Parlons MotoGP : Pecco Bagnaia a raté son rendez-vous avec l'histoire
01/04/2025 02:30 PM
C'est l'heure du bilan. Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l'issue de la saison 2024, aujourd'hui, au tour de Pecco Bagnaia. Une bonne partie de l'hiver durant, nous allons remonter le classement à l'envers, jusqu'à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C'est parti !
Hier, nous sommes revenus sur le cas de Marc Marquez ; cliquez ici pour retrouver l'article correspondant.
Tortueuse question
C'est inédit. Jamais un pilote vainqueur à onze reprises sur une saison avait perdu le titre mondial. Bagnaia, le grand perdant de 2024, ne sera pas oublié pour autant. Sa saison, à la fois belle et tragique, n'a pas été récompensée par les dieux du MotoGP. Il est temps de se pencher dessus. Tout d'abord, il est assez difficile de dire si elle fut vraiment ratée ou réussie. Étant donné que rien n'est tout noir ou tout blanc, autant répondre gris, mais j'ai la ferme impression que ça ne suffit pas. On ne peut être que tranché. Je ne vois pas comment il ne peut pas en garder un goût amer.
C'est complexe à analyser pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que l'écart de dix points entre lui et Jorge Martin est trompeur : en réalité, ces dix points étaient quasiment insurmontables au vu de la régularité dans la performance du « Martinator ». L'Espagnol, tard dans la saison, n'était pas moins fort qu'au début, ou qu'au milieu. Je pense que s'il y avait eu un Grand Prix en plus, par exemple, il aurait quand même gagné. D'un autre côté, quand on regarde attentivement toutes les occasions ratées par Bagnaia et ses onze victoires, on se dit que ce n'est rien.
Martin a longtemps mené, d'une main de maître d'ailleurs. Bagnaia était sensiblement meilleur, comme le prouve son nombre de succès. L'un a été plus régulier, et l'autre, plus rapide, et il est rarissime, dans l'histoire, que le plus véloce ne l'emporte pas.
Un défaut simple
S'il est parfois difficile de trouver ce qui a manqué à un pilote pour grappiller une ou deux places au classement, il est facile de dire où sont ces dix points : dans les bacs à graviers. Bagnaia a juste trop chuté, voilà tout. Certes, je dirais aussi qu'il n'a pas eu de chance ; et c'est là quelque chose qu'on ne voit nulle part. Personne, dans les médias, n'ose parler de chance, comme si c'était une insulte à Jorge Martin et que tout devait s'expliquer. Moi, je l'affirme, Bagnaia a manqué de réussite. Que ce soit avec Marc Marquez au Portugal, avec Alex Marquez à Aragon, ou avec Brad Binder sur le Sprint à Jerez, modifiez la trajectoire de dix centimètres d'un des pilotes mentionnés et vous avez peut-être un autre champion.
Contrairement à l'année dernière, Jorge Martin, lui, n'a rien subi de tel, et à l'inverse, Bagnaia avait eu énormément de chance, notamment à Barcelone. Mais la chance fait partie intégrante du sport, il faut savoir l'accepter et la provoquer, notamment en ne se mettant pas dans des situations délicates. Ceci n'enlève rien à mon postulat précédent : le sort a une influence qu'il serait inconscient de négliger. Qu'il se soit fait percuter, ou non, trahir par sa mécanique, ou non, Bagnaia a laissé trop de points face à un adversaire aussi régulier que Jorge Martin. C'est la limite de sa philosophie d'attaquant révélée au grand jour ; personnellement, je ne la pensais pas atteignable, à tort. Je ne voyais pas ce pilote si magnifique perdre, même si ça ne pouvait arriver que de cette manière.
Conclusion
À vrai dire, j'avais déjà longuement parlé de Pecco Bagnaia suite au dernier Grand Prix de la saison, dans une analyse que je vous invite à retrouver en cliquant ici. En conclusion, je dirais que cette année ne lui a rien fait perdre de sa légende, et même si le résultat est sans doute très amer pour lui – perdre face à un rival dans une écurie satellite est un comble –, l'histoire ne l'oubliera pas pour autant. J'ai toujours, deux mois plus tard, la conviction qu'il a perdu le titre tout seul. On peut lui reprocher de trop souvent tomber, d'accord, mais il ne pourrait pas gagner onze Grands Prix s'il ne repoussait pas ses propres limites si souvent. C'est le propre des grands, et c'est arrivé à d'autres avant lui. L'année prochaine viendra un défi plus grand encore, et il sera intéressant de voir comment il l'aborde.
Qu'avez-vous pensé de la saison de Pecco Bagnaia ? Dites-le moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l'entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport
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