Parlons MotoGP : Aprilia doit repartir du bon pied

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Il y a une semaine, Parlons MotoGP se concentrait sur l'arrivée de l'ingénieur Romano Albesiano chez Honda. L'Italien, directeur technique d'Aprilia, a aidé la firme à se relancer en MotoGP suite à son engagement à temps complet en 2016. Désormais, la RS-GP est l'une des meilleures machines du monde, mais a comme atteint un plafond de verre quant à son développement. Pour remplacer Albesiano, Aprilia a misé sur un autre transalpin, à savoir, Fabiano Sterlacchini, en partance de chez KTM. Que penser de cette décision ?

 

Un souffle nouveau

 

Dans les commentaires de ma précédente analyse sur Honda, vous étiez d'accord avec moi : selon vous, l'arrivée d'Albesiano est un vrai avantage, même si vous regrettez également la déchéance de l'archipel nippon en matière d'ingénierie. Si on suit ce raisonnement, alors Aprilia est perdante, car elle se sépare de l'un de ses meilleurs éléments. En réalité, je pense aussi que ça peut être une bonne solution.

Fabiano Sterlacchini est-il aussi fort en ingénierie qu'Albesiano ? Connaît-il plus son sujet ? Il nous est impossible de répondre à cette question. À ce niveau de compétition, je pense réellement qu'ils sont tous des monstres assez égaux. C'est surtout la vision du directeur technique qui est importante, bien plus que ses connaissances ou son mode de travail. Et certains spécialistes peuvent échouer dans des écuries qui n'ont pas la même vision, alors qu'un contexte plus favorable peut faire émerger un nouveau venu sans grande expérience. Ça s'est déjà vérifié dans l'histoire des sports mécaniques.

 

KTM perd un bon élément, c’est certain. Mais il n’avait pas radicalement changé la firme autrichienne pour autant. D’ailleurs, KTM s’était tout de même imposé en 2021, alors que c’est loin d’être le cas aujourd’hui. Photo : Michelin Motorsport

 

De deux choses l'une. Premièrement, d'un point de vue purement objectif, Fabiano Sterlacchini a moins d'accomplissements importants en MotoGP qu'Albesiano. Fabiano travaillait pour Ducati sous l'égide de Gigi Dall'Igna jusqu'en 2021, date à laquelle il est parti rejoindre KTM à la surprise générale. Factuellement, la firme autrichienne a progressé entre 2021 et 2024, mais il n'est pas parti de zéro comme Albesiano avec Aprilia. De plus, il est possible de dire, au vu des résultats récents, qu'Aprilia a beaucoup plus avancé que KTM sur la seule période 2021-2024.

C'est pour cette raison que je pense qu'Albesiano est un meilleur choix pour Honda que Sterlacchini n'en est un pour Aprilia. L'un a déjà transformé une équipe, l'autre n'a pas encore eu l'occasion de faire passer une marque dans une autre dimension. Mais les deux pourraient me faire mentir tant leur travail rime avec « compromis », et que, mine de rien, ils n'auront pas les pleins pouvoirs. Ça peut aller dans un sens comme dans l'autre. Ceci dit, Raul Fernandez, qui a déjà travaillé avec Sterlacchini lorsqu'il évoluait chez KTM Tech3 en 2022, n'était pas particulièrement heureux au moment de l'annonce.

Deuxièmement, je pense que Sterlacchini arrive au bon moment car Aprilia était au bout de la vision d'Albesiano. C'est Aleix Espargaro lui-même qui le confiait au Japon : la firme de Noale a touché un plafond de verre, elle ne semble pas pouvoir le dépasser. Maverick Vinales est d'accord, d'autant que la RS-GP souffre encore et encore des mêmes problèmes. Penchons-nous sur ce qu'il faut améliorer, et surtout, pourquoi il faut l'améliorer.

 

Serait-il l’homme de la situation ? Il est inutile de prendre ses résultats chez KTM en exemple : il n’a pas eu assez de temps, et le management a aussi son mot à dire. Photo : KTM

 

Aprilia doit rebondir

 

Massimo Rivola et ses troupes ne doivent pas manquer cette occasion. Avec Sterlacchini débarqueront deux énormes pilotes, Jorge Martin et Marco Bezzecchi. L'un pourrait être champion du monde, c'est dire. Je considère toujours Aleix Espargaro comme un très grand, mais il n'est pas du même acabit que le « Martinator », lui-même ne m'en voudrait pas d'affirmer ceci. Ne serait-ce pas le meilleur moment pour faire des changements techniques attendus de longue date, ou, simplement, voir un projet monté par un seul homme avec de nouveaux yeux ? L'occasion est idéale.

Dernièrement, Aprilia souffre, beaucoup. D'après les témoignages des principaux acteurs, la RS-GP est floue au possible ; personne ne sait vraiment ce qui lui arrive. C'est assez critique, d'ailleurs, surtout sur le plan comptable. Pourtant, Maverick Vinales affirmait avoir fait des demandes cet hiver, mais n'aurait pas été écouté. Peut-être que ces requêtes concernaient la chaleur émise par la moto, qui avait grandement pénalisé l'équipe l'année dernière en Thaïlande, et qui a refait son apparition près d'un an plus tard à Misano ? Ou peut-être était-ce lié aux départs, un véritable problème dans le MotoGP moderne qui n'est toujours pas résolu après deux années de galères, comme l'ont prouvé les deux envols ratés de Vinales au Japon ? Ceci ne concernait-il pas, plus simplement, la fiabilité générale de la machine, qui a coûté un podium certain à « Top Gun » au Portugal ? Nous ne le saurons jamais.

Toujours est-il qu'il y a de quoi faire, et les problèmes persistants cités ci-dessus, connus et soulignés toutes les deux semaines par les officiels, prouvent que le génie d'Albesiano ne suffisait plus. L'arrivée d'un nouveau grand dans ce domaine peut débloquer les choses et enfin faire décoller Aprilia en direction de la galaxie Ducati.

Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de cette question en commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l'entièreté de la rédaction.

 

Il faudra aussi se pencher sur le cas KTM, car il est hors de question de rater le coche en détenant un aussi grand talent qu’Acosta. Photo : Michelin Motorpsort

 

Photo : Michelin Motorsport

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