pense que Pedro avait de la marge sur le plan comptable au vu de son grand nombre de chutes. Mine de rien, Binder est tombé 19 fois (cinquième plus grand total sur la grille) mais cela ne révélait pas une vitesse intrinsèque impressionnante comme ce fut le cas pour Acosta. De la même manière, les très bons résultats d'Acosta en qualifications montrent que la KTM RC16 est capable d'aller vite sur un tour, et pourtant, Binder n'y arrive pas.
Forcément, il était plus difficile de constater ses lacunes face à Pol Espargaro, Augusto Fernandez et Jack Miller, vous l'aurez compris. Mais la révélation Acosta, qui n'a pas, à mon sens, réalisé une saison exceptionnelle non plus, montre que Binder n'est peut-être pas l'homme de la situation.
Autre point qui frappe, ses sorties dans les médias. De tous les pilotes de pointe, Binder est sans doute le plus discret, le plus effacé. Acosta, lui, a directement pris le taureau par les cornes – sans mauvais jeu de mots – en alertant sur la situation à Mattighofen. C'est comme si Pedro était déjà assez mature pour endosser ce programme dont le futur est assez flou, comme si Acosta, en un an à peine, était devenu la face de KTM, faisant oublier, par sa présence, sa vivacité et sa fraîcheur, quatre années de labeur signées Brad Binder. Le Sud-Africain, prodige lui aussi, n'a pas franchement fait passer KTM dans une autre dimension depuis qu'il est le clair n°1 sous le auvent autrichien. Sans minimiser son importance, il semblerait que l'homme de la situation, s'il existe, soit espagnol.
Conclusion
Je ne vais rien vous cacher, Brad Binder ne compte pas parmi mes pilotes favoris. J'ai dû mal avec ce qu'il dégage, avec son image, avec son style de pilotage aussi. Mais dans cette rubrique subjective, j'essaie, malgré tout – et bien que bon nombre d'entre vous peinent à le croire – d'employer des arguments objectifs. Et je crois ne pas mentir en affirmant que Binder, très talentueux pilote s'il en est, n'a pas le charisme, la gouaille ou la vitesse d'un Pedro Acosta, référentiel dur mais logique et légitime. Sa saison était correcte, bien sûr, car il ne pouvait pas faire beaucoup mieux, mais ses excès de discrétion et ses excès tout court jouent désormais contre lui.
Je suis curieux de savoir si vous partagez mon avis concernant Brad Binder, alors, dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l'entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : KTM
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