ETC Interview, Enzo Bellon à Carthagène : « Je vise le mondial Moto3 dès que j'en aurai l'âge »

https://www.paddock-gp.com/wp-content/uploads/2025/01/Interview-Bellon.jpg

Lorsque PaddockGP s’est rendu à Carthagène, en décembre dernier, dans le cadre des essais privés organisés par Johann Zarco, nous avons eu la chance d’échanger avec les membres de l’équipe de France en European Talent Cup (ETC). Après David Da Costa, et Gabriel Pio, notre série d’interviews se poursuit avec celle d’Enzo Bellon, jeune pilote réunionnais plein d’ambition.

Il n’est jamais facile de se faire remarquer lorsqu’on vient d’une petite île, isolée de la compétition moto. Cela n’a cependant pas freiné Enzo Bellon dans son rêve. Natif de l’île de la Réunion, il ambitionne de faire ce qu’aucun n’a fait depuis sa petite île de l’Ouest de l’océan Indien.

Au cours de nos échanges, Enzo nous retrace son parcours atypique, avant de nous faire part de sa détermination à rejoindre les Grands Prix d’ici quelques années seulement.


Bonjour Enzo Bellon, avant de commencer, pourrais-tu te présenter en deux mots pour ceux qui ne te connaissent pas ?
« Je m’appelle Enzo Bellon, j’ai 15 ans, et je suis né à la Réunion. J’ai commencé la moto à 8 ans, sur une 50 PW Yamaha. C’est mon père qui m’a mis à la moto, et j’ai tout de suite accroché. J’ai rapidement commencé en compétition, et à l’âge de 12 ans, je suis parti en Espagne pour faire le championnat de ESBK, en Moto4. L’année d’après, j’ai fait l’ESBK, mais en Pré-Moto3. J’y suis resté pendant deux ans avant d’alterner avec l’ETC sur une 250 NSF. Cette année, j’ai très mal commencé la saison, puisque je me suis cassé le bras, radius et cubitus, durant un entraînement. Les premières courses ont été très difficiles. J’avais du mal. Mais je pense que ça m’a surtout aidé à me préparer mentalement. De savoir que je pouvais le faire, que je pouvais revenir même si c’était très difficile au début de la saison. »

Les compétition moto de vitesse, ce n’est pas commun sur l’île de la Réunion ? Comment tu en es arrivé là ?
« Je suis quelqu’un de très sportif, et je voulais essayer. Mon père m’a proposé d’essayer le motocross, et ensuite, on a commencé à en faire chaque week-end. Quand il était jeune, il en faisait beaucoup à la Réunion. Il était assez doué sur l’île. Au début, je voyais que les autres étaient plutôt dans le Cross ou le Supermotoard, parce que les circuits se trouvent plus dans les villes. Quand j’ai vu que j’étais bon, je voulais aller plus loin. On m’a dit qu’aucun pilote de la Réunion n’était allé loin en moto de course, donc je veux le faire moi-même. Je veux y arriver. Je suis quelqu’un de très motivé, j’ai beaucoup d’envie, et je suis très travailleur. Je m’acharne tant que je n’y arrive pas. On me dit aussi que j’applique vite les conseils que l’on me donne. Je pense que c’est une de mes qualités. »

Enzo Bellon à Carthagène

C’est ton plus gros point fort en tant que sportif, cette détermination ?
« Ça en fait partie, mais je dirais que c’est la concentration. C’est que je recherche de plus avant de monter sur la moto. J’ai toujours ma routine : un bon échauffement, l’hydratation, bien manger et bien dormir. Avant de monter sur la moto, je mets toujours la botte droite. Ce sont des petites choses. Je ne monte jamais sur la moto en ayant rigolé avant, ou en ayant regardé mon téléphone. »

Au contraire, sur quoi penses-tu avoir une marge de progression ?
« Je dirais que je suis un pilote assez bagarreur, mais je n’ai pas encore cette aisance à être sûr de moi. Je suis courageux pour essayer de doubler, mais contre des pilotes plus forts que moi, ou du même niveau, j’ai toujours un peu peur d’y aller, donc je dirais ne pas hésiter. »

En tant que membre de la fédé, où et quand penses-tu avoir été repéré ?
« Il y a trois ans. Je roulais sur des petites motos en ovale. Un jour, avec mes parents, j’ai voulu essayer le championnat d’Espagne en Moto4, et j’ai obtenu de bons résultats. Je pense que c’est de là que la Fédération m’a repérée, et que j’ai pu intégrer l’équipe de France. »

Qu’est-ce que ça t’apporte, d’être un pilote de la Fédération ?
« Ça m’apporte déjà beaucoup d’entrainements, et beaucoup de conseils, avec mon coach, Alexis Masbou. Il me donne de précieux conseils pour être plus rapide en piste. En-dehors des entraînements, ça me permet de rouler avec d’autres camarades. Je suis honoré de faire partie de la fédé. C’est l’équipe de France, et c’est incroyable de faire partie des meilleurs pilotes français, surtout lorsqu’on sait que je viens de ma petite île de la Réunion. C’est compliqué de sortir de cette île, et de se démarquer parmi les Français. Je n’oublie pas d’où je viens, et j’ai envie de montrer aux autres que rien n’est impossible. »

Enzo Bellon et sa machine floquée du n°33

J’imagine que c’est également un honneur de pouvoir s’entraîner avec Johann Zarco, comme c’est le cas ici à Carthagène ?
« Pour l’entraînement, les journées comme aujourd’hui à Carthagène sont super. C’est comme une pré-saison pour moi, ça me permet de me préparer, de reprendre des sensations avec la moto, et de continuer à m’améliorer. Johann nous aide quand il peut. Il faut évidemment aussi qu’il travaille. Mais il donne de bons conseils, qu’on peut appliquer directement sur la moto pour avoir un pilotage plus propre. Je l’avais déjà rencontré il y a deux ans lors d’un stage avec de petites motos organisé par l’équipe de France. Ça m’encourage de savoir qu’un pilote de MotoGP me soutient. »

La fédération, c’est donc comme un accélérateur pour ta carrière. D’ailleurs, quels sont tes objectifs pour les prochaines saisons ?
« Mon objectif, ce serait d’atteindre le Junior GP en Moto3. Ensuite, si j’arrive à me faire remarquer, j’aimerais atteindre le mondial Moto3. J’aimerais y parvenir dès que j’aurai l’âge d’y entrer (Á savoir 18 ans. Ndlr). »

Malgré tout, ta blessure cette année a compliqué les choses. Quel bilan tu tires de 2024 ?
« J’ai eu du mal à me remettre dans le bain. J’ai commencé à reprendre confiance, puis de bonnes sensations avec la moto. Quand j’étais vraiment en confiance, j’ai fait de belles choses, jusqu’à me battre pour la victoire. Il m’a fallu presque deux mois pour récupérer de mon bras. Je pense que si j’avais été là toute la saison, j’aurais pu défendre une meilleure place au championnat. »

Pour terminer, il y a un pilote de MotoGP qui t’inspire pour atteindre ton but ?
« Marc Marquez, c’est un des meilleurs pilotes du monde, multiple champion, et il a fait évoluer le pilotage avec le haut du corps. Ça m’a beaucoup marqué. C’est aussi un pilote qui veut tout gagner, il ne lâche jamais rien. Il n’a pas peur, il y va. Là encore, après les blessures, il fait tout pour revenir et être le meilleur. Ce sont les qualités que j’aimerais avoir, c’est impressionnant. »

Enzo Bellon avec l’équipe de France, et leur coach, Alexis Masbou

 

Cet article ETC Interview, Enzo Bellon à Carthagène : « Je vise le mondial Moto3 dès que j’en aurai l’âge » est apparu en premier sur Paddock GP.

img

Top 5 Moto GP

×