KTM se sépare d'MV Agusta ?

Il y a moins d'un an seulement, en février 2024, le groupe Pierer Mobility ajoutait MV Agusta à son catalogue de marque (KTM, Gas Gas, Husqvarna) en devenant l'actionnaire majoritaire du mythique blason italien. Dix mois plus tard, alors que l'industriel autrichien vient tout juste d'annoncer son plan de restructuration juridique auto-administrée très alarmant, on apprend par des sources extèrieurs qu'il serait également en train de se retirer totalement de l'activité du constructeur italien. Nous avons contacté KTM France pour en apprendre plus, mais pour le moment, aucun commentaire n'a été fait et nos interlocuteurs sont toujours dans l'attente d'informations plus précises et surtout officielles. 

Malheureusement, la source de cette nouvelle officieuse et surprenante (mais pas si étonnante au vu des circonstances) est tout ce qui a de plus tangible et fiable. Elle provient d'un des bureaux du syndicat national italien CISL (l'équivalent de la CGT chez nous) chargé des affaires de l'usine de Varèse. Et à travers une publication du 9 décembre dernier, tout à fait officielle, ils font savoir que les représentants de KTM ont rencontré les partis syndicaux du site de producion italien et ont annoncé "qu'MV Agusta n'était plus considérée comme un atout stratégique". De plus, "des négociations sont en cours pour ramener toute la production MV Agusta en interne. Cependant, en raison du règlement en cours, il faudra environ 90 jours pour mettre en œuvre ce plan, avec un calendrier estimé vers la fin du mois mars". En d'autres termes : le groupe Pierer Mobility se retire actuellement des activités commerciales et industrielles d'MV Agusta, dans le but probable et prochain de se séparer -au moins partiellement- de ses actifs chez MV Agusta.

Et cette nouvelle est d'autant plus triste qu'en seulement quelques mois la collaboration entre le groupe Pierer et MV Agusta s'était déjà montrée très vertueuse. Avec l'aide des autrichens, MV a lancé l'Enduro Veloce, un trail plus accessible et plus universel qu'aucune autre MV avant elle. Elle a enfin corrigé tous les défauts d'agrément (et de fiabilité ?) de sa marque, trop récurrents et souvent rédhibitoires pour les nouveaux acheteurs. Autre gros travers du constructeur de Varèse, que la méthode autrichienne commençait à soigner : la gestion des pièces détachées et le service SAV. En rapatriant les entrepôts de stock à Mattighofen, le délai d'approvisionnement des pièces détachées serait passé de 3 mois à 48/72h et grâce à l'espace libéré, une 2ème ligne de production est sortie de sol. En paralèlle, KTM a aidé MV dans son organisation administrative, en divisant la société en trois entités autonomes pour clarifier, fluidifier et optimiser le fonctionnement de la société : MV SPA Factory (pour la partie production), MV Gmbh (pour la partie commerciale) et MV Supplier (pour la partie logistique et B to B). 

L'annonce de cette séparation n'est donc pas réjouissante. Peut-être qu'MV Agusta trouvera un autre acitonnaire, probablement chinois ou indien, en attendant : "Pour 2025, MV Agusta prévoit de produire environ 3 000 motos, le début de la production effective étant prévu pour la mi-mars. En attendant, il sera indispensable d'écouler les quelque 2 000 motos actuellement invendues. Dans le même temps, l'entreprise se concentre sur la formation et le développement pour surmonter les erreurs du passé lorsqu'elle dépendait de sources externes pour ses flux de trésorerie", explique le communiqué de presse de CISL.

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