Parlons MotoGP : Mettez du respect sur Fabio Di Giannantonio !

Hier à 03:30 PM

C'est l'un de mes héros actuels. Malchanceux jusqu'au bout des ongles, Fabio Di Giannantonio mérite beaucoup de respect pour les exploits qu'il réalise en étant blessé, et ce, depuis la mi-saison MotoGP 2024. L'Italien s'est encore illustré avec un top 5 héroïque en Argentine ; un résultat acquis dans les derniers instants dont on ne parlera bientôt plus, mais qui mérite amplement un article.

Discret, mais tellement fort

Le premier mot qui me vient à l'esprit quand j'évoque le cas Di Giannantonio, c'est « discrétion ». C'est vrai qu'on l'entend rarement depuis ses débuts en 2022. Il a bénéficié d'un grand coup de projecteur à la fin de la saison 2023 lorsque sa carrière MotoGP était en péril, mais depuis, il faut assidûment suivre les Grands Prix pour apprécier sa force de caractère. Ce n'est pas un pilote bankable, ce n'est pas quelqu'un qui se pavane sur les réseaux sociaux, qui étend sa vie et joue au mec sympa. Et c'est ce qui me fait l'aimer d'autant plus.

Cela ne veut pas dire qu'il manque d'ambition ou qu'il ne fait rien des quelques années qui lui sont allouées au plus haut niveau. « Diggia » a les dents qui rayent l'asphalte. Petit retour en arrière pour comprendre le bonhomme : en 2024, alors qu'il venait d'appréhender sa Desmosedici GP23, il s'est blessé en Autriche, de manière assez malchanceuse. Tous les pilotes ne me touchent pas de la même manière, mais il est évident qu'une visite à l'hôpital est toujours regrettable ; cependant, je trouve cela encore plus injuste pour ceux qui ne jouent pas constamment avec les limites. Di Giannantonio tombe très peu et, pourtant, est souvent blessé. Malgré cette gêne majeure à l'épaule, il continua de progresser, jusqu'à accrocher un magnifique top 4 en Thaïlande l'année passée, sous la pluie.

Il prit la lourde décision d'arrêter sa saison en cours pour préparer l'exercice 2025, et se blessa de nouveau à Sepang, en essais, suite à un wheeling. Il serait facile de se moquer, mais je ne crois pas qu'on puisse méjuger la passion d'un homme qui voulait simplement s'amuser. Comme l'a très justement dit son employeur, Uccio Salucci, « les pilotes naissent en faisant des wheelings ». Cela m'attriste que les divinités du MotoGP l'aient ainsi puni à quelques heures seulement d'une saison qu'il préparait depuis des mois.

Clavicule cassée ou pas, il faut y aller, il n'a plus le choix. Le Grand Prix de Thaïlande fut très difficile ; la chaleur harcelait sa clavicule cassée, un mal qui prend une éternité à se dissiper tant cet os est mis à contribution en MotoGP. Le fait qu'il bénéficie de la seule GP25 non officielle n'y change rien, après tout. Impossible de le blâmer.

What a battle between @AiOgura79 and @FabioDiggia49 for 7th! 🔥#ArgentinaGP 🇦🇷 pic.twitter.com/OlANGtCtbW

— MotoGP™🏁 (@MotoGP) March 16, 2025

La détermination l'emporte sur la douleur

Puis vint ce Grand Prix d'Argentine, deux semaines plus tard, sur une piste que l'on sait contraignante. Malgré la douleur intense, il n'a pas arrêté d'y croire et c'est ce qui est beau. Le vendredi, il acheva la Practice deuxième, ce qui est un petit exploit : croyez-le ou non, c'est la première fois cette saison qu'un pilote sépare les deux frères Marquez au sommet de la feuille de temps sur les séances les plus importantes (Practice, qualifications, Sprint et Grand Prix). Il acheva la Q2 en sixième place, et le Sprint au cinquième rang. Soulagé, mais torturé par la douleur, incessante, impossible à oublier même en se concentrant sur son pilotage.

Le samedi soir, il fit une déclaration que je ne suis pas prêt d'oublier. Alors qu'une course deux fois plus longue l'attendait le lendemain, avec, sans doute, un Johann Zarco plus en forme, « Diggia » afficha une ambition en acier trempé : « Je crois que je peux être l'outsider. Les leaders devraient être inquiets ». Imaginez le courage qu'il faut pour dire un truc pareil avec une clavicule en vrac, face à ces frères Marquez et ce Bagnaia. C'est comme s'il voulait faire un pied de nez à sa douleur. Je trouve ça magnifique ; poétique, presque.

Et le pire, c'est que l'issue du Grand Prix ne le rend même pas ridicule ! Parti sixième, on l'a vu un moment à la bataille avec Binder et Ogura. Puis, il se rapprochait de Johann Zarco, inlassablement. Le Français a beau être sur une Honda, il reste un client sérieux. « Diggia » n'a rien lâché, a puisé dans ses dernières ressources pour remonter. Il ne lui restait que la moitié d'un tour pour le doubler, et, malgré la différence de matériel, le contexte présenté dans la première moitié de cet article vous montre qu'il était loin d'être dans une position de force. D'ailleurs, sa douleur le déconcentrait, à tel point qu'il oubliait parfois de désactiver le ride height device.

Tout le monde s'attendait à un dépassement dans le virage n°13, une espèce d'épingle ouverte à droite, qui est généralement choisie pour les ultimes tentatives. Mais l'Italien avait étudié son adversaire. Il savait que Zarco était en proie à des vibrations dans le n°11, un long gauche rapide très difficile à négocier à deux. C'est là qu'il a piqué le Honda boy, qui ne pouvait rien faire du tout. Magnifique, du grand art.

Savez-vous ce qu'il a dit après l'arrivée ? « Je ne peux pas être satisfait, car je voulais terminer dans les trois premiers ». Blessé et après une telle prestation, il n'est pas content de terminer derrière les intouchables frères Marquez, son coéquipier, et un triple Champion du monde du nom de Pecco Bagnaia. Comment ne pas l'aimer ?

Conclusion

Je suis désolé d'être aussi biaisé, mais je tenais à vous partager mon amour pour ce pilote. C'est un outsider à proprement parler, que l'on apprécie à sa juste valeur uniquement si on suit et connaît cette discipline. J'espère sincèrement qu'il pourra goûter de nouveau au succès, car il le mérite.

Qu'avez-vous pensé de cette prestation en Argentine ? Dites-le-moi en commentaires !

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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